Droits humains – Des ONG demandent aux autorités algériennes la libération de l’activiste Slimane Bouhafs

Amnesty International et Human Rights Watch demandent aux autorités algériennes de libérer immédiatement le militant Slimane Bouhafs, en détention depuis une année suite à sa disparition en Tunisie où il vivait, ont indiqué, lundi 26 septembre, selon un communiqué.

« Slimane Bouhafs vivait en Tunisie en tant que réfugié. Après avoir « disparu » pendant plusieurs jours, il est réapparu en détention aux mains de la police algérienne, dans des circonstances peu claires. Les autorités tunisiennes devraient enquêter sur ce qui semble avoir été son enlèvement et son retour forcé en Algérie, et amener les responsables présumés à rendre des comptes », lit-on dans le communiqué des deux ONG.

Plusieurs ONG tunisiennes ont accusé Tunis d’avoir livré le kabyle Slimane Bouhafs réfugié algérien en Tunisie disparu le 25 août, aux autorités de son pays, violant ainsi des conventions internationales, d’autres font le parallèle avec l’arrestation, en Algérie, de l’homme d’affaires et ex-candidat à l’élection présidentielle tunisienne, Nabil Karoui.

+ « Slimane Bouhafs a été transféré à Alger sans passer par la case judiciaire » +

Le 25 Août, l’ancien policier membre du Mak, (mouvement indépendantiste kabyle), Slimane Bouhafs, est arrêté à Tunis par trois inconnus dans le quartier populaire « Hay Al Tahrir » à Tunis, où il vivait depuis trois ans comme réfugié politique, a rapporté un article du journal électronique mondafrique.com.

Le mode opératoire rappelle les opérations sécuritaires de l’époque du défunt président Zine el-Abidine Ben Ali qui avait quitté le pouvoir en 2011 après une dictature féroce, trois jeunes individus en jeans et baskets circulant à bord d’un fourgon doté d’une immatriculation étrangère ont procédé à l’arrestation musclée de Slimane Bouhafs, l’opération n’a duré que quelques secondes, les assaillants, d’après des témoins, parlaient algérien.

La même source indique que Slimane Bouhafs a été transféré à Alger, le 27 Août, sans passer par la case judiciaire, sachant que les autorités algériennes le considèrent comme « un terroriste ».

La presse arabe rappelle sa conversion au christianisme et sa condamnation en juillet 2016 à trois ans de prison pour « atteinte à l’Islam », pour laquelle il a bénéficié d’une grâce présidentielle le 13 juillet 2017 avant de demander l’asile en Tunisie.

Bien que placé sous la protection du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), l’activiste a été présenté à la justice algérienne, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. D’autre part, de très nombreuses ONG tunisiennes ont demandé au pouvoir tunisien de respecter ses engagements internationaux en faveur de la protection des réfugiés.

+ L’hypothèse d’un « échange » à la vieille méthode du KGB +

Il est à rappeler que l’ancien candidat à la présidentielle tunisienne, Nabil Karoui, qui séjournait à Tebessa en Algérie a été arrêté le 29 août, où la justice le met en cause pour des affaires de blanchiment avant de quitter précipitamment son pays.

On comprend bien pourquoi l’ancien candidat à la Présidentielle a choisi l’Algérie comme refuge, les liens de Nabil Karoui avec une partie des services algériens sont connus.Il avait même des projets audiovisuels en Algérie. On soupçonne même quelques militaires algériens d’avoir blanchi des fonds via les ressources publicitaires de Nessma TV. D’où la surprise que constitue l’interpellation du patron de la chaîne télévisuelle dans un pays supposé ami.

Nabil Karoui se trouvait illégalement à la frontière des deux pays où il était hébergé chez le frère d’un député algérien, les deux frères Karoui, Nabil et Ghazi, arrêtés avec quatre personnes se trouvant sur place, l’épouse de Nabil Karoui, Salwa Smaoui, a été laissée en liberté en attendant que statue le tribunal de Tebessa.

Les deux Tunisiens ont été présentés, le 30 août, au tribunal de Tebessa pour entrée illégale sur le territoire national, la loi algérienne appelle dans ce cas à « une condamnation à trois mois sans sursis et expulsion immédiate vers le pays d’origine ».

Les médias tunisiens affirment cependant l‘hypothèse d’une expulsion de Nabil Karoui malgré les protections dont il bénéficie, l’hypothèse d’un possible « échange » d’opposants entre les autorités tunisiennes et algériennes se confirmerait.

Article19.ma