Par Ali Bouzerda
Sur l’Avenue Mohammed V de Rabat, deux jeunes hommes se saluent, sans masque sanitaire, avec quatre bises, deux sur la joue droite et deux sur la joue gauche, comme dans l’Oriental.
Cela est passé inaperçu ou presque, ce lundi 19 octobre vers 19 heures, devant des dizaines de flâneurs qui font le boulevard à cette heure de la journée. C’est bien un 19 octobre 2020 et non 2019, où le Ministère de la Santé vient d’annoncer son bulletin quotidien de la situation sanitaire au Maroc, notamment le nombre des victimes de Covid-19. Ce jour là, le Royaume a enregistré 2 .117 nouveaux cas confirmés au Coronavirus (Covid-19) ce qui porte le total des cas enregistrés depuis le 2 mars à 175.749 et le nombre des décès à 2.976.
Bien évidemment la fameuse courbe est loin de s’aplatir pour ne pas dire qu’elle continue sa tendance ascendante en attendant Godot.
Dans ce cas de figure, Godot ou plutôt sa volonté pourrait être normalement celle de citoyens sensibilisés par une véritable campagne de communication de masse afin de se protéger et protéger les autres.
L’exemple concret cité plus haut illustre l’état d’esprit des gens qui ne prennent pas au sérieux la létalité du virus car elle est invisible. Plus invisible encore la communication du gouvernement à ce sujet, abstraction faite de quelques spots, clips et pancartes ici et là exhortant la population à la distanciation sociale, l’usage des masques et des produits hydro-alcooliques.
Dans un pays où la moitié de la population n’arrive pas à déchiffrer les messages du Ministère de la Santé et moins encore ceux du chef de gouvernement Saad Eddine El Othmani, comment peut-on s’attendre à un changement de tendance de la courbe sanitaire ?
D’ailleurs, il semblerait qu’El Othmani a publiquement exprimé « gentiment » sa colère quand au manque de civisme de certains en cette triste période de pandémie.
« Les cas de contamination ne se stabilisent pas et nous n’arrivons encore pas à faire aplatir la courbe », a-t-il assuré, faisant observer qu’en dépit de l’augmentation des infections, le système de santé n’épargne aucun effort pour maintenir sous contrôle la situation et enrayer la propagation du virus.
El Othmani qui intervenait en début de semaine devant les élus du peuple dont certains portent leur masque de travers, souligne que le nombre des cas graves et critiques enregistrés jusqu’ici nécessite la mobilisation de 26,3% des lits de réanimation dédiés aux patients Covid-19.
El Othmani tout en exprimant sa solidarité avec ceux qui sont actuellement sous confinement a toutefois vivement critiqué ceux qui doutent de l’existence de l’épidémie et violent les mesures préventives, affirmant:
« Certains doutent encore de l’existence de la pandémie et de sa létalité, ils ne respectent pas les gestes barrières et organisent secrètement des fêtes de mariages et des rassemblements, cela doit s’arrêter, car ils laissent l’épidémie se propager encore davantage ».
C’est bien dit Monsieur El Othmani mais cela n’est pas suffisant car son impact sur le plan médiatique est plus ou moins égal à zéro.
Bien évidemment, nous ne sommes pas du côté de ceux qui prônent des méthodes musclées et coercitives afin de faire aboutir la politique de l’Exécutif. Il y a mille manières de mobiliser une population contre l’ennemi et de surcroît un ennemi invisible, le Coronavirus.
Un exemple, tout commence dans les quartiers et sans une sensibilisation efficace chez les jeunes afin de mobiliser les adultes, les tristes chiffres que diffusent les experts de la Santé restent sans effet pour ne pas dire du chinois au moment où Trump parle du « virus chinois ». Mais cette polémique ne nous concerne pas surtout qu’on coopère avec les Chinois pour obtenir « les premiers » un vaccin pour nos concitoyens, selon les dires d’El Othmani.
Par ailleurs, les médias publics et privés doivent être à l’avant-garde dans cette guerre anti-Covid-19 qui ne nécessite pas des milliards de Dirhams. Par contre, cela demande juste de l’imagination et du courage afin de faire face à un ennemi invisible qui s’est installé parmi nous depuis huit mois déjà, et qui sera là malgré nous durant toute l’année 2021 et voire même 2022 sauf miracle.
Mais il semblerait que les miracles ont disparu avec le dernier envoyé d’Allah.
A bon entendeur salut !