Par : Hassan Aourid
Le Refrain de Cat Stevens les escarmouches d »activistes pacifistes contre la guerre pal du Vietnam et les forces de l’ordre semble de nos jours un (0 chant de chœur, comparé à la scène politique planétaire aidl actuelle. Le monde sauvage est celui où nous vivons, sans lan paradigme, sans vision, sans idéaux, et qui a hérité des tares can des anciens ordres: les séquelles du colonialisme, le retour ina du spectre de la Guerre froide, le clash des civilisations, àda’ côté des nouvelles menaces comme le terrorisme, la crise le économique, le dérèglement de l’écosystème.Pourtant, irr depuis la chute du mur du Berlin, l’humanité pensait être su en droit d’espérer un monde sans tension, un monde où la a~ liberté triomphe, où la justice trône. Never again, répétait-on d: à l’envi au lendemain de la Guerre froide et dans les cénacles 0 savants, on pérorait que l’histoire avait atteint sa fin où Pl’homme n’aurait d’autre souci que l’ennui. Le libéralisme économique triomphant, les quelques recettes distillées par ~ les instances de Bretton Woods étaient la panacée, pour 1 émerger, à des économies sclérosées par la bureaucratie.
Chimères que tout cela. Le 11 Septembre a été le cauchemar qui a mis fin au rêve. Un monstre émergea, plus pernicieux que la Guerre des étoiles ou autre programme de course aux armements des superpuissances: le terrorisme.
Il enfanta deux guerres en Afghanistan et en Irak, engendra des déflagrations de par le monde, y compris chez nous, avec les événements tragiques du 16 mai 2003· Avec ce qui était appelé le « printemps arabe », l’espoir s’est profilé qu’enfin cette région, pourvoyeuse d’idéologies de confrontation et de candidats à la mort, allait se mettre au diapason des règles universelles: la démocratie, l’État de droit, le respect des droits de l’homme.
Le rêve fut de courte durée. L’hydre refit surface, y compris chez nous, avec l’explosion d’Argana à Marrakech en avril 2011, pendant qu’on s’égosillait sur un monde enchanteur. L’hydre réapparaît à chaque fois qu’on la croyait décimée. En une seule journée, celle du 26 juin, un vendredi, pendant le mois sacré du ramadan, quatre attaques terroristes rappellent cette macabre réalité: à Sousse, au Koweït, en Isère et en Somalie où les Chebab ont une nouvelle fois fauché des vies.
La mondialisation qui, dit-on, n’est plus heureuse est en tout cas désastreuse par l’aspect global des dangers planétaires. Le terrorisme a fait de la mondialisation une arme redoutable. Tel commanditaire dans le pays (x), le pourvoyeur de fonds est du pays (y), les exécutants des pays (z) ou ( z’), et le terrain d’exécution le pays (alpha) ou (oméga), avec les moyens de communication numériques aidant, et l’effet amplificateur des médias. Les candidats à la mort agissent selon des agendas extérieurs, où les vieux canons de la souveraineté ou de la citoyenneté semblent inappropriés. Un pays ne peut prétendre être seul maître dans son espace géographique, et l’allégeance au pays par le lien de la citoyenneté n’est plus de mise. On assiste à une imbrication par l’amalgame entre les problèmes internes sublimés par des causes externes. Le tueur d’Isère, qui aurait agi par règlement de compte contre son patron, a donné une dimension politique à son crime, en l’assortissant du mode opératoire du terrorisme « dernier cri », le côté spectaculaire pour semer l’effroi.
A problème global, traitement global. Mais le traitement ne semble plus approprié par la recrudescence des actes de barbarie. Il y a toujours des failles qui permettent à celle-ci de se frayer un chemin. Hier, Charlie, le Bardo, l’université de Garrissa au Kenya, les filles du Nigéria enlevées par Boko Haram ; aujourd’hui, Sousse, l’Isère, la Somalie, le Koweït. Un autre danger, risque de se mettre en place, la banalisation du phénomène. Les victimes deviendront des chiffres et les actes des faits qu’on traite froidement et qu’on oublie. On risque aussi de tomber
dans un traitement restrictif où on jetterait l’anathème exclusivement sur une religion. Des musulmans subissent à Burma une épuration ethnique et cela n’a pas l’air d’émouvoir les consciences universelles.
À notre niveau, peut-on se contenter de dénoncer, ou brandir des slogans de circonstance pour libérer sa conscience, n marquant le coup, puis passer à autre chose? Il est impératif de faire le distinguo entre ce qui est principal et ce qui est subsidiaire. La confusion des genres participe à la sauvagerie du monde. Je ne sais pas ce que l’alliance des civilisations veut dire, mais il est impératif qu’il y ait dialogue entre personnes de cultures différentes.
Peut-être que nous devrions nous mettre d’accord sur une grille commune. Deux mondes, où l’un est empêtré dans des problèmes ayant trait aux besoins les plus primaires,
et l’autre engoncé dans les désirs les plus fantaisistes, ne peuvent pas avoir le même système de valeurs. Il faut qu’ils apprennent à se connaître réellement pour endiguer la sauvagerie qui nous guette.
Article19.ma