Impasse – En Tunisie, le président Kaïs Saïed impuissant face à “la crie du pain”

La crise du pain en Tunisie inquiète. Craignant la colère populaire, le président Kaïs Saïed continue de refuser les recommandations des bailleurs étrangers (Banque mondiale et FMI) de lever les subventions sur les matières de première nécessité, notamment la farine qui est utilisée dans la fabrication de pain.

Selon nos confrères tunisiens de Kapitalis.com, les citoyens tunisiens, plus précisément ceux appartenant à la classe pauvre et moyenne, « trouvent de plus en plus des difficultés à se procurer cette denrée très essentielle dans leur alimentation ».

Et d’ajouter que les files d’attente devant les boulangeries deviennent une scène de plus en plus habituelle, alors que certains boulangers ont fermé pour manque de farine.

+ Pratiques frauduleuses +

Cette situation est due en partie à une classification mise en place en 2011, selon laquelle les boulangeries en Tunisie sont réparties entre “classées” et “non-classées”, rappelle Kapitalis. Les premières vendent leur pain à un prix fixe et accessible pour la classe pauvre, et ce grâce à la farine subventionnée par l’État. Les secondes vendent des variétés de pain à des prix non fixés par le département du Commerce.

Mais concrètement, cette classification montre ses limites: la farine subventionnée fournie par l’Office de céréales via les minoteries, finit souvent entre les mains des boulangeries non-classées qui, pourtant, vendent leurs produits à des prix élevés, analyse le média tunisien. Ce détournement de la farine subventionnée provoque des pénuries chez les producteurs de pain classé, et impacte par conséquent leur capacité de production, provoquant ainsi les fameuses files d’attente.

+ Quel avenir pour les subventions de l’État ? +

Kaïs Saïed a annoncé une série de mesures pour faire face à ce problème, et plus globalement aux différentes pratiques frauduleuses qui visent à faire augmenter les prix, et donc à menacer la paix sociale dans le pays. En d’autres termes, le chef d’État considère que le système de subvention n’est pas mauvais en soi, mais c’est son détournement par certaines parties qui pose problème.

Selon Kapitalis, le problème est plus profond: « l’État n’a pas les moyens de contrôler tous les fraudeurs, aussi bien dans la farine que dans les autres denrées de première nécessité, ce qui fait que le système de subvention restera toujours un casse-tête pour les autorités ».

Et puis, pour revenir à l’exemple du pain, c’est surtout la pénurie de farine qui ouvre la porte aux pratiques illicites. Laquelle pénurie est le résultat des difficultés financières de l’État et son incapacité à importer des quantités suffisantes de blé. La solution serait donc de réformer, voire supprimer tout ce système de la compensation, conclut la même source.

Article19.ma