Doit-on prendre à la lettre ce que raconte Mike Pompeo, ex patron de la CIA ? Il raconte des choses intéressantes qui montrent comment l’administration Trump fonctionnait par rapport aux intérêts américains mais d’autres qu’il faut mettre au conditionnel. Pour rappel, en avril 2019 devant un parterre d’étudiants de l’Université A&M du Texas quand il a dit: « Nous mentons, trichons et volons et c’est la gloire de l’expérience américaine. » Je suppose que vous vous en souvenez tous très bien. » Affirmation qui a déclenché une tempête de critiques à l’époque.
Dans ses mémoires, « Never Give an Inch, Fighting for the America I Love » (Ne jamais céder un pouce, me battre pour l’Amérique que j’aime), l’ancien secrétaire d’État américain de l’administration Trump, Mike Pompeo, a évoqué de nombreux sujets, notamment l’affaire du journalisteet écrivain saoudien qui vivait aux États-Unis, a publié des articles d’opinion dans le journal « Washington Post » critiquant le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman.
Des documents de la CIA, précédemment dirigée par Pompeo, et déclassifiés par le président Joe Biden, ont révélé que Mohammed ben Salmane avait bien ordonné le meurtre de Khashoggi, qui avait été attiré au consulat saoudien à Istanbul et assassiné. Et son corps n’a jamais été retrouvé.
Le meurtre de Khashoggi a suscité l’indignation dans le monde entier, et des critiques par la Maison–Blanche en raison de sa réticence à critiquer l’Arabie saoudite, en particulier le prince héritier Mohammed Ben Salmane, proche de Jared Kushner, gendre de Trump et l’un de ses principaux conseillers.
La folie des médias
Pompeo, dans ses récents mémoires, a fermement défendu l’Arabie saoudite dans le meurtre de Khashoggi et a critiqué la réaction excessive des États-Unis. Pompeo a dénoncé le meurtre de Khashoggi, mais il a également écrit qu’il n’était pas un journaliste mais « un militant soutenant l’équipe perdante« . Il a critiqué ce qu’il a qualifié de « fausse colère » face à un meurtre qui « a rendu les médias plus fous qu’un végétarien dans un abattoir d’animaux ».
L’ancien secrétaire d’État américain a estimé que les relations diplomatiques de Washington avec l’Arabie saoudite revenaient à « faire un doigt d’honneur » aux médias américains. Pompeo s’était rendu à Riyad en octobre 2018, quelques jours après la mort de Khashoggi.
Pompeo a écrit sur le fait que Trump l’a chargé de se rendre en Arabie saoudite, en déclarant : « D’une certaine manière, je pense que le président m’a envié que je sois celui qui a pu lever le doigt d’honneur devant Washington Post, New York Times et d’autres parmi les poules mouillées qui n’ont rien à voir avec la réalité. »
Mike Pompeo ne conteste pas dans son ouvrage la responsabilité saoudienne, écrivant : « Cette boucherie grotesque était scandaleuse, inacceptable, horrible, triste, méprisable, diabolique, brutale et, bien sûr, illégale ».
« Mais ce n’était pas surprenant, pas pour moi, en tout cas. J’avais suffisamment connu le Moyen-Orient pour savoir que ce genre de cruauté était trop courant dans cette partie du monde », ajoute-t-il.
Il a également remis en question le fait que Khashoggi soit un « journaliste », se moquant des médias qui l’ont transformé en « Bob Woodward » le saoudien qui a été martyrisé pour sa critique courageuse de la famille royale saoudienne ».
Critiques
Fred Ryan, directeur général du Washington Post, a déclaré qu’il était « choquant et décevant » de voir le livre de Pompeo« déformer si outrageusement » la vie et l’œuvre de Khashoggi. « Son seul délit a été de dénoncer la corruption et l’oppression parmi les personnes au pouvoir – un travail que les vrais journalistes du monde entier font chaque jour », a écrit Fred Ryan. « Jamal s’est consacré aux valeurs de la liberté d’expression et d’une presse libre et s’est tenu aux normes professionnelles les plus élevées. Pour cette dévotion, il a payé le prix ultime ». « Il est honteux que Pompeo répande des mensonges ignobles pour déshonorer la vie et le service d’un homme courageux – et son engagement envers les principes chers aux Américains – comme un stratagème pour vendre des livres », a ajouté dans un communiqué Fred Ryan.
Dans sa propre critique des mémoires de Pompeo, le Washington Post a décrit le livre de Pompeo comme « vilain, avec une capacité extraordinaire à empoisonner la politique américaine ». Le journaliste Tim Weiner gagnant du prix Pulitzer, a ajouté : « La haine est la seule motivation de ce livre. Il a plus de venin qu’un cobra ne peut en supporter. »
Pompeo a répondu sur son compte Twitter : « Les Américains sont plus en sécurité parce que nous n’avons pas qualifié l’Arabie saoudite d’État paria. Je n’ai jamais laissé les médias m’harceler. Ce n’est pas parce que quelqu’un travaille à tempspartiel au Washington Post, ceci ne rend pas sa vie plus importante que celle de nos soldats dans des endroits dangereux afin de nous protéger tous, je ne l’ai jamais oublié. »
Khadija Gengis, la fiancée de Khashoggi, a également exprimé sa « peur et sa colère » sur Twitter. Elle a écrit que Pompeo « parlait sans respect ni humanité de quelqu’un qui a été brutalement assassiné ».
Hanan al-Eter, la veuve de Khashoggi, a accusé l’ancienne secrétaire d’État américaine d’avoir fabriqué des mensonges sur son défunt mari, tué au consulat saoudien d’Istanbul en 2018. Al-Eter a estimé que Pompeo échangeait la tragédie de son défunt mari, en diffusant sur son livre de « fausses informations ». Elle a dit : « Il ne connaît pas mon mari. Il devrait se taire et arrêter ses mensonges à propos de mon mari. Ce sont de fausses informations, c’est inacceptable. »
Réformiste
Pompeo a souligné que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est un réformateur qui « se révélera être l’un des principaux dirigeants de son temps et une véritable personnalité historique sur la scène mondiale ».
L’ancien secrétaire d’État américain a déclaré qu’au lieu de viser le prince héritier saoudien, il fallait orienter le contrôlevers le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a critiqué l’Arabie saoudite au sujet du crime, estimant que le dirigeant turc s’était « complètement transformé en tyran islamiste. »
Autres dossiers
Dans ses mémoires, Pompeo a évoqué de nombreux autresdossiers, et les plus remarquables sont les suivants :
Critiques
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu a critiqué les » informations mensongères » sur son pays que l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo contenait dans son livre. C’était en réponse aux questions des journalistes lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Don Pramudwinai dans la capitale, Ankara.
Le ministre a indiqué que Pompeo a écrit son livre pour lancer une campagne afin de se présenter à la présidence, ajoutant: « Je pense qu’il y a de graves informations fallacieuses pour éviter d’être soumis à une procédure judiciaire concernant leur soutien au terrorisme, puisque c’est un délit grave aux États-Unis. »
Par ailleurs, il a souligné que le livre contient des informations erronées qui sont décrites en termes diplomatiques comme « mensongères« , « exagérées » et à « doubles mesures ».
Çavuşoğlu a estimé que l’allégation selon laquelle « l’armée turque n’a pas la capacité de vaincre l’organisation d’État islamique en est un exemple ».
Il a expliqué que l’échange de Washington avec le Parti des travailleurs du Kurdistan PKK n’a pas commencé à l’époque de l’ancien président Donald Trump, mais plutôt à celle du président Barack Obama.
Il a souligné que la Turquie est le seul pays de l’OTAN à avoir combattu l’organisation « Daech » face à face, ajoutant que l’armée turque a éliminé plus de 4 500 éléments de cette organisation en Syrie et en Irak.
Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice américaine aux Nations Unies, qui devrait rivaliser avec Pompeo pour la carte du parti républicain lors des prochaines élections, a critiqué ce qu’elle a qualifié de « mensonges » pour promouvoir le livre.
La publication de Pampeo de son livre intervient suite à desspéculations sur son désir de se présenter aux élections présidentielles en 2024, et Pompeo l’avait déclaré, mais il n’avait pas encore pris sa décision, soulignant que la candidature de Trump ou non n’affecterait pas sa décision.
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