Nostalgie – Le photographe Harry Gruyaert retourne au Maroc

Pour son nouveau livre, le photographe belge Harry Gruyaert a sélectionné des images de ses archives de plus d’un demi-siècle de photographie du Maroc, l’ouvrage, inédit jusqu’à présent, montre les habitants et les paysages de ce pays nord-africain du de son point de vue en tant qu’étranger d’un passionné, a dévoilé cette semaine le site magnumphotos.com.

Dans l’introduction de son nouveau livre photo, Maroc, Harry Gruyaert parle de sa relation avec ce pays depuis 1972 et continue de motiver sa curiosité. C’est là-bas qu’il a appris à se rapprocher des gens et à développer davantage sa vision et son langage photographique unique, en s’immergeant pleinement dans des contextes ruraux et urbains variés.

« Ce qui m’importe le plus dans la photographie, et dans l’art en général, c’est le sentiment de partager les expériences de l’artiste ou du créateur, d’être avec eux, de voir ce qu’ils ont vu à travers leurs yeux. Le Maroc m’a ensorcelé et je veux que ce livre soit l’expression de cette magie », souligne le photographe.

Il s’agit du troisième livre de Gruyaert consacré au Maroc. L’idée est née en fouillant dans ses archives pour une série de photomontages intitulée A Sense of Place. Les images présentées dans ce dernier volume, Maroc (2024), sont différentes de celles incluses dans les deux livres précédents de 1990 et 2013.

+ En 1970, il a sillonné le Maroc à plusieurs reprises dans un camping-car +

Les photos incluses dans le livre de 2024 en disent plus sur lui que sur le pays lui-même. écrit : « Peut-être influencé par l’approche plus cinématographique du photomontage, ce livre est constitué d’une suite de séquences ou de courts voyages, qui font office de variations sur un même thème : la fascination que ce pays exerce sur moi depuis plus de 50 ans ».

Le Maroc n’est pas une œuvre de photojournalisme. Même si une discipline qui, selon lui, mérite beaucoup de respect et sert un but, ce n’est pas ce qui intéresse Gruyaert. Il ne prétend pas non plus avoir couvert le pays dans son intégralité ou en tant que « réalité objective », mais il espère plutôt que ses images communiquent quelque chose d’essentiel sur le Maroc qui aide les gens à s’engager et à comprendre une réalité différente.

Ajoutant que : « Ce qui est important pour moi, c’est que chaque photographie ait son propre pouvoir et que les images puissent être reliées entre elles, lues comme un hymne de louange plutôt que comme une histoire ou un carnet de voyage ».

Gruyaert est revenu encore et encore dans les lieux qui l’ont fasciné, essayant à chaque fois de capturer des images évoquant les mêmes émotions et curiosité que ses premiers voyages. Dans les années 1970, il a parcouru le Maroc à plusieurs reprises dans un camping-car Volkswagen, avec des arrêts notables tout au long du parcours, des montagnes du Haut Atlas et du désert à la côte atlantique et à la rive méditerranéenne.

« Ma façon de travailler peut ressembler à du repérage de lieux, au sens cinématographique du terme », écrit Gruyaert, « mais elle reflète avant tout une obsession : la quête de revivre un moment mémorable dans un lieu que j’ai visité auparavant, l’envie de vivre encore une fois avec une plus grande intensité.

+ Sur le terrain c’est « une véritable bataille avec le réel » +

De grandes différences sont apparues dans la photographie et le temps passé avec les gens dans chaque lieu. Les vêtements, les coutumes et même les réactions face à la présence d’un étranger, en particulier d’un photographe, variaient selon l’endroit où il travaillait.

Il a développé une connaissance du comportement et a trouvé des astuces spécifiques au lieu en prenant des photos à Marrakech, Fés, Essaouira ou Erfoud qui lui ont permis d’être accepté dans chaque espace, dans une certaine mesure.

Tout au long du livre, plusieurs personnes se couvrent le visage ou se détournent de la caméra. D’autres fois, les personnes, les animaux et les objets semblent parfaitement à l’aise devant l’objectif.

Gruyaert dit : « Faire une photographie, c’est à la fois rechercher le contact et le refuser, être le plus là et le moins là à la fois. Sur le terrain, c’est une véritable « bataille » avec le réel, une sorte de transe pour enregistrer une image ou peut-être rater tout ça. C’est dans cette lutte que je me trouve à mon meilleur. Le Maroc est l’expression de cette tension particulière, à mi-chemin entre exaltation et ravissement.

Une partie de l’enchantement de Gruyaert au cours de toutes ces années vient de la découverte de l’harmonie entre les formes, les couleurs, la nature et les gestes quotidiens des gens à travers le Maroc. Des ombres et des silhouettes austères contrastant avec la peinture délavée de l’architecture locale à l’amalgame de teintes, de motifs et de textures imprégnant la vie quotidienne et les paysages picturaux, ajoute Magnum Photos.

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