Vidéo / Polémique – M. Assid rappelle à l’ordre les islamistes du PJD sur la question des « relations consensuelles » au Maroc

L’intellectuel Amazigh, Ahmed Assid a mis cette vidéo sur sa chaîne Youtube et qui porte, dit-il, sur un communiqué du Parti de la justice développement ( PJD ), notamment sur le fait que le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi « soit encore maintenu au sein du gouvernement Akhannouch », après le dernier remaniement. Le parti de Benkirane n’a pas caché sa colère à ce propos, dit-il. Et selon ce même communiqué, et le ministre de la Justice aurait fait des déclarations « provocatrices » à l’égard des Marocains en général, « incompatibles avec les constantes de la nation », et qu’il aurait manifesté « une défense acharnée » en faveur des relations consensuelles, et des libertés individuelles. Pour le leadership du PJD, le ministre en question  s’est en outre « moqué d’un hadith » et aurait « manqué de respect » aux Marocains.

Verbatim : « On va analyser chacune de ces allégations et on les discutera calmement.

  • « Tout d’abord le chef du gouvernement a ses propres considérations pour garder M. Ouahbi au sein de son Cabinet, l’État aussi. , M. Ouahbi n’allait pas rester au gouvernement, s’il était incompétent à ce point, si les prétextes du PJD étaient bien fondés. En revanche,  puisqu’il est maintenu dans son poste au gouvernement, cela prouve que ce sont de fausses accusations du PJD.
  • « Déclarations provocatrices à l’égard des Marocains » : cette allégation est fausse, sauf si les frères du PJD insinuent par Marocains : les fidèles du PJD, les frères musulmans et les salafistes du courant religieux extrémiste. En effet, en défendant les libertés individuelles, M. Ouahbi a sûrement touché la fibre sensible des fanatiques religieux qui ne représentent  qu’une petite minorité de marocains et non pas tout le peuple marocain.
  • Par ailleurs, selon le communiqué du PJD, les déclarations de M. Ouahbi seraient « incompatibles avec les constantes de la Nation ». Alors, c’est quoi « les constantes de la Nation ? ». Est-ce que les déclarations de M. Ouahbi sont contraire à la monarchie ? Ou à l’intégrité territoriale du royaume ? Ou contraire à l’Islam du juste milieu, sur lequel l’État se base  pour apporter des ajustements sur certains textes religieux… ?

À ce propos, ces gens du PJD ont oublié que depuis 2011, il y a une 4ème constante qui régit le fonctionnement de l’État, à savoir le choix démocratique, et que le Maroc adhère à ce choix pour bâtir un État démocratique moderne. C’est un choix ayant été énnoncé par la Constitution, et qui inclue les libertés individuelles et collectives. L’État a adopté ce choix démocratique dans sa globalité et assume la responsabilité de la protection des libertés de tous les citoyens marocains, y compris le droit du choix du mode de vie, le droit à l’action syndicale, le droit à l’adhésion aux partis politiques etc…

Par conséquent, le fait de dire que les déclarations de M. Ouahbi concernant les libertés individuelles portent atteinte aux constantes de la Nation, c’est une sorte d’extrapolation et de fanatisme. N’oublions pas qu’il s’agit d’un parti (PJD) qui rassemble des frères musulmans qui sont toujours connus par leur fanatisme.

D’ailleurs, on doit bien faire attention à l’interprétation de ces constantes de la Nation, car pas toute personne qui parle d’une constante a raison. Il faut vérifier comment cette personne interprète une constante idéologiquement et politiquement, car nous nous référons à la Constitution et personne n’a le droit de l’interpréter selon sa propre vision. En outre le Roi Mohammed VI, lors d’un discours adressé au peuple le 01 / 07 / 2011, et ce, après l’adoption de la Constitution, a précisé qu’aucune partie n’a le droit d’interpreter la Constitution en dehors du choix démocratique, ce que le PJD ignore ou plutôt refuse prendre en considération.

En revanche, il (PJD) ne doit pas l’ignorer, puisque c’est un parti politique et non pas un groupe d’individus. Un parti politique est en constante relation avec les composantes de la scene politique, et doit prendre en considération l’importance de la loi suprême qui régit les choix de l’État…

« Ils (les PJDistes) disent qu’ils sont mécontents du fait que M. Ouahbi soit resté au gouvernement, alors qu’il a défendu avec acharnement la question des relations consensuelles.

Où est le problème ? Cela veut dire tout simplement que le ministre de la Justice maîtrise son rôle et fait bien son travail en veillant à preserver les libertés individuelles des citoyens, et ne pas porter préjudice à leur vie privée, puisque les relations consensuelles se passent dans les espaces privés et non pas dans l’espace public. De ce fait, lorsque deux personnes ont eu des relations intimes dans une Mercédès à 7h du matin, et ils ont été arrêtés non pas pour la relation consensuelle qui relève de leur propre droit, mais plutôt pour ce que l’on appelle atteinte à la pudeur publique, puisqu’ils ont été arrêté dans une voiture en plein espace public au lieu d’être dans un espace privé.  C’est acte qui est puni par la loi dans n’importe quel pays dans le monde.

Ces gens du PJD n’ont pas le droit de juger les relations consensuelles. Cette question ne les regarde pas car elle fait partie des choix personnelles liés à la vie privée de chacun, et personne ne doit se mêler de la vie privée de l’autre et de ses choix.

D’ailleurs lorsque le code pénal punit certains actes qui relèvent de la vie privée, il doit être amendé pour ne pas porter préjudice à la vie privée des individus.

Quant à la question du fait que M. Ouahbi s’est moqué d’un hadith, il faut rappeler que nombreux ceux qui critiquent certains hadiths, surtout ceux qui ne correspondent à la Charia (loi islamique) et au Coran, parmi ceux d’al-Boukhari et Mouslim…, ainsi que les hadiths  que religieux ont attribué au Prophète après 200 ans de sa mort, des hadiths qui ne comportent aucune logique et ne correspondent à aucune réalité…d’ailleurs l’Arabie Saoudite qui était le symbole du fanatisme religieux a supprimé 90% des hadiths douteux, et n’a gardé q’une petite partie…

En fait, ce n’est pas M. Ouahbi qui méprise les citoyens mais plutôt le PJD qui veut exercer une autorité sur eux en les traîtant comme des mineurs, et que les personnes sages sont ceux qui choisissent eux-mêmes leur mode de vie et non pas le PJD qui décide à leur place.

M. Assid a évoqué à la fin « les trois points » sur lesquels le PJD doit plutôt se concentrer:

    • d’abord combler sa faille interne et remédier au conflit interne, puisque Benkirane (leader du parti) a fait en sorte de diviser le parti en interne, donc au lieu de publier ce genre de communiqués il doit mettre fin aux conflit au sein du parti;
    • réexaminer aussi les fondements théoriques et idéologiques du parti;
    • revoir sa référence islamique et sa conception de la diligence pour pouvoir aider l’État marocain à avancer et non pas entraver sa marche et ses initiatives …
    • Le PJD doit changer sa façon de penser et sortir de la coquille des frères musulmans et de l’Islam politique pour qu’il devienne un parti national, et doit arrêter définitivement à jouer le rôle du policier des mœurs, et ce n’est surtout pas à lui de montrer aux gens comment ils doivent vivre car cela ne relève absolument pas de sa mission.
    • S’il parle de ses fidèles, c’est son droit et il n’a qu’à nous dire combien ils sont, mais il n’a pas le droit de parler du peuple marocain car personne n’a le droit de parler à la place du peuple marocain. »

Article19.ma