Actualité – RSF titre son rapport 2019 « la mécanique de la peur » pour décrire l’état de la liberté de la presse à travers le monde

Un rapport qui tire la sonnette d’alarme sur la dégradation de la liberté de la presse un peu partout, à quelques exceptions près . Et pour cause, l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), rendu public jeudi, montre que la haine des journalistes a dégénéré en violence, laquelle est « facteur d’une montée de la peur ».

Le nombre de pays considérés comme sûrs, où les journalistes peuvent exercer leur métier en toute sécurité, continue de se réduire, tandis que « les régimes autoritaires renforcent leur emprise sur les médias », affirme RSF dans son rapport qu’on peut consulter sur https://rsf.org/fr.

+ Jamais les journalistes américains n’avaient fait l’objet d’autant de menaces de mort +

Les États-Unis (48e), où un climat toujours plus hostile s’est installé au-delà des propos de Donald Trump, perdent trois places en 2019 et « basculent dans la zone orange », ce qui signale une situation problématique, avertit RSWf.

Et d’ajouter : « Jamais les journalistes américains n’avaient fait l’objet d’autant de menaces de mort. Ils n’avaient jamais non plus autant sollicité d’entreprises privées pour assurer leur sécurité ».

La détestation des médias est telle que, dans le Maryland, un homme a délibérément ouvert le feu dans la rédaction du quotidien local d’Annapolis, The Capital Gazette, faisant cinq morts. Avant de passer à l’acte, le tueur avait abondamment partagé sa haine du journal sur les réseaux sociaux, relève le rapport de RSF.

La traque des journalistes qui gênent les pouvoirs en place semble ne plus avoir de limite. Le meurtre sordide de l’éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi, commis de sang-froid au sein du consulat en Turquie en octobre dernier, a envoyé un message glaçant aux journalistes bien au-delà des frontières du seul royaume d’Arabie saoudite (172e, -3). Par peur pour leur vie, nombre de journalistes de la région pratiquent l’autocensure ou ont tout simplement cessé d’écrire, explique RSF.

+ L’Iran est l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde +

En dépit d’une dégradation moins importante cette année de son indice régional, la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord « reste celle où il est le plus difficile et le plus dangereux pour les journalistes d’exercer leur profession », souligne la même source.

Même si le nombre de journalistes tués en 2018 en Syrie (174e, +3) a légèrement diminué, le pays, tout comme le Yémen (168e, -1) reste extrêmement dangereux pour eux.

Au-delà des guerres et des crises profondes comme en Libye (162e), un autre grand danger plane sur les journalistes de la région : l’arrestation arbitraire et l’emprisonnement. « L’Iran (170e, -6) est l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde », s’indigne RSF,

« Des dizaines d’entre eux croupissent également derrière les barreaux en Arabie saoudite, en Égypte (163e, -2) et au Bahreïn (167e, -1) sans forcément avoir été jugés. Et quand ils le sont, comme au Maroc (135e), ils sont confrontés à des procédures interminables », note RSF.

Dans ce sombre tableau, seule la Tunisie fait figure d’exception (72e, +25) et enregistre une baisse notable du nombre d’exactions, ajoute cette ONG basée à Lyon en France.

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