Une affaire liée au terrorisme. Le procès en appel des accusés dans le meurtre des deux touristes scandinaves dans la région d’Imlil s’est poursuivi, mercredi, devant la chambre criminelle (2ème degré) chargée des affaires du terrorisme près la Cour d’appel de Salé, par l’audition du chef de la cellule terroriste Abdessamad El Joud, Youness Ouziad et Rachid Afati, qui sont les principaux mis en en cause dans cette affaire.
Pour rappel, deux touristes, Louisa Vesterger Jespersen, une danoise de 24 ans, et Maren Uelan, une norvégienne de 28 ans, ont été assassinées en décembre dernier dans une région montagneuse dans la région de Marrakech.
El Joud, qui est considéré comme le chef de la cellule, a comparu en djellaba blanc en compagnie de Youness Ouziad et Rachid Afati, tandis que l’accusé suisse Kevin Zoller en vêtements d’été était assis à côté d’un interprète traducteur.
Vingt-quatre accusés, âgés de 20 à 51 ans, ont comparu dans le cadre de cette affaire devant la Cour pour des chefs d’accusation allant du « meurtre avec préméditation » pour les trois principaux accusés, à « constitution d’une cellule terroriste », « apologie du terrorisme » et « non dénonciation d’un crime » pour les autres mis en cause.
Selon Hespress, El Joud a reconnu devant la cour toutes les charges retenues contre lui, affirmant qu’il assume la responsable de tout ce qui s’était passé avec ses compagnons Youness Ouziad, Rachid Afati et Abderrahim Khayali mais qu’il ne connaît pas les autres accusés.
« Quatre gars ont tout fait: Youness, Rachid, Abderrahmane… Ce dernier a eu peur et a rebroussé chemin au dernier moment …Les autres gars je ne les connais pas. Il y en a qui travaillent avec moi et il y en a qui sont fâchés avec moi… », a dit El Joud.
Le principal accusé, qui a exprimé ses « profonds remords » pour l’assassinat des deux touristes, a ajouté : « Nous nous réunissions tous les trois (Ouziad et Afati) et nous discutions des questions de l’Islam et du moyen d’émigrer vers l’Etat islamique ». Et de souligner que lorsqu’ils étaient empêchés d’émigrer, ils ont pensé à se venger.
El Joud a également révélé qu’il regardait des vidéos de l’Etat islamique et celles montrant des musulmans tués par des chrétiens, ce qui l’a poussé à vouloir se venger.
« Nous avons vu aux informations à la télévision comment les chrétiens piétinent les femmes musulmanes et les bombardent avec des produits chimiques, gaz et de barils d’explosifs », a-t-il souligné avant de préciser : « nous avons essayé de nous rendre en Syrie pour aider nos frères musulmans ».
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Il a également soutenu qu’il a était devenu convaincu par l’idéologie jihadiste après le déclenchement de la révolution en Syrie et qu’il a été influencé par « les cheikhs qui appellaient au djihad et à l’établissement de l’Etat de l’Islam dans le but de mettre en œuvre la loi de Dieu ».
El Joud a, en outre, admis qu’il avait essayé de fabriquer des armes et des poisons, mais que toutes ses tentatives avaient échoué, tout comme il avait prévu d’attaquer des brigades de la police et des casernes avant de revenir sur sa décision.
Quant à sa relation avec le suisse Kevin, El Joud a déclaré avoir fait sa connaissance par l’intermédiaire d’un autre ami. « Je n’avais aucune relation solide avec lui parce que je ne parle pas français », a-t-il affirmé.
Il a, par ailleurs, reconnu que le poignard qu’il a utilisé pour tuer les deux victimes lui appartenait et qu’il l’avait chez-lui.
En réponse au juge qui lui a demandé: « Qui était El Joud? », il a indiqué qu’il était « un homme ordinaire et un musulman qui a épousé le véritable islam après avoir désavoué Maghraoui (un cheikh propriétaire d’écoles coraniques à Marrakech) ».
Il a ajouté que « Maghraoui a changé lorsqu’il a commencé à nous appeler au jihad de l’intérieur des institutions et à voter pour un certain parti politique. C’est pourquoi j’ai pensé à le tuer car il répétait sans cesse qu’il n’y a pas de Jihad « , assurant que « Maghraoui soutenait les partis et a appelé à voter pour la constitution et à soutenir le Parti justice et développement ».
El Joud a toutefois refusé de demander le pardon aux familles des deux victimes, implorant Dieu de le pardonner, lui et ses compagnons. Il a estimé que « c’est à l’Occident de s’excuser avant qu’il le fasse lui aux familles des victimes ».
Les 24 accusés sont notamment poursuivis pour “constitution d’une bande en vue de préparer et commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à la sûreté de l’État, l’aide préméditée à des auteurs d’actes terroristes, l’entraînement de personnes en vue de rejoindre une organisation terroriste et apologie du terrorisme”.
Article19.ma