Par Ali Bouzerda
Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi a souvent déclenché des polémiques et des controverses notamment sur la question du mariage des mineures entre aitres, mais cette fois-ci, c’est un silence radio. Et pourquoi : « Qui ne dit mot, consent », nous rappelle l’adage populaire.
Jusqu’à la semaine dernière, les couples marocains « non mariés », ne pouvaient pas passer la nuit ensemble sans le sésame « acte de mariage » exigé, de manière ostentatoire chaque fois, par la réception d’un hôtel à Marrakech, Casablanca, Rabat, Tanger, Agadir ou ailleurs…
Et pour contourner cet obstacle, que certains considérait comme « une aberration juridique » et d’autres comme « un mal nécessaire », il fallait louer deux chambres pour qu’en fin de compte passer la nuit ensemble dans une seule. Bien évidemment, cela arrangeait les hôteliers qui se cachaient derrière la fameuse « fiche de police » qui doit signaler au petit matin, l’identité des locataires de l’hôtel célibataires ou mariés. Tous kif kif.
On racontait qu’après les attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, il fallait rester vigilant et signaler rapidement tout ce qui est « suspect » dans le secteur, y compris la présence de couples « non mariés »… Vrai ou faux, une chose est sure, dans la pratique quotidienne, ces couples inoffensifs devaient montrer patte blanche, un point c’est tout.
Bref, c’est le ministre de la Justice qui a brisé « un tabou » en disant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.
Récemment, M. Ouahbi a été clair devant les membres de la Chambre des Conseillers: « Exiger des citoyens (marocains) des documents qui n’ont aucun fondement juridique, cela constitue une violation de la loi… tout comme exiger un acte de mariage d’une dame qui s’est disputée avec son mari et qui veut passer la nuit tranquillement, toute seule, dans une chambre d’hôtel ».
M. Ouahbi ne fait pas dans la dentelle, même si cela risque de renforcer davantage le camp de ses adversaires, à commencer par les islamistes, avec à leur tête son ancien ami, le virulent leader du PJD, Abdelilah Benkirane. Quoiqu’il en soit, il était temps de mettre un terme à une pratique qui relève du passé.
Dorénavant, il n’y aura plus de quiproquo car « des instructions » ont été adressées aux établissements hôteliers afin de cesser d’exiger l’acte de mariage ou autres papiers… », a affirmé une source au ministère de la Justice à Article19.ma, ce lundi 27 mai.
In fine, n’est-ce pas une bonne nouvelle pour tout le monde? Cela ne manquera pas de renforcer l’image du royaume à l’étranger au moment où les préparatifs sont en cours pour les échéances footballistiques de 2025 et 2030.
D’ailleurs, de nombreux visiteurs sont attendus, au-delà de la barre des 17 millions par an sur laquelle table le ministère du Tourisme.
Toutefois, il ne faut pas crier victoire si vite, car « certaines habitudes » dans le secteur ont la peau dure…
Mais parions que le temps est un grand maître qui veille au changement des choses et des hommes.