Ils m’ont enlevé le droit de regarder le film « Much Loved/zine li fik » et me faire une opinion personnelle. Curieuse, j’ai regardé les quatre extraits officiels du film sur Youtube et 3h30 des Rushs piratés (le brouillon du film).
Sur cette base qui fait scander l’opinion publique, j’écris cette tribune pour soutenir la démarche du film, son intention de dénoncer « la situation des prostituées au Maroc » et présenter une réflexion de ce qui se cache derrière la colère du Collectif et l’interdiction du film.
Le Harem (Al-Harem) et le Haram
Il est très « CLAIR », personne n’a envie de discuter ou de débattre le sujet de la prostitution, puisqu’il s’agit d’un sujet qui se « consomme » comme les burgers de Fast-food : faut pas trop réfléchir sur l’origine de la viande et demander si les vaches sont bien traitées ? Les prostituées, qu’elles soient femmes, travestis ou petits garçons, sont considérées comme des marchandises consommées majoritairement par des hommes et pour servir le sexe masculin. Réaliser un film sur ce sujet, c’est dévoiler le domaine privé des hommes au grand public sur le grand écran, et pas n’importe quels hommes ! Pour le cas « Much Loved » il s’agit d’hommes riches, d’investisseurs étrangers, de touristes avec du pognon, abonnés aux services des prostituées, résolus de payer pour le sexe, qui aiment se défouler sur les corps des femmes pour se définir puissant et toujours dominant.
Des hommes à qui l’on ne refuse rien, qui se croient tout permis, même les relations dites « haram » et « illicites », parce qu’elles sont normalisées dans leur environnement, consommées sans modération, voire même applaudies. Entendre « je pars voir les putes » ne heurte personne puisqu’elle sous-entend l’aisance financière et la virilité, deux attraits tant convoités par d’autres mâles dominants.
Le film dérange parce qu’il montre tout cela en « images », il renvoie ces hommes à leur propre reflet : nu, cru, sans artifice comme un effet miroir. Des images détaillant leurs pratiques qu’ils ne veulent pas voir d’abord par eux-mêmes, et qu’ils ne souhaitent pas montrer aux Autres.
Et ce qui est ironique dans cette affaire, c’est que les personnes qui ont chuchoté et énoncé son interdiction, sont également de sexe masculin, appartenant politiquement, économiquement et financièrement aux même monde des hommes « des gentlemans respectables », qui ont l’habitude d’entendre ou de voir, l’exploit de leurs collègues. Et par amitié, ils sont gardiens de « leur jardin secret », complices de leurs actes et soutiennent la légitimité de la domination masculine.
Le discours victimaire
D’après les extraits du film, le sujet traite la thématique de la prostitution encouragé par des « notables » et des VIP, et n’aurait pas été condamné si violement s’il avait traité la prostitution consommée par des hommes pauvres, sans dents et sans gloire. Il n’aurait pas été banni, s’il avait mis en lumière des hommes « pervers » qui aiment le sang, le viol et la pédophilie. Parce que la première idée véhiculée sur la prostitution, c’est qu’elle ne s’offre qu’à des « pauvres tarés », et que « pute » ne doit absolument pas rimer avec « riches » comme DSK & Co.
Le film n’aurait jamais été censuré s’il avait traité le réseau du crime sexuel où de pauvres filles sont séquestrées, vendues à l’heure, violée à plein temps et battues en heure creuse. Parce que la seconde idée préconçue sur la prostitution, et que le monde entier véhicule à travers les médias : « c’est un métier qui doit se faire sous la contrainte de la violence physique et arnaque psychologique », où il faut présenter des victimes en larmes et en sang. Plus elles bavent, plus c’est toléré parce qu’il est interdit d’envisager la prostitution volontaire, pour l’auto-détermination financière, née sous la violence du système libéral et patriarcal.
Transgression du patriarcat
D’après les extraits officiels, Much Loved ne montre pas de pauvres « victimes», qui font pitié et donnent envie de les sauver dès la première image, mais plutôt des « femmes volontaires » qui vendent leurs corps pour du fric, qui se préparent, se dandinent et roulent du cul pour de l’argent. Des femmes qui décident quant il faut vendre du sexe ou pas, des femmes maitresses de leurs comportements, des femmes bien maquillées aux robes pailletées, qui ressembleraient à vue d’œil, à des femmes dites « émancipées », « petites bourgeoises » qui aiment faire la fête, se maquiller, boire et fumer, sortir avec les même robes pailletées pour plaire aux hommes, et dans l’intimité se donneraient « gratuitement », rouleraient du cul elles aussi, danseraient avec provocation, puis « secrètement » demanderaient d’être entretenues et prises en charges jusqu’à la fin des temps.
Parce que la vérité : les hommes ont toujours aimé payer pour les femmes et les entretenir. Ils aiment ce « pouvoir » d’être capable de subvenir aux besoins des femmes « financièrement ». Et en contrepartie, ils attendent des femmes de leur subvenir « sexuellement » et « maternellement ». Ils attendent des femmes qu’elles soient dociles, aimantes, gentilles et ne jamais s’imposer, parler fort, être directe et dire « NON ». Alors que les prostituées, celles qui exercent le métier de « Pute », sont aussi des femmes qui demandent aux hommes de payer comme ils l’ont toujours fait… mais le demandent d’une manière directe et frontale… ce qui dérange ces femmes habituées à demander le même argent indirectement, qui voient dans cet acte, une transgression aux règles « traditionnelles ».
Discrimination publique et politique
Les hommes et les femmes qui se sont déchainés sur les réseaux sociaux, clavardés des insultes agressives, vomis la haine primitive, et pour certains trouvé de la légitimité pour faire un appel aux meurtres, ont exprimé ouvertement leur discrimination envers les « putes », parce que le film dévoile la Hachouma et s’inscrit dans une transgression des « valeurs ». Par conséquence, le film devient à son tour étiqueté de « Pute », voire même de « Grosse Pute », et la fine équipe du film sont aussi des « putains » et des « putes ». Parce que « PUTE » est le stigmate par excellence de la marque de la « transgression » et de la « désobéissance ».
Et il est facile d’insulter les « putes », puisque personne ne prendra leur défense, de peur d’être à son tour condamné par contagion de « Pute ». Et c’est ce qui s’est passé, quand le gouvernement actuel a rejeté a son tour le film, cautionnant la colère et la violence discriminatoire du Collectif, de peur de les voir se retourner contre lui et se faire traiter de « mécréant » ou simplement de « fils de pute ». Et l’interdiction devient très politisée, justifiée et médiatisée puisqu’il s’agit de caresser l’opinion publique dans le sens du poil, avant les prochaines élections.
Il est ironique de savoir que trois corps nus et deux paires de seins au grand écran, mettent en danger la sûreté nationale pour que la Politique s’en mêle. Quand le Ministère de la Communication annonce précipitamment l’interdiction du film, à travers un communiqué officiel, il fait du film une arme politique qui « nuit très gravement à l’image du Maroc ». Alors que le film, n’est que le miroir de la société et sa pertinence, ou plutôt son arme majeure, mis à part l’image, c’est le « son » : les dialogues, les paroles et ce qui se chante comme « texte », qui blesse apparemment l’orgueil des censeurs. Parce qu’il est question d’égo, de virilité et de masculinité du gouvernement actuel.
Tourisme sexuel et rêve orientaliste
Dans les extraits, le film présente des consommateurs étrangers, d’origine des pays du Golf et l’occident, à la quête des plaisirs fournis par les « autochtones », les « indigènes », les femmes « beldis » qui renvoient au rêve « orientaliste ». En d’autres termes, après les bons « tajines marocains », ils veulent goûter à la chaire et au corps des femelles dites « marocaines », qui ne sont entre autres que des plaisirs « locaux » comme des produits de terroir.
Certainement, le mot « indigène » pourrait être senti fort et exagéré, mais malheureusement, c’est le mot qui sied pour définir les prostituées parues dans Much Loved, pour souligner la spécificité du tourisme sexuel, et pour interpeller l’Histoire de Bousbir et de ses cartes postales. Puis, rappeler que les clients étrangers sont là pour « exploiter » les corps des marocaines, ils sont ici pour se les approprier et les dominer, ce qui froisse et fâche la virilité machiste marocaine qui voit dans ce symbole : l’acquisition de « leurs femmes » et se sentent dominés à leur tour…
Il faut être encore « CLAIR » : tout est question de domination masculine sur les corps des femmes, celles qui appartiennent au Collectif et à la « tribu » patriarcale. Il n’est pas question de « outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine » parce qu’il n’y a pas une seule femme marocaine, mais des femmes marocaines, et parmi ces femmes, il y’a également des prostituées marocaines qu’il ne faut jamais négliger, oublier et écarter.
La discrimination des prostituées est une atteinte fondamentale des droits des femmes. Ne pas engager un débat autour de la prostitution est une manière de fuir la responsabilité de l’Etat face à la pauvreté et la précarité de son système. Dire que le film porte « atteinte à l’image du royaume » n’est qu’un prétexte pour étouffer l’affaire du tourisme sexuel au Maroc et mettre en silence les voix des plus démunis.
Violences légitimées
Pour ma part, le plus grand scandale dans cette affaire, ce qui me choque le plus, c’est l’interdiction du film, avant même que son réalisateur ne demande l’autorisation de diffusion. Le fait de faire valoir l’autorité du Ministère de la Communication sur les lois qui régissent le domaine cinématographique marocain, c’est vanter la mainmise du gouvernement actuel sur la liberté d’expression, pour violer les droits fondamentaux des artistes et des créateurs, et au même pas, violer les droits de « Much Loved ».
L’acte de l’interdiction du film est le symbole même du droit de « légitimer » toutes les violences à l’encontre des prostituées, le droit de les lyncher, le droit de les humilier et même le droit de les violer. Cet acte d’interdiction est la stratégie du voilement des consciences pour ne jamais considérer une prostituée, en tant que femme comme toutes les autres femmes, avec un passé noir, un présent difficile et un futur débordant de rêves et d’espoirs.
Maha Sano
Auteure, militante des droits des femmes
Je suis vraiment outré la , madame le maroc est un pays musulman dimocrate, un lieu ou ttes les cultures se croisent , son respect dea droits humains , individuel et publique lui un aspect mondial ou la tolerance raigne selon les lois divine qui commandent notre cheminement de la vie quotidienne , ce pays investit dans plusieurs domaines la culture la sculture l agriculture , en gros tous les domaines existant .dire que le maroc investit dans la prostituation cela prouve bien que vous ne connaissez pas assez notre cher maroc . Je suis vraiment désolé mais c ke je viens de lire c du n importe quoi
Monsieur, ok toutes les cultures se croisent, ok il y a une démocratie, mais NON on ne respecte pas les droits individuels… liberté de culte, liberté d’opinion, d’expression, la liberté de tout être humain n’est elle pas d’abord de choisir ses croyances, sa religion et la manière dont on pratique sa religion…. la liberté des un s’arrête ou commence celle des autres !
sidi omar ce n est pas en juxtaposant des mots democratique et cle que vous maquillerez votre fetide extremisme discursif d atour de modernite laiquo islamco modere acceptable genre citoyen du monde: vous lire sent le vomi.malou l article? malek maahe?article nkiki mouhtaram mektoub mezianr.ta sire a sahbi tkemmech nta et l extremmisme a l iranien dialek dakchi li ktebti machi maghribi jebtih mchi blssa kgra.yallh digage
le devoir des chaines de la télévision marocaine est de produire des documentaires qui permettent à chacun, comme omar ennakri, d’ouvrir les yeux sur la société dans laquelle il vit et de se libérer des oeillères de l’ignorance. à suivre…
Très bel article. Merci
Magnifique style qui reflète un contenu bien ficelé.
Il me rappèle fort bien « La Mémoire Tatouée »
Magistral, Maha. Et douloureusement vrai. Une intelligence au vitriol. Merci!
Super article qui explique tout simplement
Article bien vissé, dont la tournure, les mots, ne laissent aucune échappatoire… Une analyse très pertinente de l’impact d’une bombe à retardement, Much loved, un film jugé trop cru pour être diffusé dans un pays pas encore disposé à voir ou écouter la réalité en face.
Merci.
i Merde, lâchez le bonhomme! On a d’autres chats à fouetter . C’est de l’obsession maladive
On ne doit pas se voiler la face …Super article qui chatouille les consciences .Mes respects Madame.
La vérité qui dérange et qui fait mal ils y en a qui préfèrent fermer les yeux tout simplement
Article de merde, un torchon torché par une 9haba, mentalités de merde, c’est même pas un film c’est une raclure de chiotte, comment vous pouvez débattre a propos d’une pourriture pareille sans intérêt ? Allez crever bande de merdes, c pas la peine d’interdire le film , le « réalisateur » a poser une caméra dans ces chiottes, ensuite il a chier sur l’objectif, voilà le portrait de votre film bande d’ignorant, je vous crache dessus t’fooou.
LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE
DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES….votée par le parlement marocain stipule dans son article 6 : « Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour réprimer, sous toutes leurs formes, le trafic des femmes et l’exploitation de la prostitution des femmes. » Alors, votre autodétermination finaçière, vous savez ce qu’elle vaut !
Vous n’arriverez jamais à convaincre, car le film ainsi que son réalisateur et tous ceux qui l’ont défendu ne sont meêm pas convaincus eux mêmes d’une chose, à savoir que ce film n’est pas là pour dénoncer le phénomène de la prostitution, mais pour le promouvoir ! Pour quelle raison ? c’est ce que les défenseurs n’ont pas eu le courage d’exprimer et de clamer tout haut, sauf dans des termes très vagues relatifs au respect dû aux prostituées et à leur statut qui fait qu’elles sont d’un apport certain pour certaines familles. Alors quoi ? Vous cherchez quoi ? A faire en sorte que la prostitution devienne un débouché de travail comme un autre, dans un pays où de larges couches de la population vivent la précarité ? Vous tombez sous le coup de la loi !!!
le probléme de prostitution, de pédophilie, .. , sont des problémes réels, qu’il faudra SAVOIR aborder et en faire une discussion de toute une sociéte.
le film en question n’est rien d’autre qu’un mauvais film X, .. , trés loin de ce qu’il peut prétendre !! ? il est tombé trés bas. dommage.. .
La discussion sur ce film est une perte de temps.
le sujet est beaucoup plus sérieux que cela.
Tachons tous d’avoir l’intelligence de débuter une discussion DIGNE de cela.
MERCI à tous