Finances – Des activistes demandent « un budget spécial » pour la mise en œuvre officielle de la langue amazighe

Une demande légitime. Le congrès mondial amazigh a indiqué qu’il a saisi, pour la troisième année consécutive, par écrit les parlementaires pour qu’ils fassent pression sur le gouvernement en vue d’inclure un budget spécial dans le projet de loi de finances 2020 pour la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe dans les secteurs de l’éducation, des médias et dans tous les aspects de la vie publique, comme le stipule la constitution de 2011.

Cette démarche, explique l’ONG dans un communiqué relayé par Hespress, coïncide avec l’entrée en vigueur de la loi organique n° 26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique après sa publication au bulletin officiel n° 6816 du 26 septembre dernier.

Dans sa lettre aux parlementaires, l’organisation a attiré l’attention sur la situation déplorable que connaît la mise en oeuvre de l’officialisation de la langue amazighe dans les institutions et les administrations publiques, une situation qui s’aggrave d’un gouvernement à l’autre en raison de nombreux obstacles dus à la présence de résistances politiques et administratives.

Selon l’organisation, un des résultats de cette résistance est l’abandon du projet visant à inclure l’Amazigh dans le système éducatif national et les opérations d’alphabétisation à cause d’une série de mesures comme le retrait de l’enseignement de la langue amazighe aux enseignants spécialisés en leur demandant d’enseigner d’autres langues telles que l’arabe et le français.

Le congrès mondial amazigh souligne, par ailleurs, dans sa lettre au chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, et au ministre de l’éducation nationale, Saïd Amzazi, que « le dossier de l’enseignement de l’Amazighe connaît un recul et a besoin de décisions politiques audacieuses pour sauver l’Amazighe et l’intégrer dans l’éducation et dans les domaines prioritaires de la vie publique, afin qu’elle puisse remplir sa mission à l’avenir en tant que langue officielle de l’État ».

+ Evaluer la mise en oeuvre du caractère officiel de l’Amazighe +

A cet effet, l’ONG demande la création d’un budget pour l’Amazighe dans le projet de loi de finances 2020, considérant que la loi organique publiée au Bulletin officiel stipule que les secteurs ministériels, les collectivités territoriales et les institutions publiques et constitutionnelles sont tenus d’élaborer des plans d’action définissant les modalités et les étapes de l’intégration progressive de l’Amazighe dans leurs champs d’activité au plus tard six mois après la date de la publication de la loi organique au Bulletin officiel.

« En l’absence de toute volonté du gouvernement de rendre justice à l’Amazighe, et dans le cadre de vos compétences juridiques, politiques et institutionnelles, ainsi que de vos pouvoirs législatifs en tant que parlementaires, nous vous demandons de faire pression sur le gouvernement pour qu’il inclue un budget spécial dans son projet de lois de finances 2020, afin d’inclure l’Amazighe dans les secteurs de l’éducation et des médias et dans tous les aspects de la vie publique, comme indiqué dans la loi organique publiée au Bulletin officiel », a écrit le Congrès dans sa lettre aux députés et aux conseillers.

A cet égard, le congrès mondial amazigh a rappelé que, lors de sa visite au Maroc, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, Tendayi Achiume, a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur des efforts déployés pour l’enseignement de l’Amazighe, appelant l’État marocain à augmenter le nombre des cadres éducatifs spécialisés et à l’amélioration de la qualité de l’enseignement de l’Amazighe et à sa généralisation à tous les niveaux et dans tous les établissements.

Le congrès a également appelé Saad Eddine El Othmani à « initier la création d’une commission ministérielle permanente auprès du chef du gouvernement qui sera chargée de suivre et d’évaluer la mise en oeuvre du caractère officiel de l’Amazighe, comme le stipule la loi organique ».

L’ONG a, en outre, rappelé que, dans son dernier rapport, les Nations Unies ont souligné que « des efforts doivent être intensifiés pour faire en sorte que les Amazighs ne soient pas victimes de discrimination raciale dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne l’éducation, l’accès à la justice, l’accès à l’emploi et aux services de santé, le droit à la propriété, à la liberté d’opinion, d’expression, de rassemblement pacifique et d’association ».

Article19.ma