D’abord, les partis, il y en a beaucoup, il y en a même trop. 35 ou 36. En tout cas, c’est plus qu’il n’en faut pour un pays où juste une petite minorité d’électeurs et d’électrices va voter.
Comme cette chronique est la dernière avant la date fatidique du 4 septembre, jour ô combien important pour notre jeune démocratie en construction, j’aimerais, si vous me le permettez, vous donner mon sentiment sur ce qui est en train de se dérouler sous mes yeux et sous les vôtres, à la différence que moi je ne vois que ce que je veux. Non, c’est juste une plaisanterie qui n’a pas tout à fait sa place ici. D’ailleurs, ce n’est pas le moment de rigoler d’autant plus que ce que je vois n’est pas très rigolo. Je vais commencer par le commencement : les partis et leurs représentants.
D’abord, les partis, il y en a beaucoup, il y en a même trop. 35 ou 36. En tout cas, c’est plus qu’il n’en faut pour un pays où juste une petite minorité d’électeurs et d’électrices va voter. Si autant de partis ne sont pas capables de mobiliser les gens et les intéresser non pas forcément à la chose politique, mais juste à la chose publique, il y a comme qui dirait un gros problème. Justement j’ai toujours voulu savoir pourquoi on crée à chaque fois un nouveau parti alors qu’il y en a déjà pas mal. Y a-t-il vraiment autant de sensibilités politiques et idéologiques différentes dans notre pays au point d’être obligé d’ouvrir autant d’officines ? Je ne crois pas si mal dire en parlant d’officines car cette situation ressemble un peu au secteur pharmaceutique, où dans certains quartiers, on a parfois plusieurs pharmacies presque côte à côte, avec pas grand monde dedans. Non, je ne suis pas en train de dénigrer ni de me moquer.
Bien au contraire, cette situation me fait très mal. Ça ne se voit pas du premier coup, mais je suis un démocrate pur et dur, et je crois profondément que la démocratie, la vraie, est la solution à tous les maux. Je crois également qu’une démocratie sans implication populaire est vouée inéluctablement à l’échec. Or, je n’ai pas l’impression que nos partis font des efforts pour promouvoir la culture démocratique chez nos concitoyens. Je dois dire aussi que nos concitoyens, pour leur part, ne font pas non plus de gros efforts pour apprendre ce qu’est réellement la démocratie et ce qu’elle peut leur apporter.
+Tout ce qui nous arrive…nous le méritons+
Bref, disons, si ça peut arranger les uns et les autres, que la responsabilité est partagée. Oui, mais, après avoir dit cela, ça va nous avancer à quoi ? Soyons sérieux. Pourquoi un militant – quel mot étrange ! – ou un dirigeant d’un parti décide du jour au lendemain de changer de boutique sans que ni l’un ni l’autre nous explique pourquoi il le fait ? Enfin, nous on sait pourquoi. Souvent, c’est pour des raisons bassement électoralistes. Il voulait se présenter dans telle ou telle circonscription où il était sûr de passer et son parti a ramené quelqu’un d’autre, parfois d’un autre parti, pour prendre sa place. Chez nous, un parti, c’est un peu comme une gare : on y entre pour prendre un train pour se diriger quelque part, et puis on décide d’en prendre un autre parce qu’il est plus propre ou parce qu’il y a une jolie fille – ou un beau garçon – dedans. Et si ça nous chante, on peut descendre à la gare suivante, et refaire demi-tour et revenir chez soi comme si de rien n’était.
Je vous assure que j’exagère à peine. Tenez ! J’ai appris hier qu’un militant d’un parti de gauche mais qui fait partie de la majorité (celui ou celle qui devine qui c’est recevra un livre comme cadeau) a décidé tout bonnement de ne pas voter pour le candidat de son propre parti aux dernières élections professionnelles. Son parti a réagi très vite en l’excluant de ses rangs. C’est bien, mais je ne serai pas étonné de voir ce renégat bientôt chez un parti voisin. Justement, je pense que c’est là où le bât blesse et risque de laisser une plaie béante. C’est qu’à mon avis, l’époque des partis forts composés de militants sincères et dévoués, avec des principes moraux solides, des valeurs humaines intransigeantes, et pourquoi le cacher, avec des idées consolidées ou si vous préférez, une idéologie, tout cela est bel et bien révolu. Mais, ce n’est pas une raison de laisser n’importe qui faire n’importe quoi : on vend son âme, on vote pour le plus offrant et on élit le plus généreux. Et après, on se plaint que le pays n’avance pas. Tout ce qui nous arrive, que ce soit mauvais bon, nous le méritons, mais, s’il vous plaît, qu’on ne parle pas de démocratie. La démocratie est un concept universel qui a ses règles strictes qu’on ne change pas au gré de ses humeurs et des contingences.
Cela dit, je sais bien que tout ce que j’ai écrit ici ne va rien changer, du moins pas tout de suite, mais je voulais le dire et je l’ai dit. Après tout, moi je vois ce que je vois, mais, au fond, c’est toujours vous qui voyez.
En attendant qu’on prenne enfin le bon chemin, je souhaite à tous les vrais démocrates et à toutes les vraies démocrates un très bon week-end. Quant aux autres…
Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : «Y a-t-il un rapport entre le fait que nos athlètes ne rentrent plus premiers dans les courses et que nos dirigeants ne gagnent plus les élections comme avant ?
ALM/Article19.ma