Israël-Arabie Saoudite : Le ministre israélien du tourisme a assisté à une conférence multilatérale sur le tourisme à Riyad cette semaine, la première visite publique d’un ministre israélien en Arabie Saoudite. Simultanément, l’ambassadeur saoudien auprès des Palestiniens a franchi un poste de contrôle israélien pour se rendre en Cisjordanie occupée par Israël.
« À bien des égards, ce niveau d’engagement diplomatique public entre Israël et l’Arabie saoudite est déjà époustouflant et aurait été inconcevable il y a encore cinq ans. Le fait que ce changement semble être une préface à la normalisation de leurs relations est encore plus stupéfiant.
Et pourtant, en l’état actuel des choses, les conditions discutées dans le cadre des négociations tripartites en vue d’un accord de normalisation – qui incluent Washington – sont logiques pour Israël et l’Arabie saoudite, mais pas pour les États-Unis », affirme la newsletter américaine basée à Tampa en Floride, World Politics Review (WPR).
En échange de la normalisation, les États-Unis offriraient à l’Arabie saoudite « une garantie de sécurité ainsi qu’un soutien au développement d’un programme d’énergie nucléaire civile, qui inclurait une technologie susceptible de faciliter un programme d’armes nucléaires » . De même, Israël bénéficierait du coup de pub que représenterait la normalisation avec les Saoudiens, ouvrant ainsi la voie au reste de la région, précise la même source.
« L’intérêt pour les États-Unis est beaucoup moins évident. Une garantie de sécurité pour les Saoudiens risquerait d’entraîner Washington dans un conflit avec l’Iran, à un moment où les États-Unis espèrent recentrer leur attention stratégique sur l’Indo-Pacifique. Et un programme nucléaire civil saoudien augmenterait les risques de prolifération nucléaire dans la région, en particulier – comme l’a récemment confirmé le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman – si Téhéran se dote d’armes nucléaires », estime la WPR.
Et d’ajouter : « Il est difficile de voir les avantages stratégiques pour les États-Unis de concéder autant pour obtenir un accord qui ne ferait qu’officialiser ce qui se produit déjà de facto. Le seul grand perdant serait peut-être les Palestiniens, car même si l’on attend d’Israël qu’il prenne certaines mesures non spécifiées pour améliorer leurs conditions, aucun gouvernement israélien n’a pris de mesures sérieuses en vue de l’obtention du statut d’État au cours des 15 dernières années.
Cela est encore moins probable sous le gouvernement actuel, qui est redevable aux partis d’extrême droite qui prônent l’annexion de la Cisjordanie. »
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