Focus – Incident de Figuig : Les agriculteurs marocains déplorent la perte de leurs dattiers dans la zone frontalière algéro-marocaine

Les agriculteurs marocains d’une oasis enclavée à la frontière algérienne près de Figuig subissent le regain des tensions régionales après leur expulsion par Alger des terres qu’ils exploitent dans cette zone depuis des générations.

La frontière entre les deux pays rivaux est fermée depuis 1994, mais l’Algérie avait autorisé certains habitants de la ville frontalière marocaine de Figuig à pénétrer dans les dattiers d’Al-Arja, connus des Algériens sous le nom d’oasis de Laaroda, a rapporté le quotidien saoudien « Arab News » ajoutant que ces derniers jours, l’Algérie a retiré ce droit en déployant des militaires pour faire appliquer cette décision.

« Tout le monde se sent lésé », a déclaré à l’AFP Mohamed Jabbari, un chômeur de 36 ans qui s’est joint à une manifestation à Figuig contre cette décision.

« L’agriculture est la seule ressource dont nous disposons. Il n’y a pas de travail ici, pas d’usines », a-t-il affirmé.

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Jeudi, quelque 4.000 personnes, environ la moitié des habitants de Figuig, ont participé à une manifestation de colère contre la décision de l’Algérie.

Les autorités régionales marocaines ont tenu une réunion pour « examiner les solutions possibles pour atténuer l’impact » d’une décision qu’elles ont qualifiée de « temporaire ».

L’oasis de Figuig, sise sur une ancienne route de caravanes, entre les montagnes de l’Atlas et de désert du Sahara, a été peuplée dans l’antiquité.

Le commerce a commencé à décliner après le tracé de la frontière en 1845, et les différends diplomatiques entre Alger et Rabat ont rapidement transformé Figuig en cul-de-sac.

Avant que la frontière ne soit tracée, la communauté berbère très unie s’était déplacée librement dans la région.

Désormais, pour rejoindre leurs proches à une courte distance de la frontière fermée, les habitants affirment qu’ils doivent d’abord prendre un avion pour Alger.

L’Algérie a justifié sa décision en affirmant que « les agriculteurs ne se sont pas conformés à la réglementation et que des bandes de trafiquants de drogue opéraient dans la région », des allégations que rejettent fermement les habitants de Figuig.

« Les expulsions sont une décision politique », estime Mohamed El Jilali, président d’une association locale.

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Les expulsions coïncident avec une montée des tensions entre les deux pays ces derniers mois sur le Sahara.

Le Maroc considère les provinces du Sud, une partie intégrante de son territoire, une position qui a reçu d’ailleurs le soutien officiel, en décembre, de la part l’administration Trump.

Par contre Alger continue à soutenir les séparatistes du Polisario.

Et à des centaines de kilomètres de là, plus précisément à Figuig, les habitants ont des préoccupations plus immédiates: leurs moyens de subsistance.

L’oasis, à trois heures de route des villes les plus proches d’Oujda et d’Errachidia, peine à attirer les touristes, en dépit de sa belle architecture et de ses paysages, que les habitants espèrent faire figurer sur la liste du patrimoine universel de l’UNESCO.

Cette situation laisse de nombreux habitants dépendants des palmiers dattiers pour gagner leur vie.

Au fil des années, les agriculteurs ont planté des dattiers dans des zones situées au-delà de l’oued, ou de la vallée, qui marque la frontière, profitant des eaux souterraines de la région.

Les zones plantées plus récemment produisent une meilleure récolte que les exploitations traditionnelles entourées de murs en pisé et irrigués par un réseau complexe de canaux construits à la main, disent les agriculteurs.

La zone évacuée cette semaine couvre environ 1.500 hectares et comprend les palmiers dattiers Aziza qui sont très recherchés. (Source: arabnews.com)

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