Les islamistes pratiquent le sacrement du pardon CNSSGATE

Par Marouane Kabbaj*

Pour ses deux ministres, coupables d’une infraction pénale, le PJD veut faire table rase du passé en prononçant un sursis en leur faveur. Comme si de rien n’était. Une belle leçon du respect de la loi!

Le verdict du PJD dans l’affaire de ses deux ministres est tombé vendredi 3 juin 2020. Le secrétariat général du parti, s’exprimant sur cette affaire qui concerne ses ministres Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz n’ayant pas déclaré leurs employés à la CNSS des années durant, ayant une place très particulière au sein du parti de la lampe, alors que l’un préside la commission centrale pour l’intégrité et la transparence, l’autre dirige la Chabiba, mérite qu’on s’y attarde.

Les “sages” ont reconnu leurs “frères” Ramid et Amekraz coupables de transgresser la loi, mais ils les ont absous de toute violation des règles d’honnêteté et de transpa- rence.
Le communiqué, signé par le n°2 du PJD, Slimane El Amrani, prend la défense des deux avocats, confirmant ainsi qu’“aucun des deux n’a enfreint les règles d’intégrité et de transparence liées à la gestion des affaires publiques et les dispositions de prise en charge de leurs responsabilités publiques”. Mieux, il s’en prend à tous ceux qui les ont dénoncés: “Les tentatives de certains de sur- fer sur les deux affaires pour mener une campagne visant le parti et ses dirigeants, en vue de leur porter préjudice”, avant de terminer sur une note qui laisse penser que le parti a ses propres lois qui ne sont pas assu- rément celles qui régissent la vie publique: “les cadors du PJD qui prennent la charge des responsabilités publiques ont toujours fait honneur au parti.

Ainsi, les erreurs qui peuvent être commises par les militants du parti ne le rapetissent pas, ces derniers prennent l’initiative eux-mêmes ou à travers le parti de les corriger”.
Non seulement, ils se permettent de transgresser la loi et deviennent ainsi une source de jurisprudence en matière judiciaire qui veut que la transgression de la loi oit corrigée par la personne qui la viole ou le parti dont il est membre. Quelle belle leçon de respect de la loi!

La loi réinterprétée

Mieux encore, au sujet du traitement réservé aux collaborateurs des deux ministres, le parti de la Lampe dit avoir pris en considération “la bienveillance avec laquelle le ministre Ramid a entouré sa secrétaire, la dé- funte Jamila Bichr, notamment à travers la prise de charge des frais médicaux de l’employée, selon les témoignages de la famille de la défunte”. Celle-ci a officié pendant plus d’une vingtaine d’années auprès dudit cabinet. Le secrétariat général du PJD a également tenu “à féliciter” le ministre Amekraz qui “s’est dépêché à corriger cette situation et se conformer à la loi”.

Ce même parti qui dirige le pays véhicule ainsi un message aux Marocains: “les lois communes vous concernent, nous, nous avons les nôtres”.

Dans une vidéo filmée par lui-même, le ministre Amekraz a pris justement une initiative pour s’expliquer. Il a déclaré que depuis fin 2009, date de début de l’exercice du métier d’avocat, il a fallu que le cabinet soit rentable, que le turnover des stagiaires s’arrête, et que l’avocat en charge de son
cabinet en finisse avec d’autres occupations et avec la déclaration des impôts pour enfin se préoccuper de la CNSS et que cela lui a pris du temps. Et que n’eût été la pandémie, il l’aurait fait quelques mois avant début juin 2020.

L’exécution de la loi peut attendre parce que le parti au pouvoir, censé veiller sur son respect, en a voulu ainsi. Est-ce l’objectif donc de faire la politique et de chercher à gouverner? Est-ce que l’intégrité et la morale pjdistiennes priment au dessus du droit commun? Est-ce que le référentiel à l’Islam, qui devrait d’ailleurs être interdit dans la politique, leur donne le droit d’interpréter la loi comme ils le
veulent ? On dirait tout bonnement qu’ils n’ont cure ni des lois du pays ni de ses institutions.

*Source : MarocHebdo

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