Par Ali Bouzerda
« Si tu ne sais pas lire et écrire, pourquoi gaspiller le contenu de l’encrier ? », chantait souvent, la figure emblématique de la musique chaabi algérienne, Haj M’Hamed El Anka, avant de poursuivre : « Et celui qui n’a pas vu juste, pourquoi ment-il ?»
Cette métaphore est toujours d’actualité et devrait interpeller le locataire du Palais d’El Mouradia et son entourage. Aveuglés par « la folie des grandeurs » ou plutôt par « la folie du gaz et du pétrole », ils refusent de consulter la vraie Histoire du Sahara marocain et de regarder la réalité en face. Et malheureusement, moins encore, de tourner la page des hostilités afin d’écrire une nouvelle page de paix, de concorde et de fraternité maghrébine.
Un fait incontestable qui n’échappe à personne : sous le règne de Mohammed VI, le Maroc a consolidé les acquis de la glorieuse Marche Verte. Une marche pacifique vers le Sahara de 350.000 hommes et femmes, initiée en 1975 par le roi Hassan II et qui a mis fin à des décennies de colonisation espagnole. Une colonisation soutenue à l’époque par l’une des puissances coloniales, la France. L’opération militaire répressive conjointe franco-espagnole « Écouvillon » contre l’Armée de libération nationale marocaine est toujours présente dans les mémoires des habitants de nos provinces du Sud.
Toutefois, un demi-siècle plus tard, en ce mois de juillet 2024 marquant le 25ème anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI, le président Emmanuel Macron a saisi l’occasion pour rompre avec la position traditionnelle « mi-figue, mi-raisin » de la France concernant la souveraineté marocaine sur le Sahara « dit-Occidental ».
Macron, dans une lettre officielle au roi du Maroc, a annoncé son soutien inébranlable au Plan d’autonomie, tout en affirmant que le présent et l’avenir du Sahara «s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
« Notre soutien au Plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. Il constitue désormais pour la France la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée, conforme aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies », lit-on dans la lettre adressée au monarque et dont la terminologie est précise et sans équivoque.
Cela marque bien évidemment un changement significatif, tant attendu, dans la position de la France sur cette question « existentielle ». Cette prise de position a été saluée par le roi Mohammed VI, qui a exprimé son appréciation pour le soutien de la France.
Partenaire stratégique du royaume de longue date, la France s’est rendue (tardivement) à l’évidence, qu’il était temps d’être du bon côté de l’Histoire.
Les médias internationaux, y compris Reuters, la BBC et le New York Times, ont relevé à cette occasion, que la décision prise par la France, membre permanent du Conseil de Sécurité, est « un tournant historique » dans la recherche d’une solution juste et durable à ce conflit créé de toutes pièces par le voisin algérien, et qui n’a que trop duré.
L’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara, a de son côté changé de position et soutient dorénavant le Plan d’autonomie sous souveraineté marocaine.
Pour rappel, en 2020, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, a reconnu officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara, suivis plus tard par Israël. Les monarchies arabes soutiennent également la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud où 28 pays, pour la plupart africains et arabes, ont ouvert des consulats. En un mot, « un soutien tangible ».
Cependant, il faut souligner que le temps est venu pour que d’autres partenaires du royaume comme la Grande Bretagne et la Chine suivent l’exemple de Washington et Paris. Par ailleurs, l’ONU doit assumer sa responsabilité en suivant le mouvement et procède au retrait de ce dossier de la 4ème Commission de l’Assemblée Générale.
In fine, et pour ne pas oublier, revenons au chanteur algérien El Anka : « Il est venu en colère pour me provoquer, et je lui ai dit : mets-toi debout si tu es un homme d’honneur et montre moi d’où te vient cette arrogance ? »
J’ajouterais de ma part, « d’où te vient cet aveuglement et cette méchanceté » à l’encontre du Maroc?
L’éminent historien marocain, Abdallah Laroui a apparemment trouvé une explication très instructive, inscrite dans ses Carnets Covid : « Le Maroc a toujours pensé que ceci (faire cesser la contestation du pouvoir à Alger) passait par un accord avec l’Algérie. Or il est clair que celle-ci a intérêt à faire durer le conflit même s’il est coûteux pour elle ».
« Il serait peut-être, je dis peut-être, plus judicieux de court-circuiter l’Algérie plutôt que de la courtiser dans l’espoir de la neutraliser », estime-t-il.
Le débat est ouvert …
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