Controverse – Al Jazeera montrée du doigt pour « ses inexactitudes » sur l’Histoire du Maroc

Al Jazeera fait face à une vague de critiques pour avoir partagé des faits inexacts sur l’histoire et les origines des greniers collectifs amazighs du Maroc, Igudar, selon le site anglophone Morocco World News.

Igudar est le pluriel de « Agadir » en tamazight, mot désignant les anciennes installations collectives dotées de structures particulières qui étaient utilisées dans le passé par les populations amazighes au Maroc. Ces installations sont généralement construites au sommet des montagnes et certaines d’entre elles datent de milliers de siècles.

Les populations amazighes du Maroc utilisaient ces greniers collectifs ou Igudar comme huttes de stockage de leurs biens pour les protéger du vol. Ils sont aussi considérés comme la plus ancienne forme de banque au monde.

Ignorant les faits historiques sur les origines d’Igudar, Al Jazeera a suscité des réactions négatives après la publication d’un article dans lequel il est affirmé qu’Igudar est un mot utilisé par les communautés amazighes d’Afrique du Nord ce qui a créé une polémique, de nombreux Marocains ayant ainsi appelé Al Jazeera à corriger ses inexactitudes sur l’histoire du Maroc.

+ Igudar, le plus ancien système bancaire du monde +

Abdessamad Nacer, un journaliste marocain d’Al Jazeera, fait partie des personnes qui ont réagi à ces inexactitudes du post d’Al Jazeera.

« L’information correcte est qu’Igudar est le plus ancien système bancaire du monde et il a été établi par les Amazighs au Maroc, et non pas par les Amazighs d’Afrique du Nord », a affirmé Nacer.

Dans un tweet, le journaliste marocain a souligné qu’Igudar a d’abord été mis en place par les habitants de l’oasis d’Emtedi située entre les contreforts de l’anti-Atlas au sud du Maroc.

Les populations amazighes utilisaient les greniers comme huttes de stockage, où elles conservaient leurs biens, tels que les manuscrits et les récoltes, entre autres.
De son côté, le journaliste égyptien Emad Fawaz a condamné la publication d’Al Jazeera, l’accusant de falsifier des faits.

« Igudar est un patrimoine amazigh marocain qui n’appartient pas à l’Afrique du Nord mais un patrimoine propre aux Amazighs de la région du Souss », a écrit Fawaz sur Facebook.

Le journaliste égyptien a souligné qu’utiliser des vocabulaires tels que Maghreb et Afrique du Nord, amazigh, arabe ou islamique est une méthode utilisée par « les pays voisins pour sauter injustement sur l’histoire et le patrimoine des autres. Igudar est un héritage soussi amazigh, et non pas nord-africain », a-t-il expliqué.

+ Igudar est au Maroc +

En 2021, Reuters a publié un documentaire sur Igudar, attribuant son histoire aux populations amazighes au Maroc.

« Ces anciens greniers berbères utilisés par les communautés amazighes au Maroc pourraient être les premières banques du monde », a écrit Reuters sur Igudar.

Le média a également cité des chercheurs, comme le professeur Khalid Alaroud, qui a déclaré que les Igudar sont « aussi vieux que ces montagnes, il est même difficile de déterminer la date de leur création ».
De nombreux citoyens marocains ont également répondu au message d’Al Jazeera, soulignant que l’origine d’Igudar est amazighe marocaine.

« Les greniers d’Igudar sont situés exactement au Maroc. Il semble que mentionner le Maroc provoque des hallucinations parmi vous », ont écrit certains utilisateurs de Twitter.
Un autre a demandé à Al Jazeera la raison pour laquelle « ils ne citent pas le Maroc et attribuent tout à l’Afrique du Nord ou au Maghreb ».

« Igudar est au Maroc, un nom qui fait mal à certains d’entre vous », a déclaré un autre utilisateur de Twitter.

+ Pas la première fois +

Ce n’est pas la première fois que les informations inexactes d’Al Jazeera ignorant l’histoire du Maroc suscitent la controverse.

Suite à une vague de réactions négatives de la part des lecteurs, Al Jazeera a récemment modifié ses publications sur Facebook et Twitter pour mettre en valeur l’héritage marocain et andalou de l’architecture de la Grande Mosquée de Paris.

Al Jazeera a publié samedi ses articles sur la mosquée du centre de Paris, affirmant qu’elle était imprégnée de l’héritage andalou de Tlemcen.

Le message original disait : « La grande mosquée a été fondée en 1926 en hommage aux troupes musulmanes qui ont défendu la France pendant la Première Guerre mondiale. Il a fallu 450 artisans marocains pour construire la structure selon l’architecture andalouse de Tlemcen. Les jardins de la mosquée sont étonnamment similaires à ceux du palais de Grenade.

Cela a immédiatement déclenché un débat tendu sur les réseaux sociaux pour avoir laissé entendre que l’architecture de la Grande Mosquée est en fait d’origine algérienne plutôt que marocaine.

Dans des commentaires sur les réseaux sociaux, de nombreux Marocains ont accusé Al Jazeera de manoeuvrer avec l’Algérie pour s’approprier le patrimoine historique et culturel du Maroc.

+ Des artisans marocains ont participé à la construction de la mosquée +

Oualid Kabir, journaliste algérien et très critique de l’appropriation culturelle par l’Algérie du patrimoine culturel et historique marocain, a notamment tweeté que l’architecture doit être attribuée à ceux qui l’ont construite.

« Puisque 450 artisans (marocains) avaient participé à la construction de la mosquée, l’architecture est donc marocaine. Une civilisation est attribuée à ceux qui l’ont fondée », a expliqué Kabir.

« Ce qui a été construit à Tlemcen et Andalus est originaire de Fès, et aujourd’hui les seuls à pouvoir reproduire un tel savoir-faire sont les Marocains ! Nous ne pouvons pas attribuer l’architecture européenne aux Algériens simplement parce qu’il y a des bâtiments de style européen en Algérie car ce sont les Européens qui ont bâti les bâtiments ».

Al Jazeera a modifié ses publications quelques heures après avoir déclenché une vague de réactions négatives en ligne, reconnaissant désormais que l’architecture de la Grande Mosquée de Paris est en fait profondément ancrée dans le patrimoine marocain, car ce sont des artisans marocains qui ont construit la mosquée en premier lieu.

« Un Minaret islamique au cœur de Paris : la grande mosquée a été fondée en 1926 en hommage aux troupes musulmanes qui ont défendu la France pendant la Première Guerre mondiale », lit-on dans le post mis à jour d’Al Jazeera.

« Il a fallu 450 artisans marocains pour construire la structure selon l’architecture andalouse marocaine. Les jardins de la mosquée sont étonnamment similaires à ceux du palais de Grenade ».

La mosquée de Paris a été à l’origine inspirée et calquée sur la mosquée el-Qaraouyyîn de Fès, au Maroc. Construite au IXe siècle, la mosquée de Fès est l’une des plus anciennes du monde.

Lors de la construction de la mosquée, toutes les décorations des cours, des arcs et des zelliges, ont été réalisées par des artisans marocains utilisant des matériaux traditionnels.

Cette controverse sur l’héritage de la Grande Mosquée de Paris est la dernière d’une série de tentatives apparentes de l’Algérie de réécrire l’histoire et de revendiquer l’histoire et la culture marocaines comme siennes.

Plus tôt ce mois-ci, la compagnie aérienne nationale algérienne, Air Algérie, a été critiquée après avoir lancé une campagne faisant référence à l’héritage marocain de Tlemcen, une ville de l’Algérie moderne.

Air Algérie avait partagé un post sur Facebook qui rendait hommage aux racines hispano-marocaines de Tlemcen dans une campagne marketing, avant que ne soient supprimés toutes les parties mentionnant le Maroc ou l’Espagnequelques heures plus tard.

Les autorités algériennes ont limogé de hauts responsables d’Air Algérie quelques jours après l’incident, attribuant cette décision à une mauvaise gestion.

Cependant, l’incident a fortement révélé la profonde détermination de l’Algérie à s’approprier la culture et le patrimoine historique du Maroc, y compris la cuisine et les tenues traditionnelles marocaines.

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