Des traces comme des rides sur un visage. Les observations satellite du Maroc montrent que les terres cultivées et les terres sauvages qui étaient normalement vertes et luxuriantes pendant les mois pluvieux de l’hiver sont au contraire desséchées et brunes, et que les réservoirs qui étaient autrefois remplis d’eau sont presque vides.
Selon le site earthobservatory.nasa.gov, le MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) du satellite Terra de la NASA a capturé le 19 février 2024 une image montrant des paysages desséchés autour de Casablanca, la plus grande ville du Maroc.
Le MODIS du satellite Aqua a capturé l’autre de la même zone le 12 février 2023, alors que la sécheresse était également présente à l’hiver 2023, la situation s’est aggravée en 2024.
Les autorités marocaines ont qualifié la situation de « désastreuse », notant que près de 70 pour cent de pluie en moins sont tombées au cours des derniers mois par rapport à une année moyenne, d’après Reuters.
L’analyse de l’Observatoire mondial de la sécheresse indique que le déficit pluviométrique prolongé s’est accompagné d’une chaleur inhabituelle ces derniers mois, qui a également eu des conséquences néfastes sur les plantes.
+ « Les niveaux d’eau ont commencé à plonger en 2016 » +
Le manque prolongé de précipitations adéquates a fait chuter les réservoirs à des niveaux extrêmement bas. Le barrage d’Al Massira, le deuxième plus grand réservoir du Maroc et un approvisionnement en eau clé pour les agriculteurs près de Casablanca, a chuté de 1 à 2 pour cent de sa capacité en février 2024.
Collectivement, les réservoirs du Maroc étaient remplis à 25 pour cent à la mi-février, contre 32 pour cent pour la même période l’année dernière. Le réservoir était presque plein entre 2009 et 2015, mais ses niveaux d’eau ont commencé à plonger en 2016 et sont restés bas depuis.
Les principaux réservoirs ont tellement diminué que de nombreux agriculteurs ont réduit la taille de leurs plantations et réduit la quantité d’eau qu’ils utilisent pour arroser leurs cultures. La superficie des terres agricoles irriguées avec l’eau des réservoirs en janvier 2024 représentait environ la moitié de ce qu’elle était avant la période de sécheresse actuelle, selon les autorités marocaines.
Les données des indicateurs d’observation de la Terre AGMET, un outil développé par NASA Harvest et les partenaires internationaux de l’initiative GEOGLAM (GEO Global Agricultural Monitoring), ont indiqué que les cultures de blé d’hiver dans le nord du Maroc étaient beaucoup moins vertes et moins saines que d’habitude, selon les données du produit NDVI (Normalized Difference Vegetation Index), une mesure de l’activité photosynthétique.
À noter que c’est la 6ème année consécutive de sécheresse au Maroc, et les autorités concernées travaillent dur pour relever le défi y compris en installant à l’avenir des usines de dessalement d’eau de mer et une régulation draconienne de l’usage de l’eau douce en milieu urbain.