Par Ali Bouzerda
Au Maroc, cette année, le 1er Yennayer 2972 coïncide avec le 12 janvier, mais ce n’est ni une journée fériée ni une journée célébrée officiellement, bien que l’histoire de ce beau pays soit fortement marquée par la culture Amazighe, abstraction faite d’éléments qui se sont incrustés par la force ; des éléments venus de régions arabophones lointaines dans le temps et dans l’espace comme l’Orient ou l’Andalousie.
Pour l’instant, soyons patients et suivons la logique du porte-parole du gouvernement Akhannouch, qui en réponse à une question d’un journaliste, a affirmé : « Ssi Montassir, cette année, on va fêter le Nouvel An Amazigh comme il se doit, comme il se doit … ».
Lors de son point de presse hebdomadaire, au lieu de répondre clairement à la question que tout le monde se pose, à savoir, « quand l’État marocain va-t-il décider d’inscrire le 1er Yennayer sur le calendrier des fêtes nationales, sachant que la constitution de 2011 a reconnu la langue Amazighe comme langue officielle? », le Sieur Mustapha Baitas, lui, a préféré faire le malin en jonglant avec les mots et répondre à côté.
En d’autres termes, le jeune loup du RNI a commis un impair, pour ne pas prétendre avoir « péché par ignorance », en insultant l’intelligence des reporters en face de lui et des citoyens Amazighs, car il n’y aura ni cérémonie de reconnaissance officielle de Yennayer ni festivités ولا هم يحزنون.
Le jour de l’an Amazigh sera une journée comme toutes celles que le bon Dieu fait après chaque lever de soleil, avec son lot de labeur et de soucis y compris pour les Soussis.
Les associations et activistes Amazighs réclament depuis belle lurette à ce que Yennayer soit célébré comme journée nationale, chômée et payée, mais sans succès malheureusement.
“لمن تقرأ زبورك يا داود”
( Pour qui lisez-vous vos Psaumes, ô David ?)
D’ailleurs, M. Akhannouch et avant lui M. El Othmani, tous deux des berbères du Sud, à la tête de l’Executif n’ont pas bougé le petit doigt à ce sujet car ils auraient, semble-t-il, d’autres priorités ou plutôt d’autres chats à fouetter, dit-on.
À l’époque du tristement célèbre Premier ministre de l’Istiqlal, Azzedine Laraki, l’arabisation à outrance était la politique à suivre sinon on vous accuserait de « trahison » à la langue du Coran et à la civilisation arabe. Par la suite, on a découvert les conséquences catastrophiques de cette approche politicienne dont souffre notre enseignement depuis.
Pour rappel, en quittant le gouvernement plus tard, cet artisan de l’arabisation puis de l’islamisation controversée de l’enseignement au Maroc, a trouvé une planque confortable à l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dont le siège est à Djeddah en Arabie Saoudite. Les gens qui n’avaient pas les moyens de mettre leurs rejetons à la mission française ont bien saisi le message de ce Docteur en médecine (natif de Fès), qui d’ailleurs avait une dent contre tous ceux qui n’étaient pas d’origine andalouse. Curieux?
Heureusement, les temps ont changé et les hommes aussi, mais des cabinets dirigés par des Amazighs qui font la sourde oreille, les militants Amazighs sont déçus et avouent ne rien comprendre.
Bref, pour revenir au jeune porte-parole, n’était-ce pas plus sage d’annoncer aux Amazighs de « patienter », car on y arrivera un jour par la force des choses comme chez nos voisins de l’Est et que ce n’est, en fin de compte, qu’une question de clairvoyance et de temps ?
D’ailleurs, les berbères sont habitués à patienter et préféreraient attendre que d’entendre des sottises et des paroles vides de sens et de substance.
Yennayer, jour de l’An du calendrier agraire, utilisé depuis l’Antiquité par les Amazighs à travers toute l’Afrique du Nord, est fêté, selon les régions du 12 au 14 janvier de chaque année, il correspond au premier jour de janvier du calendrier Julien, qui est décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien.
De toute manière, les Amazighs n’ont pas besoin des promesses de M. Baitas avant d’entamer les festivités du nouvel An Amazigh avec des plats spéciaux pour l’occasion et les chants et danses d’Ahwach ou Ahidouss, selon les régions. Des traditions ancestrales bien conservées et transmises de génération en génération depuis près de trois millénaires.
« Rien ne réussira à qui n’a pas ces trois choses :
- La patience pour supporter les sots
- La crainte de Dieu, pour éviter les vices
- Le calme d’esprit pour persuader les hommes », selon une sagesse populaire.
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