Libertés – Le CPJ appelle au respect du droit du détenu Raissouni à une correspondance privée

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) exhorte les autorités pénitentiaires de Aïn Borja à Casablanca de respecter le droit de Soulaiman Raissouni d’envoyer de sa prison le courrier à sa femme et demande sa libération immédiate.

Après que les autorités de la prison d’Aïn Borja aient confisqué et retenu une lettre destinée à sa femme, Raissouni, ex rédacteur en chef du journal Akhbar al-Youm, a entamé une grève de la faim le jeudi 29 février, selon un message sur Facebook de Kholoud Mokhtari, la femme du detenu.

« Nous sommes choqués par le harcèlement continu des autorités de la prison d’Aïn Borja contre le journaliste Soulaiman Raissouni, qui se voit refuser son droit légal d’envoyer des lettres, ce qui l’a incité à entamer une grève de la faim en signe de protestation », a déclaré le coordonnateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du CPJ. Chérif Mansour de Washington, D.C.

« Les autorités marocaines doivent libérer Raissouni immédiatement et sans condition, d’autant plus que sa dernière grève de la faim a gravement détérioré sa santé”, ajoute la même source.

Pour rappel, Raissouni a été arrêté le 22 mai 2020 et purge actuellement une peine de cinq ans de prison pour agression sexuelle.

Basé à Washington, le CPJ considère que “depuis 2018, le Maroc a utilisé à plusieurs reprises des allégations de crimes sexuels pour cibler les journalistes ; au 1er décembre 2023, trois journalistes étaient emprisonnés dans le pays pour des crimes sexuels présumés, selon le dernier recensement des prisons du CPJ.”

+ “La correspondance adressée par le détenu à une partie étrangère …contenait des propos injurieux et diffamatoires” +

Dans un communiqué publié dans des médias locaux, les autorités pénitentiaires de Aïn Borja affirment que la grève de la faim avait été incitée par des « entités étrangères ».

“L’administration de la prison locale Ain Borja a indiqué, samedi, que la grève de la faim du détenu (S.R) “n’a aucun lien avec les conditions de sa détention, mais intervient plutôt à l’instigation de parties étrangères aux agendas bien connus”.

« Les raisons avancées au sujet de la grève de la faim entamée par l’individu en question se rapportent au contrôle de ses correspondances par l’administration pénitentiaire. Or, le contrôle des lettres émises et reçues par les détenus est conforme à la loi régissant les prisons”, a indiqué la direction de l’établissement dans une mise au point en réaction aux “allégations contenues » dans un post de l’épouse du détenu, selon la MAP.

Et d’ajouter : “L’administration, après avoir consulté le contenu de la correspondance adressée par le détenu à une partie étrangère, a constaté qu’elle contenait des propos injurieux et diffamatoires et de fausses informations, poursuit la même source, relevant que cette lettre a été, en conséquence, saisie et soumise aux autorités judiciaires compétentes.

Dans sa mise au point, l’établissement pénitentiaire s’interroge sur les motifs de cette grève de la faim entamée par le détenu (S.R) en cette circonstance particulière, sur son timing, ainsi que sur le rôle de certains membres de sa famille qui l’ont incité à entreprendre cet acte aux conséquences incertaines, sans égard pour les éventuelles répercussions sur son état de santé”.

Article19.ma