France / Maroc – Un « 14 Juillet » à Rabat, pas comme les autres…

Comme à l’accoutumée, la cérémonie de la fête nationale du 14 Juillet, à la Résidence de France, a été réglée comme du papier à musique afin d’accueillir convenablement des centaines d’invités.

Au menu: de la musique entre autres, ainsi que l’hymne national marocain chanté par l’artiste Mme Bennani accompagnée d’un pianiste marocain.

L’audience notera que l’ambassadeur de France, Christophe Lecourtier, flanqué de la Consule générale et de sa Conseillère politique, a préféré — contrairement à ses prédécesseurs — prononcer son discours politique avant les hymnes nationaux. Une question de style, ou comme on disait autrefois « Le style est l’homme même ».

Ce vendredi 14 juillet 2023, M. Lecourtier a prononcé une allocution relativement breve, illustrée de chiffres et de métaphores, pour réaffirmer une nouvelle fois la solidité des relations franco-marocaines, et ce, malgré la zone de turbulences qu’elles traversent depuis un bon moment.

Avant de reprendre quelques extraits de son discours, les invités dont de nombreux diplomates européens ont relevé que le ministre marocain de l’Agriculture, Mohammed Sadiki a été le seul représentant officiel de haut rang present à cette cérémonie. Par ailleurs, M. Sadiki a appliqué à la lettre la sagesse arabe : « Si la parole est d’argent, le silence est d’or ».

À noter au passage, le temps des discours fleuves en français à la Résidence, des ex chefs de gouvernement Benkirane et El Othmani, semble bien lointain… « The Times They Are a-Changin’ », disait Bob Dylan.

Verbatim
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M. Le Courtier : « C’est pour moi une grande joie et une réelle fierté de vous accueillir, ce soir, à la Résidence de France, pour célébrer avec vous notre fête nationale.

Une grande joie, d’abord, sur le plan personnel. Comme j’ai eu souvent l’occasion de le dire, je n’aurais pu imaginer plus belle affectation que le Maroc, « mon pays de cœur », auquel de si nombreux liens – et tant de souvenirs ! – me rattachent depuis toujours. De chacune de mes visites dans ce pays que j’aime tant, je ressors encore plus convaincu de l’incomparable énergie des Marocains mais aussi de la densité extraordinaire de la relation avec la France. »m

– Le Maroc est d’abord un modèle dans la région, en matière de stabilité politique et sociale, de sécurité et de développement économique. La pandémie, la guerre en Ukraine et la sécheresse l’ont éprouvé mais il a démontré sa capacité à maintenir sous contrôle ses finances publiques et intacte sa volonté de poursuivre de grandes réformes.

Le Maroc est aussi un partenaire toujours plus essentiel de l’Europe, qu’il s’agisse de la protéger de la menace terroriste ou des trafics, d’offrir à ses acteurs économiques des relais de proximité ou nous proposer des alternatives décarbonées aux énergies fossiles.

Chacun le mesure : le Maroc est aussi une puissance régionale et africaine, dont la projection sur le continent joue un rôle profondément stabilisateur. C’est enfin un acteur mondial, aux impulsions décisives, notamment pour la protection de nos biens communs.

Je veux le dire avec force et avec clarté : avec ce Maroc qui a tant d’atouts, la France, qui – parfois dans le tumulte – change et se modernise, est déterminée à approfondir un partenariat qui peut relever bien des défis et apporter bien des réponses, pour nous-mêmes et pour le Maroc bien sûr, mais aussi pour le continent africain et pour le monde.

J’aimerais, pendant un instant, braquer le projecteur sur trois dimensions de ce partenariat, qui n’en épuisent pas la richesse mais qui sont exemplaires parce qu’elles se situent au cœur des enjeux de demain, pour l’un et l’autre pays.

La première est celle du capital humain, parce que, Français comme Marocains, nous avons, chevillée au corps, la conviction que le développement d’une nation passe par le développement de chacun, c’est-à-dire par l’éducation et par l’accès à la culture.
L’éducation, ce sont par exemple les 48.000 élèves du réseau français, la première communauté scolaire internationale du Maroc ; les 40.000 élèves qui apprennent notre langue à l’Institut français ou les presque 10.000 enseignants et cadres du système éducatif marocain qui y sont formés chaque année.

Ce sont les 46.000 Marocains qui étudient en France, où ils forment la première communauté étudiante étrangère. Et je n’oublie pas le réseau Africa Sup, qui rassemble les campus que 7 grandes écoles françaises ont ouverts au Maroc, au plus près des étudiants marocains. Tout ceci bien sûr ne date pas d’hier et c’est « un plébiscite de tous les jours » – mais c’est le socle sur lequel nous sommes résolus de continuer à construire et à moderniser.

En matière culturelle aussi, la France et le Maroc font beaucoup ensemble. Alors que le Maroc consent des investissements très importants dans ce domaine, et entend notamment faire de Rabat une capitale culturelle africaine, la France ne négligera aucun moyen pour partager son expertise, dans les domaines muséal et institutionnel ; elle continuera de programmer une action culturelle ambitieuse à travers les douze établissements de l’Institut français du Maroc, le plus important du réseau français à l’étranger… »

Le deuxième enjeu est celui de l’appui au développement économique, durable et inclusif du Maroc tel qu’il a été défini dans le Nouveau modèle de développement : une feuille de route si exemplaire que l’Agence française de développement, dont le Maroc est le premier partenaire au monde, en a fait sa propre boussole. La prospérité, les compétences, l’inclusion, la durabilité et l’audace : ces cinq défis, ce sont d’ailleurs tout autant ceux du Nouveau modèle de développement que ceux de la France d’aujourd’hui.

Présente aux côtés du Maroc, avec plus de 7Mds€ engagés en 30 ans, l’Agence française de développement est sur tous les fronts : l’investissement privé, l’inclusion socio-économique des jeunes, la décarbonation de l’économie ou encore la résilience écologique et sociale des territoires. Elle s’apprête aujourd’hui à étendre le réseau des instituts à gestion déléguée, qui a dispensé à 40.000 jeunes une formation adaptée aux besoins des entreprises.

Le troisième enjeu est celui de l’approfondissement continu d’un partenariat économique mutuellement bénéfique entre la France et le Maroc…

J’ai bon espoir que nous puissions retrouver dans les meilleurs délais les chemins d’un dialogue rénové et plus ambitieux encore que jamais. J’y travaille pour ma part sans relâche.

Ainsi que l’a écrit Albert Camus : « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ».

Tous ces chantiers, tous ces défis, je me réjouis de les mener à bien, dans cette seconde partie de mon mandat, avec vous tous – vous qui faites vivre la relation franco-marocaine chaque jour que le soleil, l’espérance et la providence éclairent. »

Vive le Maroc !
Vive la France !
Vive l’amitié franco-marocaine !

Article19.ma