« La récolte mixte du Maroc », tel est le titre d’un article, publié lundi par le Centre américain des études stratégiques et internationales (CSIS) sur son site, en allusion aux contrastes qui existent entre les grandes exploitations agricoles exportatrices et une agriculture traditionnelle plus modeste.
Voici, par ailleurs la traduction de cet article:
« Dans la campagne sud marocaine, près d’Agadir, de grandes serres en toile couvrent des centaines d’hectares de terres. À l’intérieur des serres, des hommes se déplacent sur des échasses d’environ 3 mètres, cueillant soigneusement les tomates mûres à emballer et à expédier vers l’Union européenne.
Les serres font partie d’un projet gouvernemental de 12 ans baptisé « Plan Maroc Vert 2020 », dont l’objectif visait notamment à accroître les exportations commerciales de tomates du Maroc. Récemment, un kilogramme de tomates marocaines s’est vendu en France à peu près au même prix qu’au Maroc même, un euro le kilogramme.
Le gouvernement a indiqué que le Plan Maroc Vert 2020, qui vient de s’achever, a été un succès. Le PIB agricole a augmenté annuellement de 5,25 %, contre 3,8 % en comparaison avec d’autres secteurs, les exportations agricoles ont doublé avec 90 % des exportations de tomates destinées à l’Europe, et près de 350.000 emplois créés.
Mais l’accent mis par le gouvernement sur la croissance de grandes fermes orientées vers l’exportation a laissé les petits agriculteurs arroser leurs propres exploitations, au sens propre et figuré. Les petits agriculteurs ont rarement droit aux subventions gouvernementales pour le forage de puits, l’accès aux réserves d’eau et aux systèmes d’irrigation, et les grandes exploitations épuisent tellement la nappe phréatique au point d’assécher les puits de nombreux petits agriculteurs.
Pour les ouvriers agricoles des grandes exploitations de tomates, les bas salaires permettent à de nombreux travailleurs tout juste de vivre au jour le jour, tandis que quelques grandes entreprises de tomates, dont beaucoup ont des liens avec l’étranger, continuent de croître.
Alors que le Maroc entre dans sa prochaine phase de croissance agricole planifiée, baptisée « Génération verte 2020-2030″, il s’est engagé à faire accéder 400.000 ménages agricoles à la classe moyenne et à doubler les exportations agricoles à près de 7 milliards de dollars par an. Mais sans prêter attention aux petits agriculteurs traditionnels du Maroc, la situation des ruraux pauvres continuera de se dégrader ».