Par Ali Bouzerda
Au Maroc, à la moindre « gaffe », le chef de l’Exécutif devient la cible privilégiée des internautes. Cette fois-ci, il n’y en avait pas, mais ce lundi 4 mai, un post Facebook en français à fait surface sur le Net brossant ainsi un tableau détaillé de « l’état épidémiologique du virus #couronne au #Maroc »…
A première vue, ce post insolite a tout l’air d’un message officiel et il ne pourrait être que celui de M. Saad Dine El Otmani surtout qu’il est accompagné de sa photo et de son nom en arabe et en français. La publication facebook en question nous informe du « total des guérisseurs : 1653 » et d’un « total des blessures confirmées : 5053 » etc…
Mais à regarder de plus près, on découvre que ce, qui a circulé à la vitesse de la lumière sur les réseaux sociaux, est en réalité une mauvaise traduction d’un post en arabe de Ssi El Otmani qui a un certain nombre de followers qu’il informe quotidiennement de la situation de la pandémie au Maroc. Et c’est de bonne guerre, surtout que les échéances électorales approchent et du coup il faut rester en contact permanent avec sa base à l’exemple de Donald Trump avec ses tweets quotidiens, sauf que ce dernier a pas moins 70 millions de followers. Sans être fort en calcul, c’est deux fois la population du Royaume.
En fait, c’est Facebook qui a pondu cette traduction ridicule et profitant de l’occasion, un ou plusieurs rigolos se sont amusés à diffuser une capture de celle-ci sur WhatsApp, une mauvaise plaisanterie dont l’objectif n’est autre que la dérision.
Une dérision qui tombe pile-poil avec la levée de boucliers de Tanger à Lagouira en passant par le Souss contre le controversé projet de loi 22.20 qui aurait sans nul doute fait couler un fleuve d’encre, sauf que nos journaux ont été obligés de suspendre leur impression sine die à cause de la pandémie du coronavirus (Covid-19).
Et avant de revenir à ce fameux projet de loi qui semble tomber du ciel, rappelons au passage que c’est un secret de polichinelles que le chef de l’Exécutif ne peut s’exprimer en français sans attirer « la curiosité » de ses interlocuteurs, notamment les chefs de chancellerie des missions diplomatiques et consulaires occidentales à Rabat.
Les mauvaises langues racontent qu’à deux reprises, lors des dernières fêtes du 14 juillet à la Résidence de France au Maroc, M. El Otmani s’est enhardi pour faire l’éloge — dans la langue de Molière bien évidemment –, de l’amitié éternelle franco-marocaine… Tout s’est bien déroulé sauf que l’audience VIP nombreuse à cette fête nationale française, n’a malheureusement retenu que les fautes de grammaire et de prononciation lors du discours de notre Premier ministre. Allah ghalab!
Bref, revenons à nos moutons, à ce projet de loi sur le contrôle des réseaux sociaux que le célèbre cinéaste Nabyl Lahlou a décrit de « pistolet 22.20 » et que la classe politique, toutes tendances confondues y compris le sourd muet Mouvement Populaire, a montré du doigt comme étant une véritable « muselière ».
Alors, on se demande, si cette loi était déjà adoptée, est-ce que M. El Otmani aurait-il l’audace d’aller jusqu’à la fin de sa logique de dérive autoritaire pour poursuivre en justice le ou les auteurs de ce tweet ridicule ?
C’est juste une simple question avant l’heure d’exécution.
Mais, « Il n’est jamais trop tard de bien faire », disaient nos ancêtres, et pour bien faire, il serait sage d’enterrer, une fois pour toute, ce projet de loi de « la discorde » et non juste de « le mettre au frigo » dans un jeu de miroir qui ne trompe personne.
Par ailleurs, par les temps qui courent où la clairvoyance doit primer, ce serait une grave erreur de réveiller « les démons du passé » en cédant à la tentation de la facilité. La facilité veut dire le recours à des pratiques révolus afin de museler « les bouches bavardes » comme on disait et on faisait au Moyen-Âge.
À bon entendeur salut!