Étude – Les femmes marocaines « transforment leurs horizons » dans le monde rural (Fondation Haut Atlas)

Constat. La Fondation Haut Atlas a partagé une étude de recherche qui révèle l’impact communautaire positif des initiatives agricoles durables lorsqu’elles sont précédées d’ateliers d’autonomisation des femmes, conduisant à une action participative, à l’amélioration du bien-être communautaire et à la décentralisation.

Pour rappel, depuis 2016, la Fondation Haut Atlas a mis en place des ateliers de découverte de soi qui encouragent et équipent les femmes à reconnaître leur valeur intrinsèque, à identifier leurs objectifs et à envisager stratégiquement leurs projets d’avenir.

Le programme « Imagine » se déroule sur quatre jours et offre un espace pour poursuivre l’autonomisation personnelle et collective, le programme utilise une approche basée sur les droits qui intègre le Code de la famille du Maroc – Moudawana – et facilite l’exploration par les femmes de leurs protections juridiques. Les activités de construction de coopératives permettent également aux femmes d’accroître leur indépendance financière et d’accéder à un développement équitable.

+ Expérience « Imagine » +

La Fondation Haut Atlas a récemment mené une analyse d’impact comparative avec deux groupes de femmes dans la commune rurale de Toubkal de la province de Taroudant suite à deux actions climatiques.

En 2017, la Fondation a organisé une expérience d’autonomisation et de développement « Imagine » avec des femmes du village d’Aguerzrane. Au cours de l’expérience, les participants ont examiné les relations sociales dans leur vie qui influencent leur capacité à atteindre leurs objectifs. Tout au long de l’atelier, les participants ont approfondi leur vision du travail et de l’argent, des émotions et du corps, de la sexualité et de la spiritualité (dans un contexte maroco-islamique), et leur vision de l’avenir.

Après l’expérience de planification participative, les femmes d’Aguerzrane ont décidé de construire une pépinière d’arbres fruitiers et d’herbes médicinales biologiques. Cette méthode de culture, ont réalisé les femmes, générerait des revenus grâce à la vente de plantes dans leur région et contribuerait aux besoins actuels des ménages de la communauté.

La pépinière a été construite en 2018 sur des terrasses agricoles nouvellement construites sur des flancs de montagnes autrefois en érosion, et la pépinière fonctionne de manière productive depuis. La formation technique régulière a été assurée par des volontaires hautement qualifiés dans le cadre du programme « Farmer-to-Farmer » (agriculteur à agriculteur) de l’USAID.

+ Importance de l’éducation des femmes dans la réussite des projets +

Le deuxième village, Missour, est à un kilomètre au nord d’Aguerzrane. En 2018, la Fondation a reçu une demande de ses agriculteurs pour des cerisiers, des noyers et des amandiers, et elle a répondu à la demande. L’atelier « Imagine » et les méthodes participatives n’ont pas été facilités dans cette communauté, mais les agriculteurs ont reçu, planté et entretenu les arbres en fonction de la quantité et de la variété qu’ils préféraient.

La Fondation a ensuite assisté une étude de thèse de diplôme qui a examiné l’effet social et économique sur les deux villages : Aguerzane, qui a participé à l’atelier d’autonomisation des femmes avant de recevoir des semences et du matériel ; et Missour, où les arbres ont été fournis sans planification participative inclusive. La chercheuse, Nora Martetschläger, a passé trois mois à vivre avec les communautés, s’engageant dans des procédures de collecte de données individuelles et communautaires pour analyser la pauvreté multidimensionnelle.

Dans son résumé publié de l’analyse, Nora a constaté que « bien que l’autre village [Aguerzane], où moins d’arbres ont été plantés, ait globalement moins bien réussi sur la plupart des indicateurs de pauvreté, la participation des femmes à l’éducation et à l’emploi était plus élevée en raison d’une plus grande prise de conscience individuelle et collective et action dans ces domaines.

À Missour, cependant, il y avait un avantage de revenu négligeable pour les femmes malgré les augmentations signalées des revenus du ménage et de la sécurité alimentaire. Il n’y a pas eu d’augmentation de la participation des filles à l’éducation ou de l’alphabétisation des femmes. Cependant, deux familles ont déménagé en ville – probablement en partie grâce aux nouveaux revenus – où il y a plus de possibilités pour les filles de participer à l’éducation.

+ Autonomisation des femmes +

Cette étude met en lumière un défi important dans le lien entre l’autonomisation des femmes et l’action climatique évolutive pour un changement systémique inclusif et la résilience nationale. Les ateliers d’autonomisation des femmes de HAF se sont révélés être une stratégie efficace pour améliorer le développement durable intersectoriel. Cependant, la demande pour de telles stratégies est limitée par la capacité organisationnelle.

Après avoir examiné l’étude de Nora, la Fondation a pris des mesures correctives à Missour en animant des ateliers Imagine. Les fonds de la Darden School de l’Université de Virginie seront utilisés pour construire des terrasses agricoles sur un flanc de montagne en érosion que la communauté du Missour a désigné pour le groupe de femmes.

Cependant, le problème limitant de la capacité demeure : la Fondation compte 15 formateurs en autonomisation et prévoit de planter au moins 1,7 million d’arbres avec 10 000 familles d’agriculteurs dans 160 municipalités cette année. Ces objectifs sont révélateurs d’un défi structurel plus large à la mise en œuvre de solutions stratégiques conçues par la communauté, la Fondation manque de fonds et de personnel pour mettre en œuvre et surveiller l’agriculture intelligente face au climat afin de s’assurer que les femmes et les filles en sont les bénéficiaires directs, malgré une stratégie pour atteindre l’échelle nationale.

Cette étude révèle également les défis potentiels à la mise en œuvre de la décentralisation sans d’abord solidifier les expériences participatives au niveau local. Le pouvoir infranational accru offert par la décentralisation enracinera les stratifications de classe et de genre existantes dans les juridictions infranationales. Les projets agricoles intelligents face au climat pourraient avoir le même effet d’affirmer une répartition inéquitable du pouvoir et des ressources si ces projets ne sont pas fondés sur des expériences participatives.

La participation et la gestion des femmes et des filles dans toutes les phases du développement doivent être au premier plan pour que les actions climatiques aient un impact positif sur leurs vies, leurs familles, leurs communautés et leur pays.

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