Édito / Séisme – Quand Ilyas joue au « journaliste de terrain »…

– Par Ali Bouzerda –


En ce triste mois de septembre, on aura tout vu, à commencer par la tragédie que vit le Haouz avec ses milliers de morts, de blessés et de sans abris, puis survient à l’Ouest, une « méchante » campagne médiatique anti-marocaine. Et ce n’est pas seulement la presse française qui s’était mise à l’œuvre, les médias anglo-saxons, comme le New York Times et la BBC World News, n’ont pas été tendres non plus.

À l’Est, c’était prévisible, car le locataire de la Mouradia et ses Généraux n’attendaient que l’occasion pour casser du sucre sur le dos des Marocains. Ni compassion et ni retenue, que de la démagogie du matin au soir. Au fait, il a fallu qu’un ministre marocain prononcer le mot « Algérie » pour que la machine de propagande se mette en branle chez « nos frères » de l’Est – « nous sommes khaoua – khaoua », disaient-ils. Un mensonge grossier et une triche érigée en système.

On ne cessera de le répéter : le Maroc est un État indépendant, souverain et fort. Il ne pliera jamais. « La caravane passe » et nous, par politesse, on n’évoquera nullement les « chiens » qui aboient au passage.

Bref, revenons à notre ami, Ilyas El Omari, « The little big man » a disparu de la circulation pendant plus d’une demi-décennie, et ce après la victoire des barbus aux élections du 7 octobre 2016 et l’échec de la tentative du PAM à décrocher la 1ère place, lors de ces échéances.

En tant que secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ilyas avait mis « la barre haute », dit-on, et il avait promis et juré devant ses amis, qu’il allait battre à plate couture Benkirane et ses barbus du PJD.

Mais, et il y avait bien un « mais », les urnes n’ont fait que confirmer ces derniers dans leur position, et en leur permettant de gouverner pendant un 2ème mandat. Le PJD a passé dix ans dans les rouages de l’État, avec les conséquences désastreuses sur le plan économique et social, que nous connaissons tous. Inédit !

Ilyas, dont le parcours a commencé au fin fond du Rif, dans une famille modeste, mais dont il est difficile de tracer avec certitude les détails de son chemin jusqu’à la capitale Rabat. Une longue histoire où la fiction s’enchevêtre avec la réalité… En un mot, ce petit homme de 1,63m faisait le beau et le mauvais temps (الرجل كان كيحكم), disent ses adversaires. Il avait effectivement « le bras long » pendant longtemps. C’était surtout un « lobbyiste » efficace qui a su rallier au Makhzen de nombreux opposants de l’époque Hassan II, dont Driss Benzekri et autres…

Après l’échec aux élections de 2016 et les événements du Rif de 2017, il a réussi à rebondir et décrocher le poste de président de la région Tanger – Tétouan – Al Hoceima.

Il s’y accrocha pendant quelque temps avant d’être obligé de rendre les clefs et passer sous les radars…

Mais, ce jeudi 14 septembre 2023, Ilyas renaît de ses cendres, tel un phénix, en faisant une sortie médiatique « insolite » sur les réseaux sociaux. Il portait des lunettes noires, une casquette et un micro à la main dans la zone sinistrée du Haouz. Il interviewait des parents de victimes et commentait l’actualité en arabe et en Amazigh en direct sur la chaîne Cap Radio, dont il est devenu tout récemment le principal actionnaire.

À 57 ans, cet ancien chef d’entreprise de carton et d’aluminium s’était lancé dans la politique en 2007 et même lancé des journaux car il ne manquait pas de « thunes », mais il n’a jamais été journaliste. Sinon ses collègues, Benkirane et Chabat auraient fait de même.

La question qui se pose : Ilyas veut-il défier ses adversaires en revenant sous les feux de la rampe? Veut-il retrouver « la crédibilité » de jadis à travers une tragédie humaine dans le Haut Atlas et où tout le monde est mobilisé pour donner un coup de main physiquement et matériellement ?

Pour ne pas oublier : on n’a pas vu Ilyas sortir son chéquier et contribuer avec un million de dirhams par exemple, ou même dix millions de dirhams ? Il n’est nullement dans le besoin, et ne me demandez pas surtout comment il est devenu riche …

Maintenant « Ssi Ilyas » habite une villa dans le quartier chic de Souissi, comme tous les manitous de la politique, qui hier était à gauche proche du prolétariat et aujourd’hui se sont éloignés des quartiers populaires comme Yacoub El Mansour. Question de statut et surtout d’image, dit-on.

Les familles et les survivants du tremblement de terre de, ce vendredi noir du 8 septembre, sont en deuil et le peuple marocain avec. Ilyas le sait mais son ego ne l’a pas empêché de jouer « l’illusionniste » (بائع الأوهام) afin de faire le buzz à travers une polémique avec les journalistes qui crient au « scandale » quand ils ont vu « Bailey’s », comme l’appelle un ami, jouer le rôle d’un reporter professionnel et commentateur d’actualité.

In fine, qui a dit que « tous les chemins » ne mènent-ils pas au journalisme ? Ilyas veut emprunter l’un de ces chemins, même si cela risque de tourner au ridicule.

Mutadis mutandis

Des comics sur la Toile illustrent l’état d’esprit de la nouvelle « vedette » de CAP Radio, qui apparemment s’est mis sur le mauvais cap, sachant bien que les temps ont bien changé…

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