Terrorisme – Reprieve veut libérer le dernier djihadiste marocain détenu « sans procès » à Guantanamo depuis 18 ans

L’un des derniers « combattants » d’Al-Qaeda en détention à Guantanamo. Ainsi, « Reprieve », une organisation indépendante de défense des droits humains appelle à la libération du marocain Abdellatif Nasser, détenu depuis plus de 18 ans, et ce, «sans procès », au centre de détention de la base militaire américaine de Guantanamo à Cuba.

L’ONG « Reprieve » (La grâce), basée à Londres, a rouvert le dossier du détenu marocain via un « podcast » et une « vidéo » qui se sont répandus à travers le monde, dans lesquels elle rappelle que Nasser était toujours détenu à Guantanamo sans jugement, et que les membres de sa famille, qui vivent à Casablanca, n’ont le droit de communiquer avec lui qu’une seule fois par mois, les mains menottées et sous les regards des gardes.

Reprieve a indiqué dans la « vidéo » que les militaires et les services sécuritaires américains ont reconnu que Nasser devrait quitter le centre de détention à Guantanamo Bay rappelant la décision qui a été prise à ce sujet en 2016, mais qu’après l’election de Donald Trump à la présidence des États-Unis ce dernier avait promis que personne ne quittera cette prison extra-territoriale.

Plusieurs médias ont ainsi relayé le cas de Nasser, comme étant « le dernier des détenus » du centre de détention réservé aux terroristes d’Al-Qaida.

+ Coeur brisé et espoir évaporé +

Originaire de la ville de Casablanca, Abdellatif Nasser découvre la mouvance islamiste en intégrant les rangs des islamistes d’Al Adl Wal Ihsane, selon des médias casablancais.

Après deux ans d’études en physique – chimie à la faculté Hassan II de Casablanca, il rejoint son frère en Libye en 1990. Et contrairement à son frère, ce dernier, rentré deux ans plus tard au Maroc, Abdellatif part en 1993 au Soudan, après plusieurs tentatives de rejoindre par mer l’Italie.

Dans la capitale Khartoum, il rejoint un groupe islamiste appelé Daâwa Wa Tabligh (Appel et Prédication) et suit des cours en théologie. Deux ans après, il est recruté par une entreprise appartenant à Oussama Ben Laden, leader de l’organisation terroriste Al Qaida, qui commencera à influencer fortement le jeune Abdellatif.

Ce dernier décide d’ailleurs de rejoindre, en janvier 1997, le patron de l’organisation terroriste en Afghanistan en passant par le Yémen, la Syrie et le Pakistan. Et en 1998, il rejoint la capitale afghane, Kaboul, après être devenu un expert des explosifs. Il combattra pendant trois ans sous l’étendard des « djihadistes arabes » au sein des Talibans, et deviendra par la suite l’un des principaux leaders d’Al-Qaida, décrochant le titre d’«Emir».

Mais il est contraint de battre en retraite sous la pression de l’invasion de la coalition internationale menée par les Etats-Unis en décembre 2001. Abdellatif Nasser se retire alors à Jalalabad puis dans la région montagneuse de Tora Bora avant de se réfugier au Pakistan avec une cinquantaine de combattants.

+ Détenu dans un espace de 3 m sur 5, assis, les mains et les pieds enchaînés à un verrou fixé au sol +

Mais c’était sans compter sur les services secrets américains qui l’ont traqué et réussi à le localiser. Il est arrêté le 15 décembre 2001 puis placé dans la prison de Kaboul avant d’être transféré au centre pénitencier américain de Kandahar, le 21 janvier 2002. Le mois de mai de la même année, il est transféré à Guantanamo, qu’il risque de ne pas le quitter durant le mandat de Donald Trump.

Pour rappel, le président Bush avait affirmé que les prisonniers de la guerre contre le terrorisme n’étaient pas couverts par les Conventions de Genève et pouvaient être détenus indéfiniment, sans inculpation et sans procès.

En 2004, la Cour suprême des États-Unis a, par contre, statué que les détenus de Guantanamo avaient le droit d’être informés des motifs et charges retenues à leur encontre et qu’ils avaient le droit de les réfuter.

Quant aux conditions de leur détention, ces derniers sont détenus dans un espace de 3 m sur 5, assis, les mains et les pieds enchaînés à un verrou fixé au sol.

Carol Rosenberg, du quotidien « The Miami Herald », avait fait savoir en 2013 qu’Abdellatif Nasser était l’un des 48 détenus pour lesquels aucune preuve ne justifiait l’emprisonnement mais que les responsables américains considérent néanmoins comme potentiellement dangereux pour être libéré.

L’administration Obama avait fait pression pour transférer les prisonniers de Guantanamo. Le quotidien « The Washington Post » avait rapporté qu’Abdellatif Nasser était l’une des 5 personnes dont la libération avait été autorisée mais qui sont restées à Guantanamo après l’investiture de Donald Trump. Ce dernier avait promis qu’une fois au pouvoir personne ne quitterait jamais le centre de détention de Guantanamo.

En 2020, le cas du Marocain a été médiatisé par le podcast Radiolab et une pétition appelant Donald Trump à le libèrer a été lancée en ce sens.

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