« L’homme humble ne se croit pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire supérieur. Il n’ignore pas ce qu’il vaut, ou peut valoir. Il refuse de s’en contenter », affirme un philosophe français.
Mustapha Baïtas a souvent déclenché de multiples vagues de critiques (méchantes parfois) sur les réseaux sociaux, notamment de la part des journalistes pour qui, dit-on, « il a peu de respect », même si lui, dit le contraire.
Cette fois-ci, des influenceurs et des journalistes ont tiré à boulets rouges, non sur les déclarations de Ssi Baïtas en tant que porte-parole du gouvernement, mais sur un certain « exhibitionnisme » et un comportement ostentatoire, après son retour du pèlerinage à la Mecque.
À Ssi Baïtas, souhaitons avant toute chose : « حج مبرور وسعي مشكور وذنب مغفور » (un heureux pèlerinage … et des péchés pardonnés).
À dire vrai, cet homme de 40 ans (l’âge de la sagesse) n’a pas commis de péchés graves, sinon un désir naturel de reconnaissance et d’éloges de la part de sa tribu, et ce, après avoir grimpé les échelons en réussissant à se distinguer au sein de son milieu modeste à Sidi Ifni, avant d’accéder à la députation, puis devenir porte-parole du gouvernement Akhannouch et enfin propriétaire – – par un coup de baguette magique – – d’un troupeau « respectable » de chameaux, sans parler de la notoriété et de l’influence dans la capitale politique du royaume.
Et dire qu’au Maroc, il n’y a pas « d’ascenseur social » ?
Abstraction faite de la polémique autour d’une « fiesta avec ses tagines copieux et chameaux etc… » et de la survivance de pratiques « féodales », le véritable reproche : un ministre dans l’exercice de ses fonctions doit-il accepter des cadeaux et des dons ? Ici on ne parle pas de modestes cadeaux parfois
symboliques, tels que les pains de sucre, comme le veut la tradition, mais on parle de dizaines de chameaux qui coûtent des millions chacun. Chaque dromadaire porte le nom du généreux donateur que Ssi Baïtas doit remercier un jour ou l’autre et surtout « ne pas oublier » le temps des élections…
À noter que cet homme politique a bien dirigé la délégation officielle marocaine à la Mecque cet été et à bénéficié des frais de déplacement et autres, en d’autres termes, un voyage en première classe et un hôtel 5 étoiles aux frais des contribuables?
Et quoique cette mission revêt un caractère spirituel avant toute chose, ce n’était pas suffisant pour un homme ambitieux, telque Haj Baïtass. Le politique a besoin d’adrénaline, de flashs, de caméras et de tapage médiatique pour marquer son territoire en tant que « nouveau notable » et en attendant les prochaines élections qui seront cruciales en 2026, semble-t-il.
Bref, la question qui se pose aux yeux du public qui a vu et revu sur YouTube des images « choc » de la fameuse fiesta, se demande si le fait de recevoir des dons en nature, ne serait pas antinomique avec la possibilité d’accumulation de richesses? Par ailleurs, que dit la loi en vigueur sur la transparence dans ce cas de figure? Difficile à dire!
En fait, et « le sérieux » dans tout ça ?
En Août 2022, il y a juste un an, sur une page LinkedIn de la Jeunesse du parti RNI auquel le nom de Baïtas était associé, un post qu’on peut encore lire sur Internet en arabe et qui dit en substance : « Nous ne désirons rien, nous voulons juste que notre région devienne (développée) comme les autres regions … cette région (Sidi Ifni) souffre d’un manque terrible d’infrastructures et elle attend que quelqu’un fasse quelque chose afin d’aller de l’avant et qu’elle devienne comme les autres villes du Maroc ».
Un vœux pieux car cela me rappelle la pièce de théâtre « En attendant Godot », de Samuel Beckett. Sidi Ifni risque d’attendre longtemps l’homme providence…
En septembre 2008, on lisait avec consternation dans Le Monde Diplomatique ce severe constat : « Le Maroc demeure un pays féodal où quelques dizaines de familles… contrôlent — grâce à l’héritage, au népotisme, à la corruption et à la répression — les principales richesses du pays ».
Mutatis Mutandis
Dans le même ordre d’idées, une autre vidéo sur YouTube, datant de quelques temps, raconte l’histoire de mille et une nuit d’un agent d’autorité dans le Sud qui a marié sa fille. Ce dernier aurait reçu pas moins de 300 chameaux comme cadeaux et des dizaines de moutons qui ont été sacrifiés illico presto pour le « joyeux mariage ».
Le Haut Commissariat au Plan de Ssi Lahlimi nous parle de temps à autre de « la diminution du taux de pauvreté », mais il ne nous parle jamais du nombre croissant de ces nouveaux riches. Des millionnaires en dollars, en dirhams ou les deux, avec leur arrogance, leur gabegie, leurs voitures de luxe et un comportement ostentatoire qui frôle le ridicule, dans un pays où des millions de marocains vivent encore en dessous de seuil de pauvreté.
Deux mondes parallèles. Étrange?
Article19.ma