Par Tahar Ben Jelloun
Avec l’affaire des deux zigotos, le Maroc a compris de manière efficace qu’il n’avait rien à cacher. Il ne faut plus craindre le regard extérieur, qu’il soit critique ou simplement malveillant.
«Laudateur hier, raquetteur aujourd’hui». C’est bien une phrase d’avocat, pas n’importe lequel, mais un de ces fameux baroudeurs du barreau parisien, au point que le cinéma lui fait de temps en temps appel pour jouer son propre rôle. Me Eric Dupont-Moretti est une gueule et une voix. Une présence forte, convaincante. Il a la faveur des médias et aussi leur respect, ce qui n’est pas le cas d’autres avocats prêts à tout pour passer à la télé.
Personnellement, je suis content. Pour une fois, le Maroc s’est bien débrouillé. Les choses ont changé et ça, c’est une bonne nouvelle. Il y en a marre de ces journalistes bourrés de préjugés anti-marocains parce que notre pays est une monarchie et qu’ils préfèrent se taire sur le désastre politique et social du voisin algérien parce que c’est une république.
Il y en a marre de ces journalistes qui aiment bien le Maroc pendant les vacances et crachent sur son évolution quand ils doivent écrire sur lui. Il n’est pas question qu’ils fassent l’éloge d’un système et d’une culture. On leur demande juste de faire honnêtement leur travail, de montrer ce qui marche bien et de dire ce qui ne fonctionne pas. Pas de complaisance, pas de flagornerie! Le Maroc a besoin d’être regardé avec un œil neuf, lavé des clichés et des vieilles idées qui avaient cours durant les années de plomb. Justement, l’un de ces deux «journalistes», n’avait-il pas écrit un livre complaisant et hypocrite sur le régime de feu Hassan II? Il avait dû être bien rémunéré.
Bon, ces deux zigotos, pseudo journalistes, se sont dévoilés eux-mêmes. Pas besoin de les dénoncer et de démontrer leur mauvaise foi, leur entreprise de corruption et de chantage. Il faut dire que par le passé il y eut quelques journaleux qui prétendaient défendre la cause du Maroc tout en recevant des «cadeaux» en espèces ou en nature. J’en ai connu et par charité je ne divulguerai pas leurs noms d’autant plus que ceux qui ont le plus profité de ces largesses ne sont plus de ce monde.
Il m’est arrivé de dire et d’écrire qu’il ne faut plus inviter des journalistes, ne plus chercher à les empêcher de faire leur travail, de les considérer comme des visiteurs d’un type particulier et surtout de ne chercher ni à les amadouer en achetant leur silence ni à les provoquer en les maltraitant, les arrêter ou les expulser. J’ai toujours fait l’éloge de la liberté d’expression et dénoncé la politique de certains qui consistait à se méfier systématiquement des journalistes étrangers comme nationaux.
Avec l’affaire des deux zigotos, le Maroc a compris de manière efficace qu’il n’avait rien à cacher. Comme partout, il y a des insuffisances, des manques, des accrocs, des problèmes. Comme partout, il y a aussi des choses qui évoluent, une société qui bouge et s’exprime.
Alors, si des journalistes décident de «se payer» le Maroc parce qu’ils auraient été payés par ses adversaires, ou simplement parce qu’ils n’aiment pas ce pays, son roi, sa constitution, son mode de vie, qu’ils écrivent ce qu’ils veulent. S’ils diffament le pays, il faut les poursuivre en justice. C’est tout. Il ne faut plus craindre le regard extérieur, qu’il soit critique ou simplement malveillant. C’est la règle du jeu. Vaut mieux cultiver l’indifférence que d’empêcher un journaliste d’écrire et de critiquer. Ce serait une marque de faiblesse que de craindre le journalisme. Il faut le laisser vivre et répondre quand il ment ou porte atteinte aux valeurs importantes de notre société.
Les voix traditionnellement anti-marocaines tous azimuts se mobilisent. On voit qu’un lobby est à l’œuvre. Mais pour une fois que le Maroc réussit un coup fumant et fameux, il faut en tirer toutes les conséquences et réviser le comportement à l’égard du journalisme en général.
Certains ont eu le culot ou l’inconscience de monter au créneau pour défendre les deux «journalistes», inversant l’ordre des faits et niant la gravité du délit. Après tout, il s’agit d’un fait crapuleux: extorsion de fonds et chantage. Laissons à présent la justice faire son travail.
Source: +Le360+
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