Kiosk – Sommet Russie-Afrique : que pèse réellement Moscou sur le continent ? (JA)

Quel est le niveau réel de l’influence russe sur le continent africain ? Économie, sécurité, vente d’armes, puissance diplomatique?

Pour Vladimir Poutine, c’était le test grandeur nature destiné à mesurer l’efficacité de sa politique africaine. Sur le plan des mathématiques diplomatiques, le sommet de Saint-Pétersbourg est en retrait par rapport à celui de Sotchi, en 2019 ; 43 chefs d’État et de gouvernement avaient alors fait le déplacement. Cette fois, aucun chiffre officiel n’a été communiqué, mais 17 chefs d’État et de gouvernement étaient présents, en plus des ministres des Affaires étrangères dépêchés sur place, selon le magazine parisien Jeune Afrique.

Sur le plan des images, le sommet qui doit se clore ce 28 juillet n’aura été qu’une semi réussite pour le chef de l’État russe. S’il est parvenu à rassembler autour de lui 15 chefs d’État du continent – dont deux putschistes, le Burkinabè Ibrahim Traoré et le Malien Assimi Goïta –, Vladimir Poutine n’a cependant pas réussi à faire un « sans faute ». Le Comorien Azali Assoumani, président en exercice de l’Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, le Congolais Denis Sassou Nguesso et le Bissau- Guinéen Umaro Sissoco Embaló ont en effet « boycotté » la traditionnelle photo de famille.

Il n’en reste pas moins que ce fut un sommet très suivi. Et, surtout, qu’il a permis à Vladimir Poutine de défendre une fois encore sa ligne de conduite : face à l’Occident honni, Moscou se présente comme un « rempart » contre les « ingérences » des anciennes puissances coloniales. Le président russe n’a pas manqué de saluer la tentative, en juin dernier, de médiation africaine dans la guerre que mène la Russie en Ukraine.

+ Poutine : « Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial » +

Armes, céréales et Wagner « Cela signifie beaucoup, car avant, les missions de médiation étaient monopolisées par des pays ayant soi-disant une démocratie avancée. Maintenant l’Afrique est aussi prête à aider à résoudre des problèmes qui semblent hors de sa zone d’intérêt prioritaire », a-t-il notamment déclaré.

Il a également défendu sa décision, il y a une semaine, de suspendre l’accord céréalier de la mer Noire, dont les conséquences pour de nombreux pays du continent pourraient être catastrophiques, tant la dépendance au blé ukrainien et russe y est forte.

Pour répondre aux inquiétudes, Poutine a promis de livrer jusqu’à 50 000 tonnes de céréales gratuitement, et a assuré que le blocus imposé aux exportations ukrainiennes par voie maritime n’auraient pas d’incidence. « Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial », a-t-il affirmé.

Au-delà des discours, ce sommet a été une nouvelle occasion pour Moscou de défendre les bienfaits supposés de sa politique d’influence sur le continent, qui se déploie au niveau sécuritaire, économique et politique. Si la Russie est loin derrière l’Europe, la Chine et les États-Unis sur le plan des échanges commerciaux, elle est encore le principal exportateur d’armes vers l’Afrique.

Surtout, de la Centrafrique au Mali en passant par le Soudan – et bientôt le Niger ? – son influence ne cesse de s’étendre, notamment via Wagner, malgré la rébellion récente d’Evgueni Prigojine.

(Source : Jeune Afrique)

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