Par Ali Bouzerda
Une nouvelle fois, c’est le petit pays du Jasmin qui nous inspire en défiant le richissime et arrogant prince controversé Mohamed Ben Salmane (MBS), alias « Al-Manchar » (La Scie). A cette occasion, il faut saluer le courage du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) qui a lancé un appel au boycott de sa visite en Tunisie.
Une visite qui ne trompe personne car elle intervient dans un contexte international très délicat et une conjoncture où l’image du prince et de son entourage est au plus bas; d’où l’idée de redorer son blason en entamant un long périple de six pays arabes, en passant par l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie et la Mauritanie.
Heureusement pour nous autres journalistes au Maroc, MBS a préféré passer sans transition chez nos voisins de l’Est et du Sud, et tant mieux d’ailleurs. Et si à Tunis, la SNJT a lancé un appel à la mobilisation et au boycott de la visite officielle mardi de MBS, à Rabat, notre Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a opté pour un mutisme « assourdissant ». Et ce n’est nullement une exception.
En Tunisie, la SNJT a décrit le prince MBS de : « Véritable ennemi de la liberté d’expression », dans une allusion à l’assassinat à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, alors que chez nous le SNPM a plutôt observé un véritable « silence des agneaux ».
A Tunis, les journalistes ont accroché un large poster à l’entrée des locaux du SNJT où on découvre un bédouin en tenue wahhabite muni d’une scie électrique. En bref, pas besoin d’être expert en sémiologie pour comprendre le message. Et afin d’être plus clair, ils ont mis la légende suivante bien souligner la fierté du pays du martyre Bouazizi : « Non à la profanation de la Tunisie, terre de la Révolution ».
Tout a été dit ou presque, mais chez nous, le binôme inséparable et indéboulonnable qui dirige le SNPM depuis 25 ans avec des méthodes peu orthodoxes, réfléchit depuis des semaines comment éviter toute confrontation avec « les frères Arabes » et surtout afin de ne pas blesser leur « amour propre ».
Et quand, les deux chefs parlent des fameux « frères Arabes », c’est à leur générosité qu’ils font allusion sans nul doute. Et pour ne pas verser dans la diffamation, il est à rappeler que « ces chez gens là », on ne rate jamais un voyage dans le Golfe pour assister aux activités dites « journalistiques » de l’Union des journalistes arabes. Des activités et des PR financées rubis sur l’ongle par qui on sait…
Bref, chez nos frères Tunisiens il y a des questions de principe, qui même à la veille du Printemps Arabe, le SNJT s’est élevé avec bravoure contre les méthodes policière de Ben Ali. Le régime dictatorial de cette triste époque a tenté de briser la résistance et l’indépendance des journalistes contestataires en créant un nouveau syndicat concurrent mais sans colonne vertébrale.
Et ironie de l’histoire, qui s’est envolé le 9 janvier 2010 pour assister à la naissance de ce « nouveau-né » syndical bâtard de Ben Ali? Réponse: le binôme du SNPM de Rabat, Younes Moujahid et Abdallah Bekkali. Ces deux Messieurs, toujours les mêmes qu’on retrouve actuellement à vouloir jouer « les sages » à la tête du Conseil National de la Presse. Kafka doit se retourner dans sa tombe de honte!
In fine : « Pas de vagues… », serait-ce le mot d’ordre du Makhzen par les temps qui courent?