Archéologie – L’INSAP lance des recherches pour « la localisation d’une pierre » portant des inscriptions Libyques

L’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine de Rabat (INSAP) a lancé les recherches visant la localisation d’une pierre portant des inscriptions en caractères de la langue amazighe antique, le libyque, qui aurait été découverte près de la ville d’El Jadida, et dont des photos ont été partagées récemment sur Facebook.

Cependant, les recherches effectuées par les services de la direction régionale du patrimoine et les autorités locales de la province d’El Jadida sur le site supposé n’ont pas permis de recueillir des informations claires et faibles sur la pierre en question, selon le site arabophone Hespress qui cite l’Institut d’archéologie de Rabat.

Abdelaziz El Khiyari, spécialisé dans les écritures anciennes et professeur à l’INSAP, qui a examiné les photographies, a confirmé qu’il s’agissait « d’une pierre tombale portant une inscription funéraire constituée d’une ligne verticale et écrite en caractères libyques ».

+ L’inscription remonte à bien avant l’avènement de l’Islam +

Il a indiqué au site arabophone Hespress que « l’inscription remonte à une ère ancienne d’avant l’avènement de l’Islam et est similaire à d’autres inscriptions précédemment trouvées à Ain Al Joumaa au sud de Casablanca), Sidi al-Arabi près de Mohammadia et Al Nakhila dans la région de Settat, et souk Jamaa près d’Al Maaziz.

« Comme les lettres de l’ancienne écriture amazighe changent d’une région à l’autre, elles ne peuvent provenir que de la région côtière entre Rabat et El Jadida », a-t-il fait savoir, estimant qu’il s’agit d’une découverte importante en ce sens que les découvertes de cette écriture dans cette zone restent très rares et sont au nombre de quatre seulement, contrairement à la région du nord.

Il a ajouté que d’autres inscriptions anciennes sont parfois découvertes par les promeneurs sans qu’ils les déclarent aux autorités compétentes malgré leur importance historique, indiquant qu’il ne suffit pas de les prendre en photo, mais de les signaler pour qu’elles soient examinées sur place par les archéologues qui procèderont aussi à des fouilles aux alentours pour en tirer un maximum d’enseignements.

L’expert a décrit les inscriptions en caractères libyques comme un « grand héritage » parce qu’il s’agit de « preuves tangibles sur l’existence d’une population qui accorde une place à l’écriture qui diffère selon les régions mais que l’on trouve à Tamesna et les villes préromaines.

« La plus ancienne écriture archéologiquement documentée en caractères libyques se trouve dans les sites marocains de Lexus et de Banasa et remonte au second siècle avant J.C. L’écriture libyque est une écriture distincte avec des caractères géométriques écrites verticalement, et lues de bas en haut », a-t-il précisé.

Selon lui, « l’importance de ces inscriptions n’est pas seulement liée à leur valeur historique, mais aussi pour parvenir à déchiffrer l’ancienne langue amazighe, dont les lettres libyques étaient utilisées de l’ouest de l’Égypte au Maroc, et de la Méditerranée jusqu’au Mali et au Niger, et qui étaient à l’origine du tifinagh et ont été préservées par les tribus touareg mais aujourd‘hui disparues d’Afrique du Nord ».

Concernant le contenu de l’inscription, il a indiqué que « cette écriture, que les premiers chercheurs appellent ‘écriture occidentale’, n’a pas encore été déchiffrée contrairement à ‘l’écriture libyque orientale’ de l’est algérien et de l’ouest tunisien, dont la prononciation phonétique de ses lettres a été déterminée, ce qui fait qu’elle est aujourd’hui lue, même si la langue n’est pas encore très bien connue ».

Pour le professeur, « nous n’en sommes encore qu’au début, et nous trouverons peut-être dans le futur des inscriptions bilingues qui nous aideront à déterminer les valeurs phonétiques des caractères libyques occidentales, puis viendra l’étape de l’interprétation de la langue et de ses textes ».

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