Né sous une belle étoile qui s’est trop vite éteinte

Par Nabyl Lahlou

Il avait à peine deux ans quand N.N. sentant le besoin vital d’adopter un enfant, tomba maternellement amoureuse et follement heureuse d’un petit garçon d’à peine deux ans, né sous X, mais nommé : Soufiane.

Soufiane s’empara très vite du cœur de N.N dès qu’elle posa son regard sur lui, et lui, levant ses yeux vers elle. Leurs destins étaient définitivement scellés dans l’amour et le bonheur, à travers leur première et unique rencontre au siège de l’Association marocaine pour pour la défense des bébés abandonnés.

Un bébé de deux ans à qui le destin a décidé d’offrir une belle destinée. Il ne sera plus : né sous X, mais portera un joli nom de famille : Nejjar N.N était si fière d’être la maman de Soufiane Nejjar qu’elle tenait à tout prix à ce que toutes ses amies et tous ses amis le voient et le découvrent. Ainsi, c’était dans la maison de N.S, la maman de N.N, que nous avions vu Soufiane pour la première fois. Nous, c’est Sophia Hadi et moi-même.

Et comme pour N.N, dont il avait rapidement conquis le cœur, il s’empara tout naturellement du mien et de celui de Sophia : nous l’avions aimé à son premier regard, beau et lumineux ; à son rire, brillant et éclatant de jolies dents de lait. Nous l’avions vu, Sophia et moi, grandir, heureux, épanoui, comblé et gâté dans le beau sens, aussi bien par sa maman N.N que sa mamie N.S.

Nous l’avons vu faire ses premiers pas dans la vie tout court, puis dans la vie scolaire, maternelle et primaire, grandissant et sautant allègrement les années, jusqu’a son entrée au collège Saint-Exupéry, année où nous n’avions plus eu l’occasion de le revoir.

Et ce n’est que le samedi 17 juillet 2021, soit un peu plus de huit ans plus tard, que j’ai revu Soufiane Nejjar, beau comme un Dieu; élégant comme les plus raffinés et racés jeunes premiers de son âge, presque dix huit ans, franchir la porte du théâtre Mohamed V, pour voir Sophia Hadi jouer La femme au colt 45.

Accompagné de N.S qui, de 2005, année de sa divine adoption, jusqu’à cette maudite nuit du 10 août 2021, est restée sa tendre et dévouée mamie, il me regarde avec le même regard souriant que celui qu’il m’offrît quand il n’avait que deux ans.

En 2005, Soufiane, l’enfant né sous X, avait reçu une belle offrande que le plus Haut lui envoya, portée par deux anges : N.N. et N.S. Il deviendra Soufiane Nejjar. Début d’une destinée.

La nuit du 10 août 2021, Soufiane Nejjar meurt dans un accident de la route, au volant de la voiture qu’il conduisait. Fin de l’offrande divine. Fin d’une destinée qui commençait à peine à éclore pour prendre goût à la vie pour rendre la vie belle.

Je ne comprends pas ce qui t’a poussé, La Mort, à aller fouiner du côté de la route de Ain Aouda. Tu sais, La Mort, je t’aime bien car pour moi tu ne peux être que repos, mais, arracher à la vie des êtres qui n’ont pas encore fêté leurs vingt ans, comme tu le fais, cela me fait très mal et me révolte. Dis-moi, La Mort, est-ce qu’il a souffert, mon petit Soufiane, quand tu es allée à sa rencontre ? Paix à son âme. Et paix à Noufissa et Narjis les deux anges qui l’ont aimé jusqu’à la mort. Qui l’aimeront jusqu’à la mort.

Rabat le 12 août 2021

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