Détrompez-vous monsieur Benkirane, le croissant de la défaite sera amer en 2021

Par Noury Adib

Abdelilah Benkirane, l’ex-chef du gouvernement, qui nous a habitués à ses frasques retentissantes, et démontré, à plusieurs reprises, qu’il n’aura, malheureusement, jamais l’étoffe de l’homme d’Etat qu’il se croit être, en raison des innombrables tares intrinsèques à sa personnalité, dont particulièrement sa langue bien déliée et délurée, vient de nous régaler, une nouvelle fois, d’une sortie dans laquelle il allie le mensonge, la supercherie et le ridicule.

Cet homme, qui prétend n’avoir dépensé que 50 dirhams lors d’une campagne électorale qui l’avait mené à la Chambre des députés, se trahit et prouve qu’il dispose de l’âge mental d’un écolier en affirmant à qui veut le croire, et Dieu sait qu’il est difficile de donner foi à ce genre de délire, qu’avec 50 dirhams il avait offert des croissants aux « Frères » du parti dans une laiterie (mahlaba) sans pour autant nous enseigner sur ce que ses invités avaient commandé comme boissons accompagnant le croissant. Ils se seraient certainement contentés de verres de Lben, vu la modique somme dépensée !

Allons, monsieur Benkirane, soyez sérieux et « revenez à Dieu » et à la réalité. Vous ne vous rendez pas compte que vos propos insultent l’intelligence des Marocains, qui, tout en sachant que vous leur mentez effrontément, se sentent profondément méprisés par vos moqueries, car vous les prenez pour des imbéciles, incapables de faire la part des choses.

Que vous soyez « avare », comme vous le reconnaissez, ne vous autorise pas à vous méprendre de vos militants et, à travers eux, de tous les Marocains, dont ceux qui avaient placé leur confiance en vous et qui se sentent maintenant profondément déçus par vos promesses trompeuses.

Le radin, monsieur Benkirane, ne dilapide pas facilement une fortune consistante amassée tout au long d’une législature à la tête du gouvernement avec tout ce que cela suppose en émoluments, primes, avantages et privilèges, sans oublier vos longues années de députation et vos activités commerciales, personnelles et familiales.

L’avare, qui réserve « le dirham blanc pour le jour noir », ne se plaint pas publiquement, et indignement, et prétend qu’il se trouve dans une situation financière inconfortable qui sera définitivement résolue par la noblesse du geste royal vous accordant une généreuse pension complémentaire s’ajoutant à celle(s) que vous touchez déjà.

Au lieu de consacrer, comme vous ne cessiez de nous le répéter, ce qui vous reste comme années à vivre, à rendre grâce à Dieu, qui a fait de vous ce que vous n’en avait jamais rêvé devenir, pour des raisons que Lui Seul en détient le secret, vous voilà de retour, dans nos airs pollués par les émanations de vos propos insincères, chevauchant le balai de Befana, ce personnage romain de l’épiphanie, qui transporte dans son sac des bombons pour les militants de son parti et du charbon pour ses adversaires.

Vos sorties, monsieur Benkirane dérangent par leur nuisance politique aussi bien le gouvernement que mène votre camarade et frère-ennemi du parti que vous-même en continuant à vous autoflageller par votre charlatanisme et à vous jeter en pâture aux railleries comme si vous étiez un comique que le public s’échange le dernier canular sur les réseaux sociaux.

Habitué à sauter du coq à l’âne, vous passez de la viennoiserie de la mahlaba à la politique faisant preuve d’une ignorance pitoyable de ses béabas. Vous commencez d’abord par vous attaquer au président du Rassemblement national des indépendants pour vous fourvoyer dans le marécage de la laïcité donnant l’impression que Aziz Akhenouch appelle à la séparation des pouvoirs politique et administratif de l’Etat du pouvoir religieux. Ce qui est complètement faux.

Dans votre longue homélie, parce que vous vous considérez comme le pape de l’islamisme, prononcée Urbi et Orbi, devant vos ouailles de Beni-Mellal et diffusée sur Facebook,  vous vous êtes pris pour Don Quichotte voyant en tout moulin à vent un homme politique incarnant le mal, troublé en cela par une paranoïa politique consistant à considérer que la laïcité est une menace sérieuse pour la monarchie.

Non monsieur Benkirane, le grand danger qui guette la monarchie, ne plut à Dieu, et la stabilité du pays ce sont les desseins occultes de l’islamisme politique et la politique du profil bas adaptées par les marchands de la religion croyant qu’une fois les rapports de force à leur avantage, il leur sera possible de  renverser la table et prétendre que l’islam, le leur bien entendu, ne reconnait pas la monarchie. Les écrits de Hassan Al Banna et Saed Qotb, vos idéologues et inspirateurs, sont sans équivoques à ce sujet.

Vous essayez, dans votre dernière sortie, de vous faire passer pour le rempart de la monarchie contre les dangers supposés qu’elle encoure de la part d’une laïcité somme toute marginale voire inexistante.

Non, monsieur notre Don Quichotte national, je n’oublierai jamais le jour ou vous avez publiquement déclaré que « le roi n’est pas sacré » sur un temps de menace. J’eus peur, très peur. Vous étiez Chef de gouvernement et les dernières législatives s’approchaient. Vous aviez ouvertement mis en garde une partie, que vous seul aviez à l’esprit, contre le recours à la violence en cas de falsification du scrutin, vous prévalant d’Ibn Taimya qui préconise « le Jihad contre les mécréants » qui deviennent, de fait, tous vos adversaires politiques. Vous étiez relayé en cela par votre apôtre, la sulfureuse « Amina Maelaïnine », passionnée par les Don Quichote au point de se rendre lors de ses vacances d’été en pèlerinage au Moulin Rouge de Paris, leur lieu culte…enfilant un jean serré, bras et cheveux découverts…

Lors de sa conférence de presse, à l’annonce des résultats du scrutin, le ministre de l’Intérieur de l’époque vous a recadré en vous conseillant d’essayer de vous défaire de la suspicion systématique.

Quand vous divulguez, comme un « hlaiki », ce qui s’est passé entre vous et le souverain au sujet de sa générosité envers vous lors des Omra et autre voyages, vous le faites avec une vilaine sournoiserie…

Vous semblez ignorer monsieur Benkirane que c’est le peuple marocain qui a choisi la monarchie comme système politique et ce depuis le 8e siècle en intronisant Moulay Idriss, un refugié politique, un descendant du prophète opposé aux Abbassides.

Depuis lors, la monarchie est pour les Marocains le seul et unique mode de gouvernance qui leur sied. Vous devez avoir à l’esprit que, lors de leur révolte contre le colonisateur, les Marocains réclamaient le retour de feu Mohamed V avant même l’indépendance.

Dans les écoles supérieures de journalisme, les vraies écoles, on enseigne une matière intitulée « l’analyse du contenu ». Elle apprend aux futurs faiseurs d’opinion que pour séparer le bon grain de l’ivraie, et pour comprendre le non-dit dans le dit, il faut soumettre la déclaration ou le texte à une autopsie.

Vous vouliez certainement insinuer à travers votre métaphore que les élections législatives étaient tellement faciles à remporter qu’elles ressemblaient à un croissant… C’était possible ! Avant que les Marocains ne vous pratiquent. Maintenant qu’ils savent ce que vous valez, vous et votre parti et l’idéologie qui l’anime, vous allez être grandement surpris par le camouflet qu’ils vous infligeront en 2021.

Eh oui, monsieur Benkirane, tous les indices s’accordent à le prévoir : Vous allez perdre les prochaines élections et vous aurez été, dans l’histoire du Maroc, une simple et triste parenthèse. On parie un croissant ?

Article19.ma

2 Commentaires

  1. C’est pas parce que vous ne le voulez pas, le peuple marocain ne le veut pas!
    Il y’a assez de place pour toutes les orientations et les caractères dans la politique Marocaine et Benkiki est unique dans son genre!
    Sur cet article il s’agit d’une attaque impartiale du Journaliste Noury Adib, qui nous donne son avis personnel. Est ce le sens du journalisme? je me pose des questions.

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