Antar face au Covid-19

Par Ali Bouzerda

Métaphore. Doué d’un courage à toute épreuve et d’une prodigieuse force, Antarah Ibn Chaddad al-Abssi, alias Antar, ce chevalier « invincible » apprend soudainement que sa cousine et bien-aimée Abla, a été mise en quarantaine à cause du Covid-19.

« 19 ou 1000, je les vaincrai tous », cria Antar sur un ton coléreux, tout en s’apprêtant à monter son cheval afin d’aller affronter l’ennemi.

« Antar, ménage ta monture et garde tes forces… Tu dois bien m’écouter », lui dit le berger qui a rapporté la mauvaise nouvelle.

« Non… tu ne sais pas qui je suis? », répondit le célèbre chevalier et poète arabe.

« Pardon… il semblerait que vous n’avez pas bien saisi seigneur … il ne s’agit pas de 19 hommes, il s’agit d’un virus mortel qui porte le nom de Covid-19 », expliqua calmement le berger.

« Avec mon glaive, je peux le réduire en miettes », annonça Antar avec fierté et détermination.

« Antar, avec tout le respect que je vous dois, personne ne peut le vaincre face à face ni à découvert », souligna le berger dans une ultime tentative de persuader le courageux guerrier de s’approcher du lieu de la quarantaine où est confinée la charmante Abla.

« Pourquoi… qu’est-ce qu’il a de si spécial ce con 19? », s’interrogea Antar.

« C’est simple: il est invisible… sans pitié, il tue ses victimes par suffocation et fait des ravages dans leur entourage », avertit le berger, avant d’ajouter : « Si tu veux revoir ta bien-aimée, rentre dare-dare chez et mets-toi en quarantaine car je crains que ni ton sabre et moins encore ta bravoure ne peuvent te sauver de cette épidémie qui nous est tombée dessus ».

Après une courte hésitation, Antar se rendit à l’évidence, enfourcha sa monture et rentra à la maison déchiré entre les obligations du confinement et la souffrance de la séparation d’Abla dont il est follement amoureux.

Dans ce conte satirique inspiré par un sketch videotaped maghrébin, ce que le berger a omit de dire à Antar, c’est de porter le masque sanitaire s’il voulait un jour sortir de chez lui pour une urgence…

Au Maroc, on n’a pas omis de parler du masque, au contraire. De nombreux intervenants sur les JT des chaînes nationales ont abreuvé le public avec leur théories sur « l’inutilité » de porter le masque dans les lieux publics…

Mais ce lundi 6 avril 2020, les experts du secteur de la Santé se sont enfin rendu à l’évidence que ce « bout de tissu » était vital et salvateur par les temps qui courent.

Quoiqu’il en soit, c’est une décision clairvoyante et il n’est jamais trop tard de bien faire, dit-on.

Pour rappel, les pays comme la Corée du Sud, la Chine, Taiwan et Hong Kong, où le port du masque est obligatoire, ont réussi à émerger de la crise plus vite que les pays européens comme l’Italie, la France et l’Espagne (avec sa tragédie, l’Amérique de Trump est un cas à part) qui ont tardé à se rendre à l’évidence.

Reste maintenant à sensibiliser la population au port du masque et à le mettre gratuitement à la disposition des couches les plus démunies.

A bon entendeur salut!

Article19.ma