Dans un article publié sur le site Eurobserver, journal en ligne spécialisé dans la politique des institutions de l’Union européenne, Mohammed Benchaâboun, Directeur général Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Mohamed Benchaabou revient sur le potentiel du Maroc comme destination d’investissements étrangers, et les grandes mesures adoptées par le Royaume afin de concrétiser et profiter de sa situation en tant que hub entre l’Afrique et l’Europe.
Voici l’intégralité de l’article traduit de l’anglais:
Le Maroc est généralement associé à son environnement d’affaires stable et prévisible par rapport à ses pairs régionaux. Il occupe la première place dans l’indice de stabilité politique de la Banque mondiale pour l’Afrique du Nord, et son cadre économique est également prometteur.
Le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord à figurer dans le Rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial, et il occupe le troisième rang au niveau de la région MENA dans le classement « Doing Business » dela Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires.
Des années de stabilité et de développement ont également apporté de nouvelles opportunités parce que, en arrière-plan, le Maroc développe depuis longtemps ses secteurs de l’énergie verte et de l’agriculture, ainsi que des infrastructures clés qui le relient aux marchés mondiaux.
Son emplacement, son environnement commercial stable et ses références écologiques en font une destination de choix pour les investisseurs européens à la recherche d’opportunités dans un endroit proche de chez eux et connecté aux principales routes commerciales atlantiques et méditerranéennes.
Et maintenant, plus que jamais, il y a de bonnes raisons d’espérer que le Maroc remplira son rôle de plaque tournante naturelle entre l’Europe et l’Afrique.
La pierre angulaire de l’investissement dans le Maroc moderne
En 2020, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le gouvernement marocain a lancé un fonds souverain stratégique pour aider le pays à se rétablir : le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Celui-ci veut jouer un rôle de premier plan dans l’investissement et la relance de l’économie locale. Comme l’économie marocaine a connu une forte croissance, le fonds est venu soutenir les grands projets d’infrastructure qui sous-tendent notre base de production industrielle moderne.
Le Fonds d’investissement Mohammed VI accélérera le rythme des investissements, favorisera l’action du secteur privé et stimulera la croissance économique et la création d’emplois. Mais par-dessus tout, la pierre angulaire de la mission du Fonds sera de faire entrer au Maroc l’économie de demain. Vert, numérique et robuste, le Fonds garantira une croissance inclusive et durable pour les citoyens du Maroc et leurs partenaires en Europe et en Afrique.
L’énergie verte de demain
Face aux défis climatiques qui se profilent à l’horizon, l’Europe et le Maroc doivent envisager de nouvelles et propres façons d’alimenter leurs économies. La Commission européenne a identifié l’hydrogène comme une source d’énergie de premier plan pour son futur mix énergétique. Les efforts nécessaires pour réorganiser l’économie européenne et l’aider à faire la transition vers l’hydrogène seront considérables.
C’est pourquoi une série de programmes et même une banque d’hydrogène seront mis en place pour aider les parties prenantes pendant la transition. Le Maroc est fermement résolu à devenir l’un des principaux exportateurs d’hydrogène vert vers l’Europe. Elle fait partie des 30 pays pionniers à développer une stratégie pour l’hydrogène et, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, elle est sur le point de devenir une plaque tournante mondiale pour la production d’hydrogène vert d’ici 2050, lorsqu’elle se classera parmi les cinq premiers producteurs mondiaux.
Cependant, il faut prévoir un financement approprié. Le Fonds Mohammed VI sera un programme fermement engagé dans le financement de projets écologiques et éthiques.
Et nous avons de bons antécédents en matière de réalisation efficace de projets d’énergie verte, car des avancées remarquables ont été réalisées dans le domaine de l’environnement au cours des deux dernières décennies.
Des politiques appropriées ont été conçues pour aider le pays à tirer parti de ses avantages géographiques remarquables de manière durable. Le Maroc a environ 3000 km de côte et une exposition élevée au soleil facilitant une production abondante d’énergie éolienne et solaire. Les énergies renouvelables représentent désormais 37 % de la capacité de production d’énergie du Maroc en 2020, avec un objectif de 52 % pour 2030.
Ses politiques et ses engagements sont sur le point d’être conformes à l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C. Concernant ces engagements, le gouvernement a réduit les subventions aux combustibles fossiles de 6,5 milliards de dollars [5,92 milliards d’euros] en 2012 à 1,1 milliard de dollars en 2016, éliminant complètement celles sur l’essence et le mazout. Tout cela a poussé Rabat à atteindre la cinquième position de l’indice de performance climatique du pays en 2022.
Cela crée de nouvelles opportunités pour le Maroc de contribuer au mix énergétique renouvelable de l’Europe. Des entreprises d’Israël, du Royaume-Uni et des États-Unis en profitent déjà. Le projet Xlinks Morocco-UK Power Project, une installation de production d’électricité entièrement alimentée par l’énergie solaire et éolienne située à Guelmim Oued Noun, en est un bon exemple.
En juillet 2022, les États-Unis ont lancé une étude de faisabilité pour la construction d’un réseau intelligent à Marrakech, qui pourrait servir de modèle à d’autres villes du pays. Le projet vise à minimiser les pannes et à accroître la présence d’énergie renouvelable dans l’ensemble du réseau. Il s’inscrit également dans le plan de l’Administration visant à connecter l’industrie américaine aux projets d’infrastructure d’énergie propre dans les marchés émergents. En août 2022, deux entreprises israéliennes ont signé un accord de coopération avec Rabat pour de nouveaux projets d’énergie solaire et éolienne. L’Europe aussi doit être présente ici.
Avec des études montrant que le Sahara pourrait satisfaire 10% des besoins énergétiques européens grâce aux énergies renouvelables, les dirigeants politiques et commerciaux peuvent capitaliser sur cela. Le cadre réglementaire est déjà en place.
L’UE et le Maroc ont signé le tout premier partenariat vert qui soutient la production et l’adoption d’énergies renouvelables par les industries et les consommateurs des deux côtés de la Méditerranée.
Cela peut s’appuyer sur un programme lancé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement en 2015, fournissant une facilité de 110 millions d’euros pour l’énergie durable au Maroc.
En collaborant activement avec le secteur privé du pays, cette initiative débloque des investissements pour créer une économie verte et concurrentielle. L’impact sur l’économie locale est déjà évident. Des études montrent que le secteur des énergies renouvelables du Maroc pourrait générer entre 267.000 et 482.000 emplois d’ici 2040, ce qui permettrait de protéger la région contre de futurs chocs.
Regarder vers l’avenir
En guise de conclusion, j’aimerais faire une comparaison entre mon pays et la réussite économique de Singapour. Tout a commencé lorsque la petite Cité-Etat a offert aux investisseurs étrangers les installations qui en ont fait un centre économique ayany ouvert l’Asie au reste du monde.
Selon un rapport de l’ONU de 2022 sur les perspectives de la population mondiale, le continent africain connaîtra une croissance démographique sans précédent et, d’ici 2050, 25 % de la population mondiale sera en Afrique.
Non seulement cela, mais nous sommes dans la phase initiale de la création de notre propre marché unique, la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA), sur le modèle de celle de l’UE. Le Fonds souverain Mohammed VI a pour ambition de faire du Maroc une partie essentielle de cet immense marché et de traduire ce potentiel en prospérité partagée pour tous.
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