Crise politique – Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahdha arrêté par la police à Tunis

En Tunisie, la vague d’arrestation d’opposants au président Kaïs Saïed se poursuit sur fond de crise socio-économique. Lundi 17 avril, c’est le vieux chef du parti islamiste Ennahda que la police vient d’interpeller avant de le mettre à l’ombre.

Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissous en juillet 2021 par le président tunisien, est l’opposant le plus en vue au pays du jasmin à être appréhendé depuis le coup de force de Saïed qui a paralysé la Tunisie depuis deux ans.

Dans un communiqué, Ennahda a réagi farouchement en dénonçant ce qu’elle considère un « développement extrêmement grave », et appelle les autorités tunisiennes à libérer son guide spirituel et politique.

Pour rappel, l’arrestation de Ghannouchi intervient après des déclarations aux médias locaux, dans lesquelles il a affirmé que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si l’Islam politique, dont est issu son mouvement, y était interdit.

+ L’arrestation de Ghannouchi liée à ses déclarations +

Une source au ministère tunisien de l’Intérieur a confirmé que l’arrestation de Ghannouchi était liée à ses déclarations, selon l’AFP.

Opposant de premier plan sous les régimes de Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali, le retour au pays de Ghannouchi après vingt ans d’exil à Londres, à la suite de la chute du dictateur en 2011, avait été célébré par des milliers de personnes. Mais son étoile a progressivement pâli depuis la révolution, ses détracteurs l’accusant d’être un manœuvrier pragmatique prêt à tout pour se maintenir au pouvoir, affirme-t-on.

Ce mardi 18 avril l’arrestation du chef d’Ennahdha a été évoquée lors du point de presse quotidien du ministère français des Affaires étrangères à Paris.

La réponse de la porte-parole du Quai d’Orsay a été brève : « Nous avons appris cette nouvelle arrestation, qui s’inscrit dans une vague d’arrestations préoccupantes. » Et d’ajouter : « La France rappelle son attachement à la liberté d’expression et au respect de l’État de droit. Elle appelle les autorités tunisiennes à veiller au respect de l’indépendance de la justice et des droits de la défense «.

Le Quai d’Orsay n’en dira pas plus. Quant aux pays voisins de la Tunisie, ils observent sagement ce qu’on appelle le « wait and see ».

Article19.ma