Au Maroc, l’écrivain de renommée et ex ambassadeur du Maroc au Chili, Abdelkader Chaoui, a reproché à la diplomatie marocaine « son manque de professionnalisme » dans la défense de la question du Sahara, notamment en Amérique latine.
Abdelkader Chaoui, qui s’exprimait lors d’une journée d’étude organisée par le groupe socialiste à la Chambre des représentants, a estimé que « la diplomatie marocaine officielle ne repose sur aucune base théorique et analytique qui décrive ses plans, ses visions, ses intérêts nationaux et ses objectifs à long et court termes », ajoutant qu’au « contraire, ses positions revêtent un caractère conjoncturel ».
L’ancien diplomate, dont les propos ont été relayés par le site arabophone Hespress.com. a cité parmi les traits qui caractérisent la diplomatie marocaine « une sorte de silence politique, la prédominance administrative et bureaucratique du centre, et la priorité donnée aux considérations personnelles parfois au détriment des considérations politiques, économiques ou culturelles, en plus d’un certain manque de professionnalisme ».
+ Il y a des pays où la diplomatie marocaine est complètement absente +
Pour lui, « le manque de professionnalisme de la diplomatie marocaine est dû au fait que le Maroc ne dispose pas d’instituts ou d’académies pour former les diplomates », soulignant que « la plupart de ceux qui travaillent dans le corps diplomatique sont diplômés de l’école d’administration ou sont proposés par les partis politiques ».
« Le professionnalisme n’a pas toujours été un élément déterminant dans le travail de la diplomatie marocaine dans plus d’une région, et il y a des exemples », a-t-il dit citant certains des ambassadeurs restés longtemps en poste sans que soit évalué le résultat de leur travail.
Concernant le travail de la diplomatie marocaine en Amérique latine, une région qui connaît une activité intense des adversaires du Maroc, Chaoui a relevé un certain nombre de failles dont l’incapacité à couvrir tous les pays de la région, en ce sens que certaines ambassades du Maroc, situées dans les capitales des pays amis, couvrent parfois trois pays, alors qu’il y a des pays où la diplomatie marocaine est complètement absente, comme le Venezuela, l’Equateur et le Paraguay, en raison de leurs positions hostiles à l’intégrité territoriale du Royaume.
+ « L’administration centrale dicte le travail devant être effectué par les responsables des missions diplomatiques marocaines à l’étranger » +
Il a également fait savoir que la représentation diplomatique marocaine, où qu’elle se trouve en Amérique latine, est tardive, indiquant que le premier ambassadeur du Maroc au Chili n’a été installé dans ce pays qu’en 1997, au Mexique en 1991, alors que l’ambassadeur du Maroc n’a pu entamer sa mission au Guatemala qu’il y a 4 ou 5 ans.
« Il n’est pas nécessaire de s’interroger sur les conditions dans ces représentations diplomatiques en termes politiques et financiers, ainsi que sur la nature de leurs personnels et le budget général alloué à la gestion et à la conduite de ces missions, car évoquer cet aspect de l’activité diplomatique générale soulève de nombreuses questions quant à l’efficacité et l’affectation de l’argent public, ainsi que sur le comportement diplomatique des responsables de ces missions », a-t-il poursuivi.
L’ancien ambassadeur a reproché à l’administration centrale de dicter le travail devant être effectué par les responsables des missions diplomatiques marocaines à l’étranger, alors que ces derniers devraient mener leur travail en tenant compte des conditions particulières du pays de résidence du diplomate.
Chaoui a enfin reproché à la diplomatie marocaine son manque de communication ce qui fait que le Maroc reste mal perçu « alors que tous ceux qui l’ont visité lors de missions ont découvert un autre pays ».
Article19.ma