Vidéo – Ouahbi pour « une grâce royale » en faveur des cultivateurs du Kif dans le Rif

Le secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, vient de dévoiler « la vision politique » de son parti à brève et moyenne échéances, notamment en ce qui concerne la culture du cannabis et les paysans rifains poursuivis par la justice.

M. Ouahbi, qui était l’invité de l’émission Al Iissaba (la bande) sur Med radio et kifach TV, animée par Redouane Ramdani, Omar Cherkaoui et Younes Da Faqir, a ainsi estimé qu’un grand travail attend les parlementaires lors de la session du printemps avant les prochaines échéances électorales.
« Certes, les questions liées aux élections s’imposent et sont très présentes, mais elles ne doivent pas occulter le travail qui attend les parlementaires. Nous avons encore une session parlementaire, celle du printemps. Il y a d’importants projets de loi prévus à son ordre du jour, dont celui sur l’usage légal du cannabis, en plus de questions économiques et financières à la suite des effets de la pandémie de Covid-19 », a-t-il souligné
Concernant le projet de loi sur l’usage légal du cannabis, le leader du PAM a indiqué qu’il a demandé aux parlementaires de son parti d’approfondir le débat à son sujet et de rencontrer leurs pairs et les personnes concernées par ce texte.
« En tant que groupe parlementaire nous allons nous déplacer à Ketama, à Taounate, à Al Hoceima, à Tanger et à Larache. Il y aura des rencontres avec les agriculteurs concernés et nos élus », a affirmé M. Ouahbi

Pour une amnistie générale

« Le plus important. Il faut une amnistie générale des agriculteurs qui ont été condamnés pour la culture du cannabis. Car, il est insensé de maintenir des sanctions et des poursuites à l’encontre des cultivateurs de cette plante au cas où cette loi vient à être adoptée et ce pour que ces personnes sortent de la clandestinité et puissent vivre normalement », a souligné M. Ouahbi relevant que ces personnes constituent le chaînon faible du trafic de drogue qui « profite surtout aux grands barons de la drogue, qui, quant à eux, ne devront pas faire l’objet d’une amnistie ».
Pour le secrétaire général du PAM, « il y a beaucoup de détails liés à ce projet de loi qui doivent faire l’objet d’un débat approfondi. En tant que parti, nous allons organiser une conférence à laquelle seront conviés des experts internationaux pour connaître les usages médicaux et pharmaceutiques auxquels sera destinée le cannabis ».
Il a, en outre, réfuté que son plaidoyer pour une amnistie en faveur des cultivateurs du cannabis soit lié à un quelconque « calcul électoraliste du PAM ».
« La question de la culture du cannabis est posée au Maroc depuis le protectorat. Il est difficile de changer cette activité agricole dans certaines zones. Le moment est venu pour l’organiser pour que le cannabis devienne une source de revenus pour les cultivateurs pour son usage en médecine », a-t-il assuré relevant que ces derniers seront organisés en coopératives.
« Nous proposons que les usines et les laboratoires de transformation du cannabis soient créés à proximité des plantations, par exemple à Chaouen ou à Nador pour recruter la main d’œuvre locale », a souligné M. Ouahbi, ajoutant que des « emplois directs et indirects seront ainsi créés en plus de l’amélioration des conditions de vie des populations de ces régions d’autant plus que les prix seront déterminés par la compétition sur le marché international ».
Le PAM, a-t-il ajouté, propose aussi que le gouvernement marocain crée un fonds de soutien aux investisseurs dans les laboratoires qui produiront des médicaments à partir du cannabis.

Le Rif et les détenus du Hirak d’Al Hoceima

En réponse à des questions sur la région du Rif, M. Ouahbi a indiqué que le PAM continue de plaider pour une amnistie générale, car « il s’agit d’une question humanitaire, éthique et de droits de l’homme ».
« Au cas où nous emporterons les élections législatives et serons à la tête du gouvernement nous demanderons une grâce royale concernant les détenus du hirak du Rif. Il s’agit d’une question humaine, je suis convaincu que ces détenus ne visaient pas un changement de régime politique. Ils avaient des revendications sociales, certes il y a eu dépassements, et en tant que chef du gouvernement je n’aurais aucun problème à solliciter une grâce royale », a-t-il dit.
« Il ne s’agit pas, non plus, d’une question électoraliste. En 2019, j’ai soulevé au parlement cette question d’une amnistie concernant les détenus d’Al Hoceima en demandant au ministre de la justice de l’époque Mohamed Aujar de solliciter une grâce royale », a-t-il rappelé.
Et d’ajouter: « Lorsque je me suis déplacé récemment à Al Hoceima, j’ai compris l’importance de cette question. Il ne peut y avoir de malentendu entre le centre et Al Hoceima. Car il s’agit de notre pays, de nos enfants et de nos familles et s’il y a un problème nous devons le résoudre ».
« Il faut savoir que l’État a beaucoup investi dans la région du Rif, particulièrement depuis l’avènement du règne de SM le roi Mohammed VI. Le développement de la région a tout naturellement créé de nouvelles revendications avec l’arrivée sur le marché du travail de jeunes ayant de hauts niveaux d’études et de formation. De plus, Al Hoceima se trouve dans une zone difficile d’accès. J’ai toujours plaidé pour que la région d’Al Hoceima soit ouverte vers l’intérieur du pays d’autant plus qu’il y existe des opportunités importantes d’investissement », a-t-il souligné.

L’offre politique du PAM

Pour ce qui est du programme du PAM, M. Ouahbi a indiqué qu’une commission comprenant huit experts, présidée par Adib Benbrahim, a élaboré un projet de relance économique post-Covid et formulé le point de vue du parti sur le nouveau projet de développement. « Actuellement nous travaillons sur le programme électoral avec une vision responsable et sérieuse, nous avons achevé le chapitre politique, il reste à terminer le volet économique concernant les différents domaines. Le programme sera édité sous forme d’un livre et sera probablement présenté à l’opinion publique après le mois de Ramadan. Il comprendra notre vision concernant les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture… », a-t-il fait savoir.
Il a, en outre, indiqué qu’il a demandé au chef du gouvernement de tenir une réunion avec les secrétaires généraux des partis politiques. « Nous devons dialoguer, car après la pandémie il va falloir attirer les investissements et relancer l’économie ».
Pour le secrétaire général du PAM, le pays ne pourra pas se développer économiquement avec « une pensée politique conservatrice qui commence à avoir un effet néfaste sur l’économie ».
« Celui qui est à la tête du gouvernement doit prendre des décisions audacieuses pour attirer les capitaux, contracter des crédits, créer des projets, des emplois, relancer l’économie… C’est aujourd’hui que nous devons lancer des projets de développement, d’infrastructures, d’autoroutes, de trains à grande vitesse… pour créer des emplois. Ce n’est pas un problème de contracter des crédits, seulement il faut qu’ils soient destinés aux investissements. Donc, aujourd’hui nous devons prendre de grandes décisions », a-t-il martelé.
Par ailleurs, le leader du parti du tracteur a plaidé pour que soit mis « fin à la rente et à la cession de terrains de l’Etat à un prix symbolique ».
Pour lui, « il y a aussi certains secteurs dans lesquels l’Etat ne doit pas, en principe, s’impliquer comme celui du bâtiment, le rôle de l’État étant de faciliter les investissements et de renforcer le capital national ».

La réconciliation au sein du PAM

Au plan interne, le secrétaire général du PAM a indiqué que le temps des courants était révolu.
« J’ai toujours été pour la réconciliation. Quand j’ai été élu au poste de secrétaire général, j’ai dit aux membres du bureau politique que les courants d’Al Mostaqbal et de la légitimité n’existent plus ».
Quant aux malentendus, qui peuvent survenir au sein du parti, il a souligné que « la culture de la réconciliation est nouvelle dans notre parti mais que tout le monde commence, cependant, à s’y habituer.

Les relations avec le PJD

Concernant les relations du PAM avec le Parti justice et développement (PJD), M. Ouahbi a fait savoir que les deux formations entretiennent des relations de concertation.
« Nous avons un dialogue actuellement avec les PJDistes sur le projet de loi relatif au cannabis. Nous avons eu des divergences à ce sujet, nous avons eu aussi de grandes divergences au sein des commissions parlementaires sur la loi cadre relative à l’enseignement. Mais nous devons comprendre une chose. Le PJD n’a pas de problèmes avec le PAM, mais avec sa majorité. Quant à nous, nous sommes libres, si les PJDistes ont un problème ils doivent le régler avec les partis qui forment avec eux le gouvernement et qui votent contre eux », a-t-il relevé.
« Quand vous acceptez de siéger au gouvernement, vous élaborez un programme et créez des institutions. Le problème de l’exécutif et qu’il n’a ni programme ni instance pour régler les différends entre les partis qui le composent », a souligné M. Ouahbi.

Nouvelles perspectives politiques

Pour le secrétaire général du PAM, « le Maroc a beaucoup de chances à la différence de nombreux pays de la région ».
« Nous avons organisé des élections en 2011, en 2016, et nous nous apprêtons à tenir de nouvelles élections en 2021. Ceci signifie que les Marocains ont atteint une certaine maturité et que le processus constitutionnel suit son cours », a-t-il dit, estimant, par ailleurs, que le temps était venu pour entamer une réflexion sur les amendements à apporter au texte constitutionnel.
« Nous avons adopté la constitution de 2011 dans un certain contexte politique. Maintenant, dès 2022, nous devons dans la sérénité commencer à penser à réviser le texte constitutionnel. D’abord, il y a deux espaces vides à remplir: il faut prévoir une disposition à l’article 47 pour éviter tout blocage concernant la formation d’un gouvernement, et revoir aussi les questions relatives à la motion de censure, à certaines institutions administratives indépendantes (le conseil supérieur de l’enseignement, l’instance contre la corruption…), à la Chambre des conseillers ainsi qu’à la question de la régionalisation. Nous devons aussi revoir les textes réglementant les collectivités locales », a-t-il expliqué, mettant en exergue les grandes ambitions du roi Mohammed VI pour le Maroc et le peuple marocain.
Pour ce qui est de sa vision concernant la composition du gouvernement, M. Ouahbi a estimé qu’il ne peut y avoir une place pour les hommes d’affaires au sein de l’exécutif afin d’éviter tout conflit d’intérêt.
Il a également estimé que pour être homogène, le gouvernement ne doit pas être composé de plus de 3 ou 4 partis politiques.
Concernant les alliances avec les autres partis, le secrétaire général du PAM a indiqué qu’il n’avait encore aucune vision à ce sujet concernant l’étape à venir.
« Pour le moment, les partis de l’opposition, qui sont nos alliés, sont prioritaires du point de vue éthique et politique » lorsqu’il s’agira de former une majorité gouvernementale, a affirmé M. Ouahbi
Et de souligner: « Je travaille avec Nabil Benabdellah (secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme) et Nizar Baraka (secrétaire général du Parti de l’Istiqlal), ils sont sincères. Lorsqu’il sera question de former une coalition gouvernementale nous verrons comment elle sera constituée ».

Article19.ma