Policy Center – Pour contrer une inflation galopante et généralisée, « il faut déployer des politiques conjointes » (The Atlantic Dialogues)

Débat. Dans un contexte d’inflation galopante et généralisée, il est nécessaire de se réunir pour établir des politiques conjointes, ont plaidé mercredi à Marrakech, des experts lors de la 11ème édition de la conférence internationale The Atlantic Dialogues.

Durant une séance plénière portant sur « les conséquences de l’inflation sur le grand Atlantique », l’associé-gérant de Parnasse International, Dominique Strauss-Khan, a indiqué que dans un « système mondialisé avec une inflation grimpante et généralisée, la solution doit être politique et basée sur la coopération des pays ».

Or, a-t-il poursuivi, le monde a fait l’expérience de 20 ans de mondialisation, mais est entré dans une période de fragmentation, alors que la crise est généralisée, notant que les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, qui sont deux acteurs essentiels de l’économie mondiale, empêchent la mise en place d’une politique commune pour endiguer l’inflation.

« Cette crise était d’abord une crise de la demande, mais aussi amplifiée par la pandémie et la guerre en Ukraine », a fait savoir M. Strauss-Khan.

+ Une des solutions serait une coopération plus importante dans un monde fragmenté +

Pour faire face à l’inflation généralisée, les banques centrales ont augmenté leur taux d’intérêt, à l’instar de la Réserve fédérale américaine (Fed), a relevé l’ancien DG du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant qu’on « ne peut pas compter que sur ce mécanisme, il faut l’accompagner de politiques coordonnées entre les différents acteurs, dont la Chine ».

Dans cette même veine, le président du Center for Global Development (CGD), Masood Ahmed, a expliqué que la baisse récente du prix du pétrole a eu pour conséquence un ralentissement de l’inflation. « Mais ce n’est pas un arrêt ou une inversion », a-t-il prévenu, notant que cela pourrait provoquer une récession dans les pays européens l’année prochaine.

Pour les marchés émergents, l’inflation augmente partout et est exacerbée par la chute des monnaies des pays en développement par rapport au dollar américain, a ajouté M. Ahmed, soulignant que cela entraîne une augmentation les taux d’intérêt des banques centrales et pousse les investisseurs privés à retirer leur capital, donnant lieu à une spirale de la dette dans ces pays et augmentant la pression sur leurs finances.

« Une des solutions serait une coopération plus importante dans un monde fragmenté, or il est très difficile de faire coopérer les deux géants américain et chinois », a-t-il déploré.

Abondant dans ce sens, le fondateur et directeur général du Forum des marchés émergents, Harinder Kohli, a indiqué que cette inflation a donné lieu à une augmentation « agressive » des taux d’intérêt, notamment de la Fed, obligeant les autres pays à suivre la cadence et à accumuler, ce faisant, des dettes record.

« C’est le manque de coopération internationale au moment où les pays on en le plus besoin qui entraîne l’aggravation de la crise », a souligné M. Kohli, ajoutant que ce sont les pays émergents qui souffrent de la crise actuelle et non les Etats-Unis ou la Russie.

Les travaux de la 11ème édition de la Conférence internationale annuelle « The Atlantic Dialogues » se sont ouverts mercredi à Marrakech, avec la participation d’une pléiade de responsables, de chercheurs et d’experts internationaux.

Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, cette rencontre de haut niveau, organisée à l’initiative du Policy Center for the New South (PCNS), réunit, du 14 au 16 courant, plus de 350 invités de 60 nationalités, autour du thème « Coopération dans un monde en mutation : opportunités pour l’Atlantique élargi ». (Avec MAP)

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