Point de vue – L’activiste et membre du Conseil national des droits de l’homme, Dr. Mustapha Merizak répond à Benkirane

Pour la vérité et l’Histoire

“Ce matin, j’ai suivi avec un grand étonnement les déclarations du secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), à l’occasion du Festival National sur la réforme de la Moudawana à Casablanca, durant lequel il s’en est pris de manière flagrante au Conseil National des Droits del’Homme “CNDH” et à sa présidente, Mme Amina Bouayach.Alléguant lors de son allocation au sujet de la réforme de la Moudawana, que le projet de mémorandum du CNDHconstitue une menace pour la cohésion de la nation, de la famille et de la société.

En ma qualité d’activiste des droits de l’homme et membre du même conseil, et président du comité pour la promotion de la culture des droits de l’homme et de la consolidation de la construction démocratique, et pour la vérité et l’histoire, je constate qu’il est nécessaire de faire les mises au pointsuivantes, loin de tout propos diffamatoire, ridiculisant, fallacieux, ou insulte sophiste.

Tout d’abord, Le 20 janvier 2024, l’Assemblée Générale du CNDH s’est réunie à son siège central à Rabat en session extraordinaire et dans des conditions normales à propos d’un point unique à l’ordre du jour relatif à la discussion et à l’approbation du projet de mémorandum sur la Réforme de la famille, ayant duré plus de 4 quatre heures. cette session sur le thème du Code de la famille est intervenue après le premier débat de l’Assemblée Générale, qui s’est tenue le 15 juin 2023 à Tanger, au cours duquel la première ébauche du projet de mémorandum a été soumise en présence d’une commissioncomposée de nombreux experts internes et externes au conseil, qui a travaillé pendant plus de six mois, ce fut l’occasion pour tous les membres de participer au débat, d’exprimer leur opinion et de soumettre des propositions constructives. Cette commission a poursuivi ses réunions spéciales afin de recueillir des avis, des propositions et des recommandations pour améliorer le projet de mémorandum présenté lors de la session extraordinaire.

À la suite d’un débat approfondi sur tous les points et questions inclus dans le projet de mémorandum, un vote public a été adopté, ce qui a abouti à l’approbation du mémorandum par 37 membres, un seul vote négatif, un membre réservant et un autre membre se retirant pendant le débat sans voter.

En revanche, et afin d’éliminer toute ambiguïté ou induction en erreur, il convient de rappeler que le projet de mémorandum du conseil est dirigé par les piliers suivants :

– La constitution du Royaume
– Les objectifs de la Charia islamique
– Les pactes internationaux ratifiés par le Maroc
– Le cadre de référence islamique adopté par le conseil.
Que toutes les propositions représentent les moyens pour remédier aux déséquilibres qu’a révélé la pratique de la Moudawana depuis sa mise en œuvre pendant vingt ans, dans le respect du référentiel islamique marocain tolérant comme dénominateur commun entre tous les marocains musulmans, dans le cadre de la constitution et de l’encadrement Royal des travaux de la commission de révision de la Moudawana, ce qui s’applique sur tous les aspects du mémorandum en général, et sur l’aspect du testament et de l’héritage en particulier, qui ne comporte aucune contradiction avec les versées du Saint Coran, par ailleurs, toutes les propositions visent à résoudre certains problèmes rencontrés dans la pratique, permettant ainsi des réformes adaptées aux exigences en parfaiteharmonie avec la référence islamique tolérante, afin de suivrele rythme du développement de la société et de répondre aux aspirations et préoccupations des citoyennes et citoyens.

Le CNDH est une institution nationale pluraliste et indépendante, chargée d’examiner toutes les questions relatives à la défense et à la protection des droits et libertés humaines, d’assurer leur pratique et leur promotion et de préserver la dignité, les droits et libertés des citoyennes et des citoyens, individuellement et collectivement, dans le total respect des références nationales et universelles dans ce domaine. Le CNDH contribue également à la promotion et au développement du système des droits de l’homme, en tenant compte du caractère universel de ces droits, de leur indivisibilité et en renforçant la mise en œuvre des principes et normes du droit international humanitaire.

En outre, il est bien connu que le mémorandum du conseil est l’un des mémorandums qu’a reçu la commission chargée de révision de la Moudawana, qui fait suite à une lettre adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI au chef du gouvernement en vue de revoir la Moudawana avec un deadline de six mois, après des années de demandes de réformes de la part des associations féminines.

Il convient de noter que la même commission a organisé plus de 80 sessions et écouté plus de 1 500 associations, qu’il s’agisse d’associations individuelles ou dans le cadre de coordinations ou de rassemblements s’intéressant auxquestions de la famille, de la femme et de l’enfant. La commission a également écouté 21 partis politiques et 6institutions officielles, en plus de 10 associations de défense des droits de l’homme, constatant, dans ce contexte, que la scène associative au Maroc est « très large », d’où la volonté de la commission d’écouter autant d’associations que possible.

Ce qu’a déclaré le SG du PJD, personnellement je le considèrecomme une agression absurde d’une institution nationale respectée au Maroc et dans les forums, institutions et organisations internationales, en ridiculisant sa présidente, militante des droits de l’homme et femme autodidacte, qui est réputée par sa compétence, son équité, son respect et son estime à l’échelle nationale et internationale, par ailleurs, nous ne permettons pas de considérer le mémorandum du CNDH, hors de la Loi, s’agissant d’une institution ayant été nommée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et qui présente ses rapports au Souverain annuellement et régulièrement.

Par conséquent, il s’avère que c’est bel et bien le SG du PJDqui attaque la référence islamique fondée sur le respect de la diligence, la créativité et l’innovation, et la quête des valeurs qui préservent la dignité des citoyennes et citoyens dans la vie commune afin d’assurer la sécurité, la sûreté et la stabilité, en toute objectivité, je considère ainsi les déclarations du SG du PJD, comme une incitation à la désobéissance, et je suis persuadé que la majorité des membres du même parti (envers qui j’éprouve tout le respect et l’estime ) ne partagent pas les mêmes propos du SG à l’encontre du CNDH et de sa présidente, Mme Amina Bouayach.

Pour rappel, le CNDH est une institution nationale pluraliste et indépendante, un incubateur pour une pluralité d’opinions et de références, et toute attaque contre cette institution est une atteinte non seulement à sa présidente, mais alors à la crédibilité de l’institution et de tous ses membres, ses experts et ses cadres, c’est aussi une distorsion et une sous-estimation de l’État marocain et de son statut prestigieux en matière de droits de l’homme, d’autant plus que notre pays est aujourd’hui à la tête du Conseil des Droits de l’Homme Onusien.

Par ailleurs, ce qu’a déclaré la collègue Aziza Bekkali, membre du CNDH (et membre de la commission que j’ai l’honneur de présider), lors de la session du 20 janvier 2024,est loin d’être vrai et d’être juste, et il y a un enregistrement documentant en audio et en photo cette session (et ce pour la vérité et l’histoire), et que sa déclaration s’inscrit dans le cadre des enchères idéologiques douces de l’islam politique, d’autant plus qu’elle est membre du même parti. Elle n’a pas non plus respecté l’institution des droits de l’homme à laquelle elle appartient depuis 2019, tout en sachant qu’elle ne s’étaitjamais opposée un de ces jours à ses recommandations, à ses rapports et à sa brillance continue, et je témoigne de son comportement respectueux et de ses attitudes raisonnées et équilibrées pendant plus de 50 réunions organisées par la commission pour la promotion de la culture des droits de l’homme et de la consolidation de la constructiondémocratique. Alors qu’est ce qui a changé aujourd’hui ?

Le projet de mémorandum soumis par le CNDH s’adresse à tous les citoyens et citoyennes, et on ne peut pas le qualifierd’indiscipliné à la référence islamique, tout en sachant que le dernier mot revient à Sa Majesté le Roi Mohammed VI en tant que commandeur des croyants.

L’appel du mémorandum à définir le concept de famille vise principalement à assurer l’encadrement et la protection juridique des concepts préexistants de la famille dans la réalité et ne vise en aucun cas à légitimer de nouveaux concepts de lafamille en dehors de celles stipulées dans la constitution et les lois nationales, au contraire l’objectif étant de bien détailler le concept de la famille, en tant que relation légale entre des personnes unis par un lien conjugale (mari et femme ) ou une relation de parenté (père et ses enfants ou mère et ses enfants en cas d’absence de l’un des deux en raison de décès ou autre) puis l’engagement, qui signifie selon le mémorandum une famille fondée sur le système de parrainage où le parrain s’engage à s’occuper de son parrainé.

Sur la base de ce qui précède, les déclarations du SG du PJDconstituent une perturbation systématique de l’organe chargé de la révision de la Moudawana, une extorsion de l’Etat au nom du « plaidoyer religieux », une incitation contre leconsensus national et une atteinte à ses institutions constitutionnelles et légitimes, trompant l’opinion publique nationale, ternissant la réputation du Maroc et sous-estimant ses réformes majeures. Car, il s’est habitué selon de nombreuses recherches et études, de profiter du retrait des autres, même en connaissant le même sort, exploitant – malheureusement – des histoires dramatiques provenant de l’ignorance et de l’exclusion sociale, des romans délirants et des esprits naïfs”.

Article19.ma