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Qatargate – L’histoire de l’ascension et la chute de la belle eurodéputée Eva Kaili lachée par ses pairs

La politicienne grecque Eva Kaili, aujourd’hui au centre du scandale « l’argent contre le vote » ou Qatargate, qui secoue le Parlement européen (PE), menait une vie de star de cinéma, selon un membre du Parlement européen, cité par le quotidien britannique The Financial Times (FT).

Elle passait son temps libre sur des yachts dans la mer Égée, dans des boites de nuit branchées à Athènes, traînant lors d’événements mondains avec des mannequins telle que Naomi Campbell et pendant les vacances d’été au refuge des Caraïbes du magnat Sir Richard Branson sur l’île Necker.

Le travail parlementaire l’impliquait dans des tables rondes avec des crypto milliardaires et l’amenait à effectuer des voyages à l’étranger, notamment au Qatar avant la Coupe du monde, en plus de la tâche plus banale de présider les débats en tant que vice-présidente du Parlement européen.

Aujourd’hui, l’ancienne présentatrice du journal télévisé, âgée de 44 ans, est renfermée dans une prison de la périphérie industrielle malpropre de Bruxelles, sous surveillance constante, en bénéficiant seulement de deux visites par mois, celle de sa fille de deux ans.

+ Accusée par les procureurs belges d’avoir accepté de l’argent et des cadeaux du Qatar en échange de ses votes +

Elle est accusée par les procureurs belges d’avoir accepté de l’argent et des cadeaux du Qatar en échange de ses votes sur des résolutions parlementaires importantes.

Kaili est-elle innocente, comme le prétend son avocat, séduite et dupée par son partenaire italien ? Ou a-t-elle profité d’un contrôle parlementaire laxiste pour se remplir les poches ?

Selon The Financial Times, la chute de Kaili a été rapide et brutale. Elle se trouvait dans le garage de son domicile à Bruxelles vers 10h30 le 9 décembre dernier, lorsque la police est arrivée pour arrêter son compagnon Francesco Giorgi et saisir sa voiture.

De retour à son appartement, elle a lu un article dans un journal local selon lequel Giorgi, un assistant parlementaire, avait été arrêté avec deux autres personnes soupçonnées de corruption, a indiqué son avocat Michalis Dimitrakopoulos.

Elle savait exactement qui appeler : Pier Antonio Panzeri, l’ancien député européen qui employait autrefois Giorgi et le voyait fréquemment. Il n’a pas répondu, car lui aussi avait déjà été arrêté.

Selon son avocat, Kaili a alors trouvé 300.000 € en espèces dans l’appartement. Elle croyait que l’argent – « un monstre » comme elle l’appelait – appartenait à Panzeri, aujourd’hui directeur d’une ONG de défense des droits humains. Elle appela son père, qui s’occupait de la fille qu’elle avait eue avec Giorgi.

Kaili a mis l’argent dans une valise – avec des couches et de la nourriture pour nourrisson – et a dit à son père de l’apporter à l’hôtel Sofitel près du parlement où un ami anonyme de Panzeri devrait le récupérer.

La police, qui la surveillait, a arrêté son père avant de le libérer plus tard dans la journée, mais cela a suffi pour lever l’immunité de Kaili en tant qu’eurodéputée : elle avait été prise « en flagrant délit », selon les procureurs, et a été arrêtée et inculpée de corruption et de blanchiment d’argent.

En attendant son procès, Kaili a choisi de passer son temps à faire le ménage, la cuisine et à fréquenter la bibliothèque de la prison. Mais elle a également été soumise à la « torture » en détention, allègue Dimitrakopoulos, selon qui elle a été détenue dans une cellule froide pendant un certain temps avec une lumière vive pour la maintenir éveillée pendant plus de 16 heures, et privée de contact avec son avocat pendant trois jours. Ce dernier a ainsi déposé une plainte mais le parquet fédéral belge s’est refusé à tout commentaire, selon FT.

La descente aux enfers de Kaili est une histoire de travail acharné et de réseautage encore plus laborieux.

Elle a été élue conseillère dans sa ville natale de Thessalonique à l’âge de 24 ans. Evangelos Venizelos, futur vice-Premier ministre, l’a prise sous son aile et deux ans plus tard, elle a obtenu un poste de présentatrice du journal de la chaîne d’information grecque Mega TV.

Kaili a été régulièrement photographiée dans les bars et restaurants les plus branchés d’Athènes en compagnie de dirigeants de télévision et de mondains athéniens bien nantis. Elle a été vue aux tables VIP des boîtes de nuit et des salles de concert, souvent accompagnée de l’oligarque gréco-russe Ivan Savvidi, ancien membre du parlement russe.

Elle s’était présentée avec succès au parlement national grec avec le parti de gauche Pasok en 2007 à seulement 29 ans, avant d’être forcée de renoncer à son siège par la direction du parti en 2012. Elle a obtenu un poste de responsable des relations avec la presse auprès d’un puissant homme d’affaires grec propriétaire de médias et de compagnies d’assurance.

Puis en 2014, elle a été élue au Parlement européen, où elle a travaillé principalement sur les questions de technologie et de la politique de crypto-monnaie avant d’être élue l’un des 14 vice-présidents du Parlement européen l’année dernière.

+ Surnommée « la reine Elizabeth » à cause de son comportement hautain +

En Grèce, elle a été décrite dans les médias comme une « étoile montante de l’UE », mais à cause de son comportement hautain les personnes qui travaillaient pour elle l’ont surnommée « la reine Elizabeth », selon un membre du personnel.

Panzeri, alors député européen, est devenu une de ses connaissances, selon plusieurs responsables parlementaires actuels et anciens.

Paul Tang, un eurodéputé néerlandais du groupe socialiste de Kaili, qui a travaillé avec elle sur des dossiers, et d’autres disent qu’ils se sont inquiétés du fait qu’elle était trop proche de l’industrie de la cryptographie et ont essayé de réduire son rôle sur ces questions.

Kaili faisait déjà l’objet d’une enquête avant son arrestation. Le 15 décembre, le procureur européen a demandé la levée de son immunité en raison de soupçons d’une escroquerie parlementaire plus courante : l’abus de fonds publics. Cependant, son avocat, Dimitrakopoulos, a refusé de commenter ces allégations.

Panzeri, qui a quitté le Parlement en 2019, a admis avoir dirigé une entreprise criminelle et a promis à la justice de donner tous les détails sur ses crimes et l’implication d’autres personnes en échange d’une peine plus légère.

Article19.ma

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