Le procès d’Oskar Gröning, le « dernier nazi », a été le théâtre d’un moment pour le moins inattendu: une poignée de main et un échange courtois entre l’ex-SS et l’une des rescapées du camp d’extermination Auschwitz…
Eva Kor a survécu à l’Holocauste. Déportée à Auschwitz sous le régime nazi lors de la Seconde Guerre mondiale, la Roumaine âgée de 81 ans vit aujourd’hui aux Etats-Unis. Malgré la distance, elle a tenu à traverser l’Atlantique pour assister en personne au procès d’Oskar Gröning, ancien comptable du camp d’extermination.
Poignée de main historique
Contre toute attente, la victime a décidé de pardonner son « bourreau » et s’est dirigée vers lui pour une poignée de main à la fois étonnante et historique. Un geste fort partagé par Eva Kor sur Twitter et rapidement relayé par la presse internationale (voir ci-contre): « Je partage avec vous ma rencontre avec Oskar Gröning, l’ancien SS. Deux vieilles personnes qui se tendent la main ». Le vieil homme se serait alors évanoui sous le coup de l’émotion (cf tweet ci-contre)…
Satisfaction
La victime de la barbarie nazie a déclaré être satisfaite de voir Gröning « assumer sa part de responsabilité » et rejette l’idée d’une poursuite pénale contre lui. Mais sa position et ses actes ne plaisent pas à tout le monde au sein de la communauté juive, parmi les derniers survivants de l’Holocauste, relaie l’Obs. D’aucuns lui reprochent en effet sa propension à se mettre en scène.
Point de vue
Eva Kor a justifié son geste par cette déclaration publiée sur la plateforme Quora (traduction: Slate):
« Au début, quand j’ai discuté avec mon avocat, je ne voulais vraiment pas être impliquée dans des poursuites contre un nazi, car j’ai pardonné aux nazis […] L’objectif le plus important de ce procès, de mon point de vue, n’est pas de lui dire ce que je pense, mais d’apprendre aux jeunes néonazis qu’Auschwitz a existé […] Je dois reconnaître que Gröning, au moins, a fait un effort. Je ne pense pas que cela en fasse un héros, mais au moins, il était prêt à l’admettre devant un tribunal […] Je ne m’autoriserai pas à haïr. Je pense que la haine détruit la personne qui l’éprouve davantage que la personne qui la subit […] Si j’étais le juge, je le condamnerais à donner des conférences aux jeunes dans toute l’Allemagne sur la nature maléfique de l’idéologie nazie. »
7sur7.be/Article19.ma