Dans une analyse prospective, publiée le 16 novembre, le site américain basé en Floride, ‘World Politics Review’, considère que le conflit de Gaza rend les relations du Maroc avec Israël « intenables ».
Il conclua en soulignant :
« Le Maroc semble miser sur le fait que la carrière politique de Netanyahou risque de s’arrêter en même temps que la guerre. Les autorités ne manqueront pas de souligner que les liens historiques avec la communauté juive marocaine d’Israël justifient les relations d’État à État d’une manière qui transcende les politiques du gouvernement israélien actuel.
Mais cela aussi est trop optimiste. Les politiques de l’actuel gouvernement israélien diffèrent de celles de ses prédécesseurs en termes d’échelle, mais pas en termes de substance : elles étendent le contrôle militaire d’Israël sur les territoires palestiniens, tout en refusant aux Palestiniens les droits fondamentaux et l’autodétermination. La violence actuelle ne fait que compliquer la tâche du Maroc et des autres gouvernements arabes qui doivent nier que leur position plus souple à l’égard d’Israël s’est de plus en plus éloignée de l’opinion publique de leurs citoyens.
Pour Rabat, tout dépendra de la durée de l’offensive israélienne à Gaza. Même si le gouvernement marocain a demandé à Israël d’arrêter sa campagne militaire, cela n’efface en rien les images violentes de civils palestiniens tués chaque jour à Gaza, images qui continueront à faire pencher l’opinion marocaine de plus en plus en défaveur des liens diplomatiques avec Israël.
Tout se jouera dans le temps, estime un analyste politique proche des cercles dirigeants marocains, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet. « Je ne pense pas que la crise actuelle mettra fin à la normalisation entre le Maroc et Israël. Mais ce ne sera le cas que si la guerre est courte », a-t-il déclaré à WPR. « Si l’offensive à Gaza se poursuit pendant quatre ou cinq mois et que le nombre de victimes augmente, l’État marocain se retrouvera dans une position délicate. Cela pourrait avoir un impact sur la normalisation et même conduire à son annulation. »
En raison de l’occupation israélienne durable des territoires palestiniens, les relations entre le Maroc et Israël ont toujours été marquées par des périodes de volatilité. En 2000, le déclenchement de la seconde Intifada a entraîné la fermeture des bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv.
L’offensive israélienne en cours à Gaza laissera des traces bien plus profondes. À court terme, elle affaiblira les relations entre le Maroc et Israël. Mais un conflit long et une réponse faible de Rabat risquent d’éroder le lien entre l’Etat marocain et sa population. »
Article19.ma