Sécheresse – Le Maroc parmi les pays les plus « stressés » en termes de ressources hydriques (Cour des comptes)

Le Maroc dispose d’un potentiel en ressources hydriques estimé à 22 milliards de m3 par an et figure, à ce titre, parmi les 20 pays les plus « stressés » au monde en termes de disponibilité de ces ressources, a souligné la Cour des comptes dans son rapport au titre de 2019-2020 tout en formulant plusieurs recommandations.

Relevant que les eaux superficielles et souterraines mobilisées sont utilisées principalement dans l’irrigation (jusqu’à 88%), la fourniture d’eau potable et la satisfaction des besoins des autres secteurs économiques (jusqu’à 12%), la Cour estime que la gestion du secteur de l’eau doit dépasser plusieurs insuffisances en vue de faire face aux défis liés à la mobilisation, la valorisation et la préservation des ressources en eau, ainsi qu’à la planification, l’organisation et le financement du secteur de l’eau.

Elle recommande ainsi dans son rapport de réaliser les projets matures de connexions interbassins, de développer la gestion écosystémique pour mieux protéger les barrages contre l’envasement, et de veiller à la synchronisation des aménagements hydro-agricoles à l’aval des nouveaux barrages avec leur construction et rattraper le retard dans les aménagements à l’aval des barrages déjà existants.

+ Renforcement de la police de l’eau +

Constatant la surexploitation des eaux souterraines, la Cour des Comptes recommande également l’encouragement du recours aux sources non conventionnelles, notamment le dessalement, la réutilisation des eaux usées et la collecte des eaux pluviales.

La Cour recommande aussi de prendre les mesures nécessaires permettant l’amélioration de la délimitation et de la protection du domaine public hydraulique, et de mettre en place les conditions nécessaires à l’application du principe « pollueur-payeur », ainsi que le renforcement de la police de l’eau.

Concernant la planification, l’organisation et le financement du secteur de l’eau, la Cour recommande de veiller à l’activation et au renforcement du rôle des instances de concertation, de coordination et d’orientation stratégique au niveau national, régional et local, et d’accélérer le projet en cours du système d’information intégré de l’eau.

Par ailleurs, la Cour relève que malgré le choix fait par le Maroc, depuis 2011, d’encourager la synergie et la convergence entre les secteurs de l’Eau, l’Agriculture et l’Énergie, l’approche sectorielle est toujours prédominante en termes de gestion de ces secteurs en l’absence d’une logique d’intégration territoriale et d’une cohérence globale.

+ « Eau-ÉnergieAgriculture » +

La Cour recommande ainsi de développer les synergies « Eau-ÉnergieAgriculture » permettant la convergence de ces trois secteurs, leur intégration territoriale et l’alignement de leurs stratégies. Pour ce qui est du financement du secteur, la Cour estime que le modèle économique et financier actuel nécessite d’être revu afin d’en assurer la viabilité en tenant compte de la raréfaction croissante des ressources en eau, du caractère très capitalistique des investissements et des contraintes d’ordre social, soulignant que les programmes adoptés relatif au secteur de l’eau se sont limités le plus souvent à chiffrer les besoins en investissements, sans préciser les modalités et les mécanismes de financement, comme c’est le cas de la Stratégie Nationale de l’Eau (2010-2030) et du PNE (2020 – 2050).

Pour la Cour, face aux difficultés de financement, le recours au partenariat public-privé devrait être davantage développé, eu égard au nombre limité de contrats relevés à ce jour.

Dans ce cadre, la Cour recommande d’optimiser l’allocation des ressources financières destinées au secteur de l’eau et de veiller à l’amélioration de l’efficacité des investissements, notamment à travers l’adoption de modes de financement novateurs (PPP et autres) et de réaliser une étude sur le ciblage optimal, et de procéder, le cas échéant, à une révision du système de tarification de l’eau et de l’assainissement.

Article19.ma