Devoir d’explication (sur l’histoire de « Faut-il brûler les homos? »)

unnamed (19)Par Mohamed Selhami

Le numéro 1122, du 12 au  18 juin 2015, de Maroc  Hebdo (MH), dans sa  toute première édition,  sous le titre “Faut-il  brûler les homos?”, a provoqué  de nombreuses et vives réactions  sur le web. Une publicité que  nous n’avons pas recherchée et  dont nous aurions bien voulu  nous passer. D’autant plus que les  appréciations exprimées étaient,  pour la plupart, négatives, parfois  exacerbées, faisant souvent état  d’une irritation explicite. Ce qui  nous a amenés à retirer de la vente  et de nos sites sur le net, l’édition  en question.

Au-delà de toute considération  comptable, nous avons estimé que  cette décision était nécessaire;  tout autant que le communiqué  de presse qui l’a accompagnée où  nous avons présenté nos excuses  à ceux de nos lecteurs qui ont pu  être choqués par le thème abordé,  par le titre malheureux et par la  nature de la couverture. Il s’agit,  pour nous, d’une obligation à la  fois professionnelle et citoyenne,  dans la mesure où notre politique  éditoriale n’a jamais cédé à la facilité  du sensationnalisme de mauvais  aloi susceptible de heurter  les sensibilités et les convictions  de l’opinion publique. Une ligne  de conduite dont nous ne nous  sommes jamais départis depuis  vingt-quatre années révolues.

Selon toute vraisemblance, c’est la  couverture, plutôt que le contenu,  qui a donné matière à ce sentiment  de désapprobation et servi de prétexte à une certaine forme de  rejet. Car, lorsqu’on prend la peine  d’aller au-delà de la Une, pour lire  les deux articles de couverture,  on sent parfaitement que la sensibilité  extrême du sujet est prise  en compte. Toutes les précautions  d’usage et de langage et tous les a  priori d’approche sont respectés  pour que le phénomène de l’homosexualité  au Maroc soit exposé  dans la vérité de son rapport à la  société et dans ses décalages vis-à-  vis de la législation en vigueur. Il  en ressort qu’il est en porte-à-faux  sur ces deux facettes de la réalité.  Quant aux faits déclencheurs de  cet intérêt journalistique, ils ont  été, tout simplement, empruntés  aux événements récents en rapport  avec le thème abordé. Une actualité  qui a, d’ailleurs, été reprise par  la presse nationale et étrangère.

À divers degrés de traitement  allant du soutien à la condamnation,  en passant par une mise à disposition qui se veut strictement  informative.  Le Maroc a effectivement connu,  ces dernières semaines, des épisodes  à répétition d’exhibitionnisme,  avec force embrassades de  gays et de lesbiennes sur la place  publique.  C’est dire que le pays a récemment  vécu une véritable effervescence  autour du thème générique de  l’homosexualité.

Dans le numéro  incriminé de MH, nous avons  procédé à une sorte de mise en  présence des partis-pris des uns et  des autres; des deux côtés d’une  barrière étanche et irréductible;  l’objectif étant de donner aux  lecteurs la juste mesure de leurs  antagonismes.  C’est dans ce contexte que MH a  été vertement critiqué pour avoir  mis en évidence un phénomène  dont nul ne peut nier l’existence.  Notre titre “Faut-il brûler les  homos?” n’est qu’une formule métaphorique  qui ne peut être prise  au pied de la lettre.

Ce n’est donc  pas un signe d’homophobie ni une  excitation des réflexes inquisiteurs,  encore moins une incitation  au lynchage et au bûcher.  Bien au contraire, à aucun  moment, nous n’avons laissé  entendre que nous militons pour  une approche répressive qui mène  à l’exclusion et aux dérapages en  tous genres.  Nos articles invitent à la tolérance  et au dialogue. Sans jugement  expéditif et sans manifestations  ostentatoires et provocatrices.

Maroc Hebdo/Article19.ma