FOCUS – « L’administration Biden doit soutenir fermement la reconnaissance de la marocanité du Sahara » (The Washington Institute for Near East Policy)

Le think-tank « The Washington Institute for Near East Policy » vient de publier une note de 13 pages à l’adresse de la Maison Blanche, en ce début de Février, exhortant l’administration Biden de poursuivre les politiques entamées par son prédecesseur, à savoir « un soutien ferme à la reconnaissance de la marocanité du Sahara et à la médiation onusienne concernant ce dossier « .

Cette note détaillée et bien documentée sur la situation en Algérie et en Afrique du Nord en général, a été élaborée par deux éminents analystes politiques américains, Robert Satloff et Sarah Feuer sous un titre évocateur : « Transition 2021, policy notes for the Biden Administrion ».

Extraits de cette note:

Les relations entre Washington et Rabat sont les plus importantes des Etats-Unis dans la région du Maghreb comme le prouvent sa désignation d’allié majeur hors-OTAN, l’accord de libre-échange, les deux programmes réussis du Millennium Challenge Corporation ( MCC) totalisant plus d’un milliard de dollars au cours de la dernière décennie, et une coopération croissante en matière de sécurité.

Depuis 2008, les deux pays ont mené annuellement des exercices militaires (African Lion) impliquant plus de 900 Marocains et 1.200 Américains. En 2020, l’exercice a été annulé en raison de la pandémie de Covid-19, il devait réunir 3.000 militaires supplémentaires venant d’Égypte, de Mauritanie, de Tunisie, de plusieurs pays européens, du Canada et d’Australie.

Le Maroc a également accueilli l’exercice annuel militaire « Phoenix Express » des forces navales américaines en Afrique avec des partenaires nord-africains et des alliés européens pour améliorer l’interopérabilité et promouvoir la stabilité régionale.

Washington appelé à capitaliser sur les relations avec le royaume

Rabat s’est félicité de la reconnaissance par le président Trump de la marocanité du Sahara. Le challenge majeur pour la nouvelle administration américaine sera de préserver et de capitaliser sur les relations américaines avec le royaume.

A cet égard, l’administration Biden devrait poursuivre les politiques suivantes: soutien ferme à la reconnaissance de la marocanité du Sahara et à la médiation onusienne concernant le dossier du Sahara.

Il n’y a pas de contradiction entre le soutien de la revendication du Maroc sur le Sahara occidental et le soutien à la mission d’un nouveau médiateur de l’ONU ainsi que le déploiement continu des forces de l’ONU pour préserver la paix dans la région. Revenir sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara saperait les relations avec deux alliés clés, le Maroc et Israël, et sèmerait même le doute sur la crédibilité et la cohérence des États-Unis que l’équipe Biden a souvent reproché à la politique étrangère de l’administration Trump.

De même, Washington devrait encourager le Maroc à renforcer ses relations avec Israël en échangeant leurs ambassadeurs respectifs et en explorant tous les domaines de partenariats économiques, culturels, éducatifs, technologiques et autres au profit du peuple marocain.

Washington devrait capitaliser sur la bonne volonté acquise de travailler avec le Maroc pour honorer ses engagements de longue date en faveur d’une autonomie effective dans la région du Sahara et pour atténuer les facteurs potentiels de troubles sociaux dans tout le royaume.

Suite à la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara, le moment est venu pour Rabat d’élargir les compétences de la région et de responsabiliser les dirigeants locaux conformément à ses propositions d’autonomie.

Pour sa part, Washington devrait poursuivre des consultations franches et sincères avec Rabat sur deux questions: la corruption et la liberté de la presse.

De plus, le large soutien populaire aux réalisations royales, dont la reconnaissance américaine de la souveraineté sur le Sahara, devrait donner aux dirigeants marocains plus de latitude pour répondre aux revendications d’une plus grande ouverture.

Quatre-vingt pour cent de la population marocaine au chômage est âgée de 15 à 34 ans. Avant la pandémie, le royaume créait moins de 50% des emplois nécessaires pour suivre la croissance de la population en âge de travailler.

L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a soutenu divers projets visant à accroître les opportunités d’emploi, mais davantage peut être fait, en particulier pour stimuler le développement du secteur privé et soutenir l’entrepreneuriat.

Soutenir l’économie et la présence marocaines en Afrique

Washington devrait également réfléchir aux moyens de capitaliser sur les relations diplomatiques entre le Maroc et Israël pour stimuler certains secteurs de l’économie marocaine, comme la technologie, le tourisme et les télécommunications.

De même, les fonds non dépensés du dernier programme du MCC, qui devraient revenir aux États-Unis d’ici 2022, doivent être maintenus encore pour une année supplémentaire en raison de la crise de Covid-19.

Le Roi Mohammed VI a déployé des efforts considérables au cours des 20 dernières années pour assurer la présence diplomatique, financière et sécuritaire du Maroc dans toute l’Afrique occidentale et subsaharienne. De même, le Maroc a investi fortement dans des secteurs clés à travers le continent tels que les télécommunications, la banque et les phosphates.

Le fait que l’Afrique, et le Sahel en particulier, est de plus en plus un terrain d’activités terroristes ainsi qu’une zone de plus en plus de convoitise de la Russie et de la Chine, la présence du Maroc en tant que force de stabilisation devient plus importante pour les intérêts américains dans la région.

Washington devrait ainsi se féliciter de cette présence du royaume sur tout le continent et lui apporter son soutien, en particulier dans les domaines sécuritaire et économique.

Article19.ma