Quand l’épouse de l’Ambassadeur Américain endosse la melehfa à Dakhla

Par Ali Bouzerda


Certains diplomates Occidentaux affirment que le Maroc a « plus de chance » avec les Républicains américains qu’avec les Démocrates. Il ne faut pas généraliser, bien évidemment, car avec John Kennedy, Ronald Reagan et les Clintons, les relations ont toujours été au beau fixe. En d’autres termes, les Républicains sont plus sensibles et attentifs aux préoccupations légitimes du Royaume, notamment sa souveraineté et à son intégrité territoriale.

D’ailleurs, n’est-ce pas le président Franklin D. Roosevelt qui en janvier 1943, à la veille de la Conférence d’Anfa, à Casablanca, a été le premier chef d’État d’une puissance occidentale à soutenir ouvertement l’indépendance du Maroc et la fin du protectorat français.

C’est lors d’un dîner emblématique, auquel a pris part le Roi Sidi Mohammed Ben Youssef, le premier ministre Britannique Winston Churchil et le célèbre Général de l’armée américaine, George Patton, que Roosevelt a dévoilé le fond de sa pensée, un engagement qui mettra les officiels français de l’époque dans tous les états.

D’ailleurs, plusieurs années plus tard, quand le Général de Gaule écrira ses « Mémoires de Guerre », il reviendra sur ce chapitre historique, dans les pages 570 et 571, pour justifier l’importance de la présence française au Maroc tout en minimisant le soutien des Américains en termes qui cachent mal sa rancune. «Quand, à Anfa, le président Roosevelt fit miroiter à votre Majesté les merveilles de l’immédiate indépendance, que vous propose-t-il en dehors de ses dollars et d’une place dans sa clientèle ? », dit-il au Souverain.

« Vieille rancune ne meurt jamais », rappelle un proverbe Danois.

Bref, la promesse d’indépendance du Maroc ne se concrétisa qu’une décennie plus tard mais n’est-ce pas l’Amérique qui a soutenu ouvertement la liberté, la dignité et souveraineté du Maroc; des valeurs bafouées pendant des décennies par l’impérialisme, suite à la conférence d’Algesiras en 1906 qui décidera de manière injuste et immorale du partage de l’Empire chérifien. Et du coup, la grande partie du Maroc tombera sous la coupe de la colonisation Française, les provinces du Nord et celle du Sud, le Sahara compris, seront offertes en cadeau à l’Espagne, comme dans un festin des loups de la steppe.

La rencontre d’Algésiras était la suite logique de la fameuse Conférence de Berlin (1884 – 1885) qui a édicté les règles officielles de colonisation.

En évoquant la steppe, je me suis rappelé d’un détail. Comme par hasard, la Russie tsariste qui se trouve à des milliers de kilomètres d’Afrique du Nord était aussi présente autour de la table de cette fameuse Conférence d’Algéciras afin d’assister à ce partage colonial barbare, dont les conséquences seront désastreuses pour les peuples du continent Africain.

Évidemment, ce temps est révolu mais ses séquelles n’ont pas disparu à nos jours…

Et ironie de l’Histoire, il a fallu du courage et de la clairvoyance à un président américain, un autre Républicain, M. Donald Trump pour reconnaître la souveraineté du Maroc sur chaque grain de sable de ses provinces Sahariennes.

Et joignant la parole à l’acte, l’ambassadeur américain David Fischer et son épouse Jennifer, accompagnés du Secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche Orient, David Schenker et du Ministre des AE, Nasser Bourita se sont rendus à Dakhla pour poser « la première pierre » du futur Consulat général des États-Unis à vocation économique dans cette ville décrite par nombreux voyageurs comme étant la « Perle du Sud ».

C’est la première visite officielle d’une délégation américaine au Sahara depuis le départ des troupes coloniales espagnoles et son retour dans le giron de la mère patrie en 1975. La visite est un événement historique d’une importance politique et diplomatique à l’échelle internationale et non un simple geste amical.

Cette visite doit en toute logique inspirer les « ex puissances coloniales » qui ont signé le traité d’Algéciras en procédant comme l’a fait Washington à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, des terres qui jadis ont été mises sous domination par un coup de plume, pour ne pas dire divisées à coup de hache et feux de canonnières.

Ce 10 Janvier 2021, en endossant une belle melehfa orange, l’épouse de l’Ambassadeur Fischer a honoré le patrimoine culturel de cette ville et réaffirmé publiquement la marocanité du Sahara par des gestes simples mais éloquents.

MM. Fischer et Schenker n’ont pas hésité à porter des daraias blanches (tenues des hommes du désert) à la cloture de la cérémonie devant des dizaines de caméras des médias nationaux et internationaux et en présence des élus de la ville.

« Notre voyage d’aujourd’hui à Dakhla constitue une autre pierre angulaire historique de plus de 200 ans d’amitié entre le Royaume du Maroc et les États-Unis d’Amérique », déclaré le diplomate Américain, dans une allusion à la reconnaissance de l’Empire cherifien en 1777 de l’indépendance de la jeune République des États-Unis d’Amérique,

« Je ne peux qu’affirmer que cette visite à Dakhla sera la première de nombreuses visites officielles du gouvernement des États-Unis dans les provinces du Sud du Maroc, alors que nous entamons le processus d’identification d’un site approprié pour l’établissement d’un Consulat physique », ajoute-t-il.

Il faut reconnaitre en toute humilité qu’une page de l’histoire du Sahara marocain a été tournée et que le tapage médiatique à Alger, Tindouf, Moscou et ailleurs, n’arrêtera point la caravane qui passe…

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