Magasins pillés, locaux et véhicules incendiés, routes coupées, représentants de l’État attaqués .. Les images d’une France qui s’embrase font le tour du monde, alors que plusieurs secteurs commencent déjà à dresser un tableau effrayant des pertes subies.
Lors de la cinquième nuit des violences (du samedi 1er au dimanche 2 juillet), 719 personnes ont été interpellées -dont 315 à Paris et en proche banlieue- contre 1.300 lors de la nuit précédente, alors que 45 policiers et gendarmes blessés, 577 véhicules et 74 bâtiments ont été incendiés, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Au total, 249 policiers ont été blessés lors des cinq premiers jours des affrontements.
Et pour ce dimanche, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé la reconduction d’un dispositif de 45.000 policiers et gendarmes sur tout le territoire français, dans une tentative d’endiguer la vague de violence. C’est le même nombre mobilisé la veille.
+ « Arrêtez, c’est des mamans qui prennent les bus » +
Outre ce dispositif sécuritaire, les autorités françaises ont décidé également d’annuler plusieurs grands événements programmés.
De son côté, la grand-mère de Nahel a lancé, ce dimanche, un appel au calme aux jeunes émeutiers. « Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus », a exhorté Nadia sur BFMTV. « Arrêtez, c’est des mamans qui prennent les bus (…) On veut que ces jeunes-là restent tranquilles ».
« Fatiguée », « dévastée », elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste « comme tout le monde », en assurant avoir « confiance en la justice ».
Sur le plan politique, le président français Emmanuel Macron s’est réuni, ce dimanche soir à l’Élysée, avec sept ministres et leur a demandé de « continuer à tout faire pour rétablir l’ordre et garantir le retour au calme », selon la chaîne BFMTV. Le chef de l’État a indiqué également que « le gouvernement devait continuer à être aux côtés des policiers, gendarmes, magistrats, greffiers, pompiers, élus mobilisés jour et nuit depuis cinq jours », révèle la même source.
Une nouvelle sortie qui confirme le discours intransigeant des autorités françaises vis-à -vis des émeutiers depuis le début de la crise. À souligner toutefois que Macron avait dénoncé, mercredi dernier lors d’une visite à Marseille, un acte « inexplicable » et « inexcusable » de la part du policier ayant tué le jeune Nahel, ajoutant que « rien ne justifie la mort d’un jeune ». Une tentative d’éviter l’embrasement qui n’a finalement pas eu l’effet escompté.
Manifestations et violences après la mort de Nahel: le point sur la réunion qui s'est tenue ce dimanche à l'Élysée⤵ pic.twitter.com/xVOFy9x4Tg
— BFMTV (@BFMTV) July 2, 2023
+ La France s’attaque aux « profonds problèmes de racisme » parmi les forces de l’ordre +
À l’issue de la réunion de ce dimanche soir à l’Elysée, il a été convenu également que le président de la République reçoit, demain lundi, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, ainsi que 220 maires des communes qui ont été touchées par les émeutes. Tandis que la première ministre, Elisabeth Borne, reçoit, le même jour à Matignon, les présidents de groupes parlementaires à l’Assemblée nationale « dans une logique d’échanges ».
De son côté, le président du parti Les Républicains (droite républicaine), Éric Ciotti, a indiqué que « nous (avions) besoin d’unité nationale dans ces moments ». « Je soutiens les policiers de toutes mes forces, les gendarmes et ceux qui les commandent », a-t-il ajouté, estimant qu' »on a besoin d’unité pour rétablir l’ordre républicain ».
La France insoumise, principale force de gauche du pays, a été accusée, par ses adversaires politiques, notamment au sein de l’extrême droite, d’”aggraver la situation” en refusant de condamner les violences dès le début.
Mais depuis, le discours a changé, et les condamnations des affrontements émanent de tous les bords politiques. Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI et candidat malheureux à la Présidentielle, s’est dit « partager l’effroi de la famille » du maire de L’Haÿ-les-Roses”, attaqué à la voiture bélier à son domicile, dans la nuit de samedi à dimanche.
À l’étranger, le Olaf Scholz chancelier allemand s’est dit « préoccupé » ce dimanche par la poursuite des émeutes qui ont mené à l’annulation de la visite d’État prévue en Allemagne du président Emmanuel Macron.
« Nous observons bien sûr avec préoccupation » ce qui se déroule en France, et je suis totalement persuadé, que le chef de l’Etat français trouvera les moyens de faire en sorte que la situation s’améliore rapidement », a déclaré Olaf Scholz dans une interview à la chaîne de télévision publique ARD.
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré vendredi qu’il était temps que la France s’attaque aux “profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre”.
Une déclaration qui ne passe pas auprès de Paris. Les autorités françaises se sont fendues d’un communiqué dans lequel elles assurent que “toute accusation de racisme ou discrimination systémiques par les forces de l’ordre en France est totalement infondée”.
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