Drame – Twitter ôte à Trump son « pouvoir spécial » sur 88,7 millions de followers, alors que son isolement grandit

Inattendu. Il a fallu des années au président Donald Trump et des dizaines de milliers de tweets pour accumuler 88,7 millions d’abonnés sur Twitter. Mais il n’a fallu qu’un seul instant, vendredi, pour les perdre à jamais.

Il pourrait encore faire l’objet d’une procédure de destitution, mais la perte de son compte Twitter serait l’un des prix les plus immédiats à payer pour ses sorties au cours des deux dernières semaines de sa présidence, souligne un analyste dans un article publié par la chaîne américaine d’information CNN sur son site web.

Twitter a fermé la fenêtre ouverte sur les pensées du président et a coupé sa forme de communication préférée. Il sera ainsi beaucoup plus difficile pour le président avide d’attention de se frayer un chemin dans la vie publique s’il ne peut pas si facilement diffuser ce qu’il pense.

Alors que Trump se plaint des préjugés contre les conservateurs dans les médias sociaux, Twitter a été le robinet à partir duquel il distillait des mensonges, renvoyait des membres de son cabinet, intimidait des opposants et excitait ses partisans.

Twitter a été la pierre angulaire de sa stratégie de communication en tant que président, et en tant que président, Twitter a laissé ouvert son compte alors que tout autre aurait pu être désactivé il y a longtemps. Facebook et Instagram ont temporairement suspendu ses comptes sur ces plateformes jusqu’à ce qu’il quitte ses fonctions.

Twitter a également suspendu définitivement le compte de la campagne de Trump, @TeamTrump, affirmant dans un communiqué que « l’utilisation d’un autre compte pour tenter d’échapper à une suspension est contraire à nos règles ».
La société limite également les comptes officiels @POTUS et @WhiteHouse durant la période qui lui reste au pouvoir. Personne ne sait encore s’il peut ouvrir de nouveaux comptes à l’avenir.

George Conway, l’activiste anti-Trump et ancien républicain, a déclaré à CNN que l’humiliation du président sur la plate-forme avait une réelle importance pour limiter son pouvoir sur le type de personnes qui ont pris d’assaut le Capitole. Pour les Américains habitués à se réveiller pour lire ce que le président a suscité sur les réseaux sociaux, c’est un étrange moment de soulagement et de silence. Tout ce qui reste de la page Twitter de Trump est un espace vide et un message indiquant que le compte a été suspendu.

Après un avertissement et une suspension de 12 heures du compte de Trump plus tôt cette semaine, la société a annoncé sa décision de suspendre définitivement @realDonaldTrump vendredi, invoquant le « risque d’une nouvelle incitation à la violence ».

La mesure prise par Twitter contraste avec l’action officielle beaucoup plus lente des législateurs, les démocrates ayant opté pour la destitution alors qu’il n’était pas clair si Washington accepterait de censurer définitivement Trump et de l’empêcher d’occuper un poste futur pour avoir incité une foule à prendre d’assaut le Capitol.

Twitter a fait référence à sa politique « glorifiant la violence », Trump ayant tweeté: « les 75 millions des grands patriotes américains qui ont voté pour moi…auront une grande voix pendant longtemps à l’avenir. Ils ne seront ni méprisés ni traités injustement de quelque manière que ce soit !! !  »
Pour Twitter, cette affirmation est une approbation tacite des actes de saccage commis par la foule au Capitole.

Pour beaucoup, la décision de Twitter est tardive. Sous pression, Twitter avait commencé lors de la campagne présidentielle de 2020 à étiqueter les tweets mensongers. Mais il a évité de suspendre ou de cacher ses tweets jusqu’à ce qu’il encourage les émeutiers cette semaine.

+ Relancer ou ne pas relancer une procédure de destitution +

C’est la question clé qu’affrontent les démocrates alors qu’ils se préparent à prendre le contrôle du gouvernement américain dans moins de deux semaines. Une fois au pouvoir, ils auront la responsabilité de s’attaquer aux nombreuses crises que Trump laisse derrière lui.

Trump a déjà fait savoir qu’il n’assistera pas à la cérémonie d’investiture de Joe Biden. Personne ne sait ce qu’il compte faire d’ici là. Mais la vidéo dans laquelle il a admis sa défaite et le silence du vice-président Mike Pence ont mis un frein à la discussion de jeudi sur l’invocation du 25e amendement pour le démettre de ses fonctions.
Les démocrates de la Chambre ont déjà rédigé un nouvel article unique de destitution contre Trump pour incitation d’une foule à empêcher le Congrès de finaliser la victoire de Biden.

La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, souhaite clairement sa destitution. Elle ne veut pas qu’il utilise l’armée, en particulier l’arsenal nucléaire. Elle a déclaré vendredi qu’elle avait parlé aux dirigeants militaires de ce qu’ils feraient si Trump tentait quelque chose d’irréfléchi.

Les démocrates pourraient voter à la majorité simple pour destituer Trump la semaine prochaine. Mais une destitution de Trump à la Chambre aura encore besoin d’un vote au Sénat, et les républicains n’y sont pas prêts.
Biden, qui devra diriger ce pays dans moins de deux semaines, a été interrogé lors d’une apparition dans le Delaware sur la décision de Pelosi et, loin de l’approuver, il l’a contournée en affirmant qu’il y a d’autres priorités.

« Je me concentre sur le virus, le vaccin et la croissance économique…Mais je vais devoir, et ils vont devoir, être prêt à démarrer, car lorsque Kamala et moi serons assermentés, nous présenterons immédiatement des textes législatifs importants pour faire face au virus, gérer l’économie… Nous allons donc faire notre travail, et le Congrès pourra décider du sien », a souligné Biden.

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